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mardi 15 octobre 2019

Polémique sur le voile à l'école : la gauche et la droite de LREM s'affrontent

"Jean-Michel Blanquer a demandé mon exclusion" de LREM, assure le député Aurélien Taché

Le coup monté de l'accompagnatrice de centre social met le feu au parti du président

Polémique sur le voile à l'école : "Jean-Michel Blanquer a demandé mon exclusion" de LREM, assure le député Aurélien Taché


Quand les opportunistes se révèlent ancrés dans leurs convictions, le parti d'accueil éclate.  Les ex-socialistes et les ex-UMP se retranchent sur leurs positions et les skuds pleuvent sur à leurs compagnons d'aventure.

Face aux critiques de l'ex-PS devenu député franc-tireur LREM, le ministre de l'Education nationale a saisi le médiateur de 'La République en marche', mardi. Dans un entretien avec Le Point, l'élu du Val-d'Oise fait en effet le procès à l'ex-UMP d'avoir offert matière à instrumentalisation par le Rassemblement national par ses propos sur le voile islamique.

Le parti de Macron apparaît plus que jamais fait de bric et de broc

Il a suffi d'une provocation par une mère de famille islamiste voilée dans l'enceinte du Conseil régional de Bourgogne-Franche Comté à Dijon pour faire éclater la façade consensuelle de LREM.
L'ancien militant de l'UNEF fait tant et plus que le ministre aurait saisi le médiateur de La République en marche.

Tout est parti d'un incident durant une séance au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, vendredi 11 octobre. Le conseiller régional Rassemblement national (RN) Julien Odoul a pris à partie une mère de famille voilée, qui accompagnait un groupe scolaire venu assister à l'assemblée plénière.

Interrogé sur l'incident, le ministre de l'Éducation nationale Jean-Michel Blanquer a "condamné" dimanche l'attitude de l'élu RN. "La règle était claire, il n'y avait pas d'interdiction de porter le voile dans ce conseil des jeunes, donc il n'y avait pas lieu de faire ça", a-t-il jugé sur BFMTV. En revanche, il a estimé que ce que le voile islamique "dit sur la condition féminine n'est pas conforme à nos valeurs", et que "le voile n'est pas souhaitable dans notre société".


Dans un entretien avec Le Point,
le député La République en marche Aurélien Taché a estimé que "les propos du ministre amènent de la confusion". L'élu du Val-d'Oise, issu de l'aile gauche du parti et réputé pour ses prises de positions détonantes, notamment sur la laïcité, a également déploré que le Rassemblement national puisse "récupérer les mots de Jean-Michel Blanquer".
Des déclarations qui n'ont pas manqué de faire réagir le ministre. M. Blanquer est ainsi "arrivé très en colère" au bureau exécutif de LREM lundi soir, rapporte l'AFP, "vexé et choqué" de cette interview. Le médiateur du parti a été saisi afin de permettre aux deux hommes d'avoir "un temps d'explication", a fait savoir à l'AFP le patron de LREM Stanislas Guerini, confirmant une information du Monde. Selon lui, "le rapprochement des propos indignes d'un élu RN avec ceux d'un ministre n'est pas conforme au respect de notre collectif."
Si M. Blanquer a participé à une partie du bureau exécutif lundi soir, M. Taché en était absent. Le ministre, qui a fait part en privé de ses griefs à M. Guerini, s'est fait représenter après son départ par l'eurodéputée Ilana Cicurel, déléguée à l'éducation. "Dire que les propos d'un ministre puissent être récupérés par le RN est extrêmement grave, on ne peut pas laisser passer cela", a-t-elle indiqué mardi à l'AFP, estimant que M. Taché "agit comme un franc-tireur qui donne une vision caricaturale".

"Les propos d'Aurélien Taché sont exaspérants", tonne un autre membre du bureau exécutif, quand un autre affirme à l'inverse que "ça hurle" à LREM "sur le positionnement de Blanquer et de certains députés de la majorité".

"Il faut être extrêmement prudent sur la question de l'islam".
Aurélien Taché risque-t-il l'exclusion ? Interrogé par Le Monde, le député, qui n'était pas présent au bureau exécutif lundi soir, le pense. "En gros, Jean-Michel Blanquer a demandé mon exclusion car la commission des conflits existe pour se prononcer sur des enjeux disciplinaires et d'appartenance au mouvement", regrette-t-il, en assumant "son désaccord" avec le ministre.

