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jeudi 17 octobre 2019

Brexit : Macron s'aligne sur Merkel

Avec la chancelière, il affiche un optimisme raisonné sur les chances d'un accord sur le Brexit, la défense et le droit

Macron et Merkel sont convenus d'avancer sur leurs projets communs en matière de défense ou "de droits voisins"
Capture d'écran de BFMTV d'Emmanuel Macron, qui s'essaye au tennis en siège roulant, pour défendre la candidature de Paris au Jeux olympiques de Paris 2024.
Macron, président en situation de handicap
"Je veux croire qu'un accord est en train d'être finalisé (sur le Brexit) et que nous pourrons ainsi le consacrer demain" à Bruxelles, envisage désormais le président français dans une conférence de presse avec Angela Merkel, lors d'un conseil des ministres franco-allemand jeudi à Toulouse, à la veille d'un sommet européen. "Je pense de plus en plus que nous obtiendrons cet accord", a confirmé la chancelière. "Nous sommes dans le sprint final". 

Le 22 août dernier, Macron n'était pourtant guère conciliant sur le Brexit.
 Le locataire de l'Elysée et le premier ministre britannique avaient affirmé leur volonté de trouver un accord pour une sortie ordonnée du Royaume-uni de l'Union européenne, en jugeant possible de s'entendre sur la frontière irlandaise, mais le Français jouait encore la carte de la fermeté.
Lorsque, pour la deuxième étape de sa première tournée à l'étranger depuis son arrivée au pouvoir fin juillet, le premier ministre britannique, Boris Johnson, déclara dans la cour de l'Elysée :"Je veux un accord. Je pense que nous pouvons avoir un accord et un bon accord" en vue d'un Brexit, le 31 octobre, à son côté, Macron s'était montré plus prudent sur la possibilité qu'une solution puisse être trouvée "dans les 30 prochains jours" entre Londres et les 27, après un référendum populaire de sortie de l'UE et trois ans d'atermoiements. 
Boris Johnson et Emmanuel Macron, le 22 août 2019
Nuque raide, Macron se voulait le plus sévère de l'UE.
Les moyens de parvenir à un Brexit devaient occuper l'essentiel du déjeuner entre Emmanuel Macron et Boris Johnson, à la veille du sommet du G7 à Biarritz. La presse britannique, notamment, le dépeignait souvent "comme le plus dur de la bande" au sein de l'Union européenne sur le dossier du Brexit. "Je suis comme la chancelière Merkel confiant sur le fait que l'intelligence collective et notre volonté de construire doivent nous permettre de trouver quelque chose d'intelligent dans les 30 jours s'il y a une bonne volonté de part et d'autre" mais, "en même temps", "j'ai toujours dit très clairement : il y a un choix qui a été fait (par les Britanniques), donc ça ne sert à rien d'essayer de ne pas appliquer ce choix", avait-il insisté.

Interrogé sur les pressions contre la Turquie pour la faire interrompre son offensive contre les rebelles Kurdes de Syrie, Macron a promis "des initiatives" floues avec des membres de l'OTAN "pour continuer pression, dialogue et résolution de cette crise, de cette situation inacceptable", mais sans évoquer d'éventuelles sanctions.

