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samedi 19 octobre 2019

Une musulmane sur trois est voilée en France, révèle Castaner

"30% des femmes musulmanes portent le voile" en France ?

L'exécutif dispose de plus de statistiques qu'il ne veut bien le dire
La loi du 11 octobre 2010 interdit la dissimulation du visage

Elles sont voilées pour passer inaperçue en milieu européen : une gageure ! 
Et pour ne pas exciter la concupiscence des hommes, tous lubriques: sexisme ?

Lors de l’émission 'Vous avez la parole' sur France 2, diffusée jeudi soirChristophe Castaner et l’ancienne journaliste de Charlie Hebdo Zineb El Rhazoui ont estimé qu'en France "à peu près 30% des femmes musulmanes décident de porter le voile". Mais le décident-elles ? Et librement ? 
Au delà de cette nuance importante, ce taux grandissant correspond à celui calculé par l'Institut Montaigne dans un rapport datant de 2016. "Je pense qu’aujourd’hui il y a, à peu près, 30% des femmes musulmanes qui décident de porter le voile." 
On observe que les plus âgées d'entre elles, qu'on a pu côtoyer habillées à l'européenne, se sont alignées sur la tendance actuelle, plus rigoriste. Toujours librement...

Ce même chiffre a été repris par Marlène Schiappa, la ministre secrétaire d'Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes (dans l'ordre d'égalité!) et de la lutte contre les discriminations, le 18 octobre sur LCI. "Il peut y avoir plusieurs sens. Ça peut être la manifestation d'une foi : il a été rappelé hier que ça concerne environ 30% des femmes musulmanes en France. Ça peut aussi avoir un sens lié à de l'islam politique", a-t-elle explicité.

Transparents à l'instar des journalistes, ces acteurs politiques ne citent pas leur source
C'était ça ou le pantalon. Mais ça ne suffit plus...
Mais ce pourcentage de femmes voilées en France est connu pour être celui du rapport 'Un islam français est possible', rendu par un ancien de la banque Rothschild, le géographe et ex-président de l’Institut des cultures d’islam, Hakim El Karoui (Young Mediterranean Leaders) et publié par l’Institut Montaigne, en partenariat avec l’institut de sondage Ifop et affichée en Une du JDD, il y a déjà trois ans, en septembre 2016, et correspondant à la période d'étude datant de quatre. A l'époque, la presse intéressée à l'opacité de l'information s'inquiéta de que cette publication - qui se voulait un moyen de "se préparer à répondre aux polémiques venues de tous les camps tant cette question est sensible, complexe et sujette à manipulation en ces temps de campagne électorale" pour "construire un islam français", selon l’auteur de l’enquête, - puisse au final fournir les armes d'une relance des débats sur les statistiques basées sur la religion, et risquer de stigmatiser une population, à contresens des ambitions affichées par l’étude. Depuis quatre ans, la montée de l'islamisation en France a rendu cette étude obsolète : elle sert encore de base toutefois à la contradiction de la gauche qui tente de minimiser les chiffres et de banaliser le phénomène. 

Après avoir interrogé (aidé par l’Ifop) un échantillon de 499 femmes "de culture musulmane" (c’est-à-dire des femmes se déclarant musulmanes ou qui ne se déclarent pas comme telles, mais dont l’un des parents au moins est musulman), le think tank notait que "la pratique sociale la plus répandue reste le non-port du voile. Ainsi, les deux tiers des femmes de culture musulmane déclarent ne pas porter le voile. 57% déclarent ne l’avoir jamais porté et 8% déclarent l’avoir déjà porté, mais ne plus le faire aujourd’hui". 
L’étude détaillait ensuite les 35% de femmes qui déclarent porter le voile de manière constante ou épisodique : "23% des femmes déclarent "toujours" porter le voile ; 7 % déclarent le porter sauf sur le lieu de travail ou d’étude ; 5% déclarent le porter "rarement"."

En septembre 2016, Libération pointait "une enquête 'pionnière' mais limitée" 
Cette enquête visait à "mieux connaître les musulmans", "afin d’être à même ensuite de proposer des solutions susceptibles d’accélérer la sereine insertion de la majorité silencieuse, mais aussi des mesures destinées à combattre le fondamentalisme, tout en ramenant le plus grand nombre possible de musulmans tentés par l’intégrisme vers des croyances et des idées en phase avec les valeurs républicaines." Que disait cette l’enquête qui préoccupait la gauche ? 

Selon l’Institut Montaigne, les musulmans comptent pour 5,6% des habitants de... métropole. Soit un pourcentage "moins important que ne l’avancent bon nombre de chiffres fantaisistes", souligne Hakim El Karoui qui détourne les yeux des Françaises de l'Outre-Mer... Ce chiffre grimpe à 10% dans la catégorie des moins de 25 ans. Signe, selon le think tank, de "la prégnance croissante de la seconde religion du pays auprès des jeunes générations". Autre information sur le profil démographique des personnes se déclarant musulmanes : elles ont en grande majorité (72%) deux parents également musulmans. La transmission religieuse familiale joue donc fortement, là où les conversions restent minoritaires (ils sont néanmoins 7,5% à n’avoir aucun parent musulman). Autres enseignements : trois musulmans sur quatre sont Français (dont 50% de naissance). 30% ne fréquentent jamais la mosquée et 60% ont "un rapport distancié ou inexistant aux lieux de culte".