"Moi, la seule chose que je souligne, c'est qu'il faut être extrêmement prudent sur la question de l'islam pour ne pas stigmatiser les musulmans. Et qu'il faut donc, sur un sujet aussi sensible que le voile, s'en tenir à la loi et rien qu'à la loi." "Or, la loi est claire : le voile est interdit pour tout agent public mais est toléré pour les accompagnantes scolaires. Donc pourquoi rouvrir ce débat ?", demande l'élu du Val-d'Oise.


Nul n'a oublié que la présidente de l'UNEF est une convertie

Mélanie Luce, 22 ans, a la tchatche des filles des quartiers et a été élue présidente de l’UNEF en janvier dernier. Elle succède ainsi à Lilâ Le Bas, à la tête de l’Unef pendant deux ans et demi, avec la tâche délicate de redevenir la n°1 d’un syndicat étudiant qui, après avoir longtemps été "la première organisation étudiante de France", doit maintenant affronter le succès grandissant de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). "Cette transition a été préparée depuis plusieurs mois. Mélanie travaille avec moi depuis plusieurs années", explique Lilâ Le Bas.

Mélanie Luce est étudiante en troisième année de licence de droit à Assas (Paris-2) et peut déjà se prévaloir d'un parcours syndical balisé, comme femme et comme proche de la communauté musulmane. "J’ai adhéré à l’Unef en 2014. Le syndicat m’a accompagné(e) pour obtenir une bourse lorsque je suis arrivée à la fac. Et j’ai eu envie d’aider les autres à mon tour", raconte cette fille de profs. Elle devient ensuite présidente de section locale à Paris-2 : "Mener une action syndicale dans cette fac n’a rien de facile. Mais cela m’a aguerri(e) [On peut être en 3e année de fac et avoir un problème chronique avec l'accord du participe passé : l'Université n'est pas regardante avec les boursiers des quartiers]. Et le fait de côtoyer quelques étudiants exprimant des opinions d’extrême droite m’a donné encore plus envie de me battre", polémique la militante de la gauche extrême, deuxième femme d'affilée à être élue présidente de l’UNEF.

Cette jeune femme de gauche souligne sa couleur de peau.
Mélanie Luce la voit en effet comme un symbole : « C’est la première fois qu’une femme de couleur prendra la tête d’une organisation étudiante. Cela montre que l’Unef évolue », insiste-t-elle. Un avis partagé par Lilâ Le Bas. "Après moi, Mélanie sera la deuxième femme à être élue présidente de l’Unef. C’est le signe que la mixité est désormais ancrée dans le mode de fonctionnement de l’Unef", ajoute-t-elle. Un signe d’autant plus attendu après la révélation l’an dernier des affaires de sexisme qui avaient touché l’organisation il y a quelques années.

"Maryam ne fait pas la promotion du hijab," avait soutenu Lilâ Le Bas, alors présidente de l'Unef, en mai 2018.
Depuis que Maryam Pougetoux, étudiante de 19 ans et responsable de l’Unef à Paris-4, a donné une interview à M6 vêtue d’un hijab, le syndicat étudiant est critiqué de tous côtés. C’est un tweet de Laurent Bouvet qui a mis le feu aux poudres. Dans un post ironique pointant une "convergence des luttes", le cofondateur du Printemps républicain a accusé l'Unef de dérive communautaire, dont la responsable voilée Maryam Pougetoux serait le symptôme.

Dans la foulée, l’organisation étudiante a fait bloc derrière sa responsable. Mais la question déchire une nouvelle fois la gauche. Et d’anciens dirigeants de l’Unef comme les socialistes Julien Dray et Bruno Julliard dénoncent le renoncement de leur ancienne maison au combat laïc et féministe.  
Les anciens dirigeants de l’Unef, Julien Dray, Bruno Julliard, et beaucoup de voix à gauche ne critiquent pas sa liberté de porter le voile, mais le fait que l’Unef fasse d’une militante voilée sa porte-parole, ce syndicat et sa présidente niant ainsi la portée politique et rétrograde de ce vêtement, non pas un simple foulard, mais le hijab : "le prosélytisme, c’est dans le comportement, pas dans l’habit"... 
En 2013, l’Unef s’opposait à l’interdiction du voile à l’université mais militait contre une pratique "qui enferme les femmes dans une situation de soumission par rapport aux hommes". En acceptant une femme voilée porte-parole, les anciens dirigeants dénoncent l'effacement du combat féministe de l’Unef. 

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