La France de Macron et Le Drian est un gros fournisseur d'armes à la Turquie.
Or, le 12 octobre, Macron s'est résolu à annoncer la suspension de "tout projet d’exportation vers la Turquie de matériels de guerre susceptibles d’être employés dans le cadre de l’offensive en Turquie". Un gros manque-à-gagner pour la France...
La France ne s'est d'ailleurs pas précipitée pour suspendre - une partie de -  ses exportations d’armes vers la Turquie : la décision de Paris est intervenue après celles de l’Allemagne et des Pays-Bas. Elle a été annoncée juste avant le conseil des Affaires étrangères de l’UE qui doit se tenir ce lundi 14 octobre à Bruxelles. Les ministères français des Armées et des Affaires étrangères l'ont prise, avec "effet immédiat",  en réaction à l’opération militaire lancée par la Turquie contre la Syrie. Les rebelles kurdes syriens, supplétifs de l’armée turque, ont en effet lancé une offensive contre une milice kurde, deux jours après que les Etats-Unis ont retiré des militaires américains déployés dans certains secteurs du Nord syrien.
Cette mesure de Paris est censée mettre la pression sur Recep Erdoğan. Mais suspendre les exportations d’armes vers la Turquie n’est pas sans conséquence pour les finances de la France. En effet, selon le rapport publié en 2019 par le ministère de la Défense et rendu public en juin, les industriels français ont reçu de la Turquie l’équivalent de 594,5 millions d’euros de commandes en dix ans, explique Le ParisienEn 2018, Ankara a ainsi versé 45,1 millions d’euros pour des armes françaises, bien moins qu’en 2017 où les sommes atteignaient 198,2 millions d’euros ou qu’en 2010 où la Turquie avait dépensé 209,3 millions d’euros pour l’achat de matériel militaire en provenance de l’Hexagone. Concernant les livraisons concrètes d’armes vers la Turquie, c'est-à-dire celles qui quittent in fine le territoire et sans prendre en compte les services associés, on atteint les 461,7 millions d’euros en dix ans, dont 50,6 millions l’an dernier, détaille le quotidien.

La rencontre franco-allemande de mercredi a abouti à plusieurs projets communs
Emmanuel Macron, Jean-Yves le Drian et Florence Parly à la préfecture de Toulouse le 16 octobre 2019 ( POOL / Guillaume HORCAJUELO )
La presse française montre  Macron, Jean-Yves le Drian et Florence Parly de face
à la préfecture de Toulouse le 16 octobre 2019, mais leur invitée, Angela Merkel, de dos...
Elle a conduit à la consolidation de leurs projets militaires communs - avion de combat du futur et char du futur - et à la conclusion d'un accord sur les exportations d'armes, pomme de discorde entre les deux pays.
avec une vingtaine de leurs ministres, 
L'accord laisse chaque pays décider librement d'exporter ses armes, avec l'accord automatique de l'autre. Y compris si ces équipements comportent des composants de l'autre pays, mais en dessous d'une faible pourcentage, qui n'a pas été précisé.
La décision allemande de suspendre ses ventes d'armes à l'Arabie Saoudite en raison de la guerre au Yémen a jusqu'ici bloqué des ventes de matériels militaires d'Airbus qui intègrent des composants allemands.
Macron a par ailleurs réaffirmé sa volonté de continuer les ventes d'armes à Ryad, assurant que ces équipements n'étaient pas dirigés contre le Yémen. Il a lancé au passage une pique contre son invitée, invitant les journalistes à examiner les ventes qui s'effectuent via des pays tiers.

En revanche, Merkel et Macron ont réussi à parler d'une même voix.
Ainsi réclament-ils l'adoption rapide du "Pacte Vert" pour l'Europe proposé par Ursula von der Leyen. Ils ont en particulier soutenu l'instauration d'un prix minimum du carbone au niveau européen, en vue d'une future taxe carbone aux frontières.

Il ont également affiché leur volonté de contraindre Google à rémunérer les producteurs de contenus, dont la presse, au titre des "droits voisins", comme l'y oblige une récente directive européenne. Il reste à Facebook ou tumblr à respecter les contenus qui leurs sont offerts et sur lesquels ils veulent faire commerce, sans considération de langue ou de préférences politiques. Nous aborderons plus tard le sujet sensible du "shadow banning" qu'ils pratiquent, comme Blogger (Google), et qui consiste à mettre sous le boisseau les contenus qu'ils n'apprécient pas : cette pratique sournoise consiste à bloquer tout ou partie - pour des raisons généralement hypocritement "techniques" ou sans raison explicite - des échanges de la communauté en ligne d'un utilisateur, ou du contenu qu'il produit. Cette mise au placard commence avec une disparition des moteurs de recherche, partielle ou intermittente, mais se concrétise par une baisse de fréquentation, des statistiques et des commentaires et autres 'likes' par des robots de tripatouillage.