Résultat de recherche d'images pour "femmes voilees en France"En déclarant qu’en France, "à peu près 30% des femmes musulmanes décident de porter le voile", le ministre de l’Intérieur reste dans l’ordre de grandeur des estimations de l’Institut Montaigne, une étude critiquée pour sa méthodologie.

Si les résultats de l’étude de l’Institut Montaigne ont été largement diffusés par les media et les personnalités politiques, la gauche la dénonce, notamment sur le terrain de la méthodologie. Dans une tribune parue dans... Le Monde, le socio-démographe et directeur de recherche à l’Institut national d’études démographiques (Ined) Patrick Simon -co-coordinateur d'une enquête centrée sur les processus  de discrimination des immigrés et de leurs descendants en France - considérait l’étude comme "entachée d’approximations et d’opacité méthodologique", car "pour identifier les personnes musulmanes, l’Ifop a exploité un panel de 15.459 personnes où la question de la religion est posée pour tirer un échantillon de 874 musulmans et 155 personnes "de culture musulmane". Il contestait aussi la prise en compte des 155 non-musulmans issus de familles musulmanes. Une intégration pourtant susceptible d'abaisser les taux. L'Institut Montaigne consacrait un graphique à ces 155 personnes de culture musulmane qui ne se définissent donc pas comme musulmanes. Parmi ces 155 personnes dont au moins un parent est musulman, 10% avaient un "profil religieux" de "sans religion", 3,4% de "chrétien" et 84,9% de "musulman". Soit des personnes qui ne revendiquent pas comme étant musulmans, mais qui ont un profil religieux de musulmans. Difficile à comprendre de ceux et celles que l'intégration des Français de milieu musulman dérange.

Résultat de recherche d'images pour "manifestation musulmanes contre education sexuelle ecole"
Quand les petites musulmanes sont
retirées de l'école de la République
Un autre reproche formulé ["Les musulmans imaginaires de l’Institut Montaigne", dans Mediapart, ce qui semble un détail subalterne à Libération] par la militante féministe (revendiquée, ce que Libération occulte) antiraciste Mélusine 2 était celui de la représentativité. Son avis partisan ne vaut que pour information, en terme de pluralisme, mais sujet à caution du fait de ses partis-pris. Ainsi, bizarrement, les minorités ne la concernent pas ici. Selon elle, donc, si les 15.459 personnes sont bien représentatives de la société française, qu’en est-il des 874 musulmans ? Dans une note de blog, elle estimait que "rien n’assure que ce sous-échantillon [comme on parle de "sous-chiens" (souchiens)], extrait d’un échantillon plus grand réalisé par la méthode des quotas, soit lui-même représentatif de la population qui intéresse les auteurs du rapport – c’est-à-dire des musulmans de quinze ans et plus vivant en France". L'enquête ne le prétend pas : elle intègre tous les cas de figure, sans discriminations, quand notre féministe antiraciste choisie par Libération tendrait à faire croire que les femmes voilées dans notre paysage quotidien serait un mirage dans le désert... 

L’auteur distingue "deux réalités très différentes"
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"Une majorité silencieuse, très souvent pratiquante mais sans conflit majeur avec les normes de la société française, d’une part ; une minorité, attirée par le fondamentalisme, qui utilise l’islam pour dire sa révolte, d’autre part." Si ce n'est son objectif de prise du pouvoir, comme l'indique l'apparition de listes communautaristes aux municipales de mars 2020, après l'infiltration du tissu associatif, suivie de la création d'un réseau d'associations musulmanes. 
Mais, entre les deux, les chiffres mettent surtout en lumière une grande diversité de situations, notamment sur la question du port du voile (du foulard au niqab) : 65% des hommes musulmans – de religion ou de culture – se déclarent favorables au fait de le porter. 24% se disent également favorables au principe du port du voile intégral, même le niqab, le plus couvrant : il ne laisse apparaître que le regard. 

