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jeudi 21 juillet 2016

La Libye accuse Hollande, Valls et Le Drian de "violation" de son territoire

La mort de trois membres de la DGSE en Libye déclenche une accusation d'ingérence par le gouvernement libyen

La présence française est "une violation du territoire libyen"

Les manifestants et leurs pancartes ont surgi spontanément...
C'est l'accusation par le GNA dans un message sur son compte Facebook, soulignant que rien ne "justifie une intervention" étrangère sans qu'il en soit informé.
Le GNA s'est dit "mécontent de l'annonce du gouvernement français concernant la présence française dans l'est de la Libye". Un secret de polichinelle et une "annonce" tardive du pouvoir socialiste, sous la pression d'un article du journal Le Monde. 

Des centaines de personnes ont manifesté (spontanément) mercredi dans plusieurs villes de Libye pour protester contre la présence militaire française. Des rassemblements ont notamment été organisés dans la capitale Tripoli - aux main de l'Etat islamique - mais aussi à Misrata (à 200 km à l'est de Tripoli), selon plusieurs organes de presse.

Le "chef de guerre" de l'Elysée tente de justifier son ingérence en se présentant en "gendarme du monde"

Mercredi matin, Paris a annoncé que trois soldats français étaient morts en Libye. Preuve que "la Libye connaît une instabilité dangereuse". A moins que la présence française n'attise le conflit entre les deux factions qui fracturent la Lybie, la seule autorité reconnue par les membres de la coalition (les gouvernements français, italien, allemand, britannique et américain )étant basée à Tobrouk.

"C'est à quelques centaines de kilomètres seulement des côtes européennes", explique Paris. "Et en ce moment même, nous menons des opérations périlleuses de renseignement" dans ce pays, a déclaré le président François Hollande.
Sans préciser si c'est -ou non- avec l'accord de Tobrouk. 
"Trois de nos soldats qui étaient justement dans ces opérations viennent de perdre la vie dans le cadre d'un accident d'hélicoptère", a rappelé le locataire compassionnel de l'Elysée.

Selon des sources libyennes, l'appareil aurait été pris pour cible dimanche par des islamistes équipés de systèmes sol-air portatifs de type SA-7. Les militaires français ont "probablement été visés par des groupes islamistes dans le secteur de Magroun, à environ 65 kilomètres à l'ouest de Benghazi" (est), a déclaré un commandant relevant des forces du général Khalifa Haftar, basé dans l'est de la Libye et représentant le pouvoir de Tobrouk.

Dans un contexte aussi tendu que confus, la France a agi dans le sillage des Etats-Unis qui ont envoyé quelques forces spéciales en Libye, afin de mieux connaître le terrain et identifier les différentes forces en présence. Leur rôle reste cantonné au renseignement, assure le Pentagone.
Des media britanniques ont aussi évoqué la présence de forces spéciales du Royaume-Uni en Libye, fait encore valoir la presse à la solde de l'Elysée.

La France reconnaissait jusqu'ici que ses avions militaires survolaient le pays.
Ils l'ont notamment fait à partir du porte-avions Charles de Gaulle - pour collecter également du renseignement sur les positions du groupe djihadiste Etat islamique (EI). Les USA rechignent en effet à partager leurs informations avec des margoulins.
Hollande n'avait en revanche jamais avoué de présence militaire française au sol - forces spéciales et/ou agents du Service action du Renseignement extérieur (DGSE), opérant dans la clandestinité.
Un membre des forces spéciales du général Khalifa Haftar a donc dû affirmer que les soldats français tués étaient des "conseillers". Les combattants [islamistes] qui ont visé l'hélicoptère M17 "essaient de nous attaquer depuis l'ouest de Benghazi afin de pénétrer dans la ville et d'y stopper notre avancée", a raconté un autre commandant opérant sous les ordres du général Haftar, aux ordres du chef de l'État de transition, Aguila Salah Issa (gouvernement de Tobrouk), qui ne revendique aucune appartenance politique, mais a occupé plusieurs postes dans le système judiciaire en Libye, sous Mouammar Kadhafi.

Le général Haftar, chef  de l'Armée nationale libyenne (ANL) que les islamistes considèrent comme "l'homme des Américains", est missionné par le pouvoir de Tobrouk pour lutter contre les islamistes - dont le groupe Etat islamique - à Benghazi, principale ville de l'est du pays, avec un succès mitigé.
Il s'oppose en outre toujours à l'autorité du gouvernement libyen d'union nationale (GNA, Conseil présidentiel du gouvernement d'union nationale ou simplement Conseil présidentiel)  et il est resté loyal aux autorités parallèles qui siègent dans l'est du pays (tandis que l'Ouest est aux mains des islamistes).
Depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye est ainsi livrée aux milices armées et minée par des luttes de pouvoir et des violences qui ont favorisé la montée en puissance des djihadistes de l'EI.

La France est le seul membre de la coalition internationale à s'être fait prendre sur le fait



Les Européens s'inquiètent de cette menace directe au sud de la Méditerranée
, même si l'EI est sous la pression des forces du gouvernement d'union nationale dans son fief de Syrte (centre-nord).
Le groupe, qui cherche à étendre son influence au-delà de la Syrie et de l'Irak, où il est sur la défensive, compterait 1.000 à 1.500 combattants en Libye, selon une source sécuritaire française, soit beaucoup moins que les 3.000 à 5.000 évoqués jusqu'ici.

Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, redoute toutefois que des cellules de l'EI, chassées de leur fief de Syrte, ne s'implantent ailleurs en Libye ou ailleurs en Afrique du nord.

Les Etats-Unis et leurs alliés européens veulent éviter tout engagement formel en Libye tant que le gouvernement d'union nationale n'en fait pas la demande, l'opinion publique libyenne restant farouchement opposée à une nouvelle intervention étrangère.

Le chef de ce gouvernement d'union, désormais installé à Tripoli depuis le printemps, Fayez al-Sarraj, a toutefois reconnu fin juin que ses forces reçoivent de l'aide étrangère en "expertise et logistique". Elles pourraient notamment être assistées pour la localisation et le ciblage de combattants de l'EI.

Dans ce contexte troublé et toujours instable,
l'effondrement de l'État libyen - suite au "printemps arabe" - contribue à faire du pays l'une des principales zones de transit de l'immigration clandestine à destination de l'Europe.

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