"Certains acteurs comme Google veulent s'en affranchir [du Pacte Vert]. Nous ne laisserons pas faire, assure Macron, 1,75m, et très clairement demandons aux autorités nationales et européennes de la concurrence d'examiner et d'engager au plus vite toutes les procédures possibles", a grondé Macron. Comme à son habitude, alors qu'il se pose en champion de l'anti-dumping, disant lutter contre la concurrence déloyale de pays comme la Chine ou l'Inde sur l'acier, il demande aux autres (Trump, ici, ou les collectivités territoriales, là), de faire le boulot à sa place...
Face à la concurrence déloyale européenne, les Etats-Unis menacent d'appliquer dès vendredi des taxes à des produits européens en représailles aux prêts publics à Airbus, Paris et Berlin n'avaient pas d'autre choix que de se montrer fermes aussi. "Nous avons partagé nos préoccupations sur les tensions commerciales : l'Europe ne doit faire preuve d'aucune faiblesse et défendre avec clarté ses intérêts et ses règles", a lancé le président français.
Obligés de maintenir leur soutien protectionniste à Airbus,  tous deux sont allés vers midi visiter la chaîne d'assemblage de l'A350 au siège de l'avionneur et déjeuné à bord d'un Airbus-école avec de jeunes apprentis. "Il y a 50 ans, des décisions ont permis de développer une coopération étroite entre nos deux pays. Nous ferons tout pour garantir le succès de cette entreprise", a lancé la chancelière.

Les deux dirigeants ont également privilégié les sujets de défense.
Ils ont décidé de présider un conseil de défense avec les ministres impliqués. Les futurs avions (SCAF) et chars (MGCS) de combat élaborés en commun doivent remplacer les Rafale et les Eurofighter, le MGCS, sous direction allemande, les Leclerc et Leopard.

Angela Merkel et Emmanuel Macron ont été rejoints par la présidente élue de la Commission européenne, Ursula von der Leyen. Tous trois parleront industrie au cours d'une rencontre dînatoire avec les patrons d'une cinquantaine de grands groupes industriels européens.

Jeudi à Bruxelles, contre son soutien au programme de la nouvelle présidente, Macron espère obtenir des deux dirigeantes l'inclusion de 'Renew Europe' (groupe Alliance des démocrates et des libéraux, ADLE, sa tendance minoritaire au Parlement européen, dirigée par un Roumain) et la constitution d'une coalition qui l'inclurait, puisqu'il a échoué à phagocyter le Parlement de Strasbourg.
L'échec de la liste menée par la malveillante Nathalie Loiseau (à laquelle il a dû se substituer, sans réussir à redresser la situation), et le rejet par les eurodéputés de la candidate française à la Commission Sylvie Goulard, pour des raisons d'éthique, fait craindre à Macron une hostilité larvée du Parlement.

Avant le sommet européen qui démarre à la mi-journée, personne ne prenant conscience d'un accroc au principe de séparation des pouvoirs entre un président et des députés, fussent-ils européens, pour la première fois, Macron participera donc à la réunion pré-sommet du groupe parlementaire Renew, qui regroupe les formations centristes autour de La République en Marche.
L'Elysée a indiqué que pour remplacer Sylvie Goulard évincée pour des raisons d'éthiques - à Bruxelles, quand Paris en manque -  Macron ne proposera pas de nouveau candidat dans l'immédiat : l'excuse du bras cassé aux mains vides, c'est l'attente que soit  résolue "l'instabilité politique", selon lui, au Parlement européen. L'entrée en fonction de la nouvelle Commission sans tête a d'ailleurs été repoussée d'un mois, au 1er décembre.

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