Le port du voile n'est qu'un indicateur parmi d'autres. 
Les résultats montrent par ailleurs que les femmes - interrogées par téléphone entre le 13 avril au 23 mai 2016, dans leur milieu familial - y seraient plus attachées que les hommes : le port du voile est approuvé ou préconisé par trois hommes musulmans sur quatre : il n'est rejeté que par 26% des hommes et seulement par 18% des femmes. Rien d'étonnant donc à ce que l'institut Montaigne, Castaner et Schiappa s'accordent pour évaluer à 30% le nombre des musulmanes soumises à cette pratique. 
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Ce qui hérisse les féministes. Pourtant, approbation ne signifie pas nécessairement usage, puisque, précise l’enquête de 2016, "la pratique sociale la plus répandue reste le non-port du voile". Ainsi, il y a quatre ans, les deux tiers des femmes de culture musulmane déclaraient ne pas le porter. Et 57% ne l’avoir jamais porté. Même chose sur la question de la mixité : s’ils sont une écrasante majorité, plus de 92% de répondants (hommes et femmes confondus), à accepter de se faire soigner par un médecin de sexe opposé, 30%, en revanche, ne feraient pas la bise à une personne du sexe opposé et 33% refusent de se rendre dans une piscine mixte.

Qu'en est-il en 2019, quatre années plus tard ? 
A l'époque, le think tank admettait que "les enseignements qu’elle [l'enquête] indique reflètent un état de l’opinion à l’instant de sa réalisation et non pas une prédiction". 
Ensuite, la marge d’erreur moyenne est d’environ 3% pour un sondage effectué auprès d’un échantillon de 1.000 personnes. Elle s’élève même à entre 6 et 8% pour l’analyse d’un sous-groupe de ce même échantillon. L’écart peut donc être significatif. Ainsi quand l’enquête établit que 28% des femmes musulmanes – de religion ou de culture — acceptent le voile intégral - signe d'une radicalisation affichée - ce chiffre peut en fait osciller entre 20% et 36%. D’où la prudence de l’Institut Montaigne qui évoque "une première analyse exploratoire (e "pionnière"), qui devra être précisée et affinée ultérieurement" et la possibilité forte que ces chiffres soient actuellement dépassés. 

D'où la montée au créneau de la gauche partisane du port du voile hors de la sphère publique

Les gauches internationaliste, communautariste et anarchiste ont aussitôt craint la récupération de ces informations pour combattre leurs idéologies. Plutôt que d'éclairer leur jugement, elles ont vilipendé cette enquête exploitée par des personnalités de droite également extrême  contre "l’islam politique". Le port du foulard est déjà un signe distinctif et discriminant la population majoritaire, mais le voile islamique est par essence anti-républicain, en ce qu'il est un choix du Coran et de la charia contre loi républicaine.

Des responsables  de droite ont pallié l'absence de vigilance de la gauche
Sur Europe 1, le candidat François Fillon a ainsi alerté "qu’un tiers des musulmans français sont radicalisés ou en voie de radicalisation, et que cela augmente"
Même mise en garde chez la députée FN Marion Maréchal-Le Pen, qui fait état du chiffre de "28% de radicaux", mais en gardant pour hypothèse (controversée: cf. ci-dessous) qu’il y aurait 6 millions de musulmans en France, alors que les données de l'enquête de 2016 adoptent une estimation basse de 3 millions - aujourd'hui encore plus invraisemblable -  de ceux de 15 ans et plus vivant en... Métropole.
La fourchette des estimations va en fait de 4,1 millions (selon l'Observatoire de la laïcité en 2019) à 8,4 millions de musulmans en France (estimation du professeur au Collège de France élu à la chaire 'Migrations et sociétés', François Héran, en 2017) en fonction des méthodes de calcul retenues pour les estimations. L'INED et l'Insee comptent  en outre 70.000 à 110.000 convertis.
Mayotte fait partie de la France et environ 95 % de la population mahoraise (260.000) est musulmane. Outre la centaine de musulmans antillais du Val-d'Oise où  l'AMA (Association Musulmane Antillaise) a son siège, la Martinique possède sa première mosquée depuis 2013 et la population de confession musulmane est estimée à près de 3.000). Pour certains, l’islam serait apparu sur l’île dans les années 70, mais d'autres sources affirment que les premiers musulmans martiniquais, arrivés dans les années 30, seraient Palestiniens pour la plupart. 


"28% de radicaux ? Si il y a 6 millions de musulmans en France cela fait 1,5 million !"



Image associéeL’étude de référence permet à certains un distinguo subtile (et hautement manipulateur) entre les "radicalisés" et musulmans ayant "des attitudes autoritaires" et les "sécessionnistes", lesquels useraient  l’islam pour "signifier leur révolte" dans l'islamisme politique et sa branche armée terroriste. On aurait de "gentils radicalisés" et de "méchants islamistes" que les fachos tenteraient d'amalgamer.

Libération interdit ainsi de soupçonner les premiers d'être des "terroristes potentiels". Qu'ont-ils fait de leurs chevaux de bataille, casaque rouge et toque noire, vigilance et prévention ?

"Une étude révèle qui ils sont, ce qu’ils pensent et comment ils vivent".
C'est en ces termes que Elodie Hervé - une voix autorisée ? - confie son malaise: selon cette journaliste indépendante, l'enquête contribue à présenter les musulmans comme des citoyens à part.
Les obscurantistes font le procès de la connaissance.

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