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mercredi 6 juillet 2016

La peur de l'extrême gauche fait renoncer le PS à son université d'été

L'exécutif socialiste, conspué partout, va disperser son université d'été dans les régions

La 'Belle alliance populaire' était trop laide


Prévue fin août à Nantes, elle est enterrée. Depuis plusieurs semaines, les réunions publiques du parti au pouvoir, comme les déplacements des membres du gouvernement, sont perturbées par l'opposition anti-républicaines des communistes et des anarchistes. Il n'est plus possible d'incriminer des "casseurs", mais l'ultra-gauche. Au point qu'à moins d’un an de la présidentielle, la campagne est compromise.

Un tunnel secret était en cours de construction sur plusieurs centaines de mètres entre la gare et la Cité des congrès pour permettre la venue du premier ministre, Manuel Valls, à l’université d’été du PS, originellement prévue fin août à Nantes, selon une rumeur insistante circulant dans les rangs de la gauche de la gauche depuis plusieurs jours. Folle rumeur - sans fondement ? -, mais qui en disait long sur les difficultés que traverse le parti majoritaire qui s'est mis à craindre que ce temps de festivités, mais aussi de débats, soit prétexte à des débordements sans précédents.


Le Premier secrétaire du Parti socialiste (PS) a confirmé dimanche l'annulation de l'université d'été de la Belle Alliance Populaire (BAP).
L'horrible alliance impopulaire
En annonçant, dimanche 3 juillet, sa décision de reporter ou de suspendre l’université d’été, le premier secrétaire socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, acte l’impossibilité d’assurer une réunion dans la sérénité. Valls, premier ministre conspué, ministres hués, tel Le Foll, université d'été du PS annulée, meetings perturbés: la campagne pour la primaire en vue de l'élection présidentielle de 2017 s'annonce compliquée pour l'exécutif, alors que la contestation contre la loi Travail reste vive.
"Je pense que devant les risques de violence à Nantes, ou dans tout autre endroit où se tiendrait l'université d'été de la Belle Alliance Populaire, il vaut mieux reporter, suspendre l'université d'été. C'est ce que je ferai comme proposition aux acteurs de la BAP" a déclaré Jean-Christophe Cambadélis au début du mois.

Jean-Christophe Cambadélis a  précisé le lendemain qu'elle serait remplacée par plusieurs universités régionales d'été à l'automne, au mois de septembre. Le renoncement à ce rendez-vous est à l'image du mécontentement qui divise le pays après des mois de contestation contre le projet de loi Travail. Et la colère des démocrates à l'annonce du recours à l'article 49.3 qui contourne les parlementaires, imposant par la force une réforme rejetée par les gauches radicales, politique et syndicale.
"Cela traduit l'état de délabrement dans lequel se trouve le Parti socialiste aujourd'hui", estime Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et au Cevipof. "A la fois usé par le pouvoir et un sentiment de fracture."
Après avoir été malmené à Bordeaux, à l'occasion du premier déplacement de Manuel Valls en tant que chef du gouvernement en Corse lundi, la sécurité a été renforcée, la visite ayant été jugée sensible. Le Premier ministre a été hué alors qu'il se rendait à la mairie de Bastia malgré le déploiement d'un important dispositif policier. Une centaine de personnes, membres de la CGT et du PCF, mais aussi d'un groupe de soutien à un supporter du SC Bastia blessé dans des heurts avec la police ont notamment scandé "Démission! Démission!", alors que le chef du gouvernement se rendait à pied à la mairie de Bastia, deuxième étape de sa tournée en Corse. 
Manuel Valls avait déjà subi les sifflets d'opposants à la loi Travail lors d'un déplacement à Montpellier, malgré des filtrages et fouilles systématiques aux entrées du parc où se tenait le rassemblement.

Eviter une université d'été insurrectionnelle et sous protection policière

Des problèmes de sécurité seraient a
u cœur de cette annulation.
Dans l'entourage du premier secrétaire du PS, on avoue craindre les violences "des zadistes et les black blocs". Ville de Ayrault, Nantes apparaît comme le foyer de la contestation contre la loi Travail, mais aussi contre le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Des pages de réseaux sociaux appelaient en effet à mettre le feu à l'événement. "Faisons-leur regretter d'avoir choisi Nantes", "Rendez-vous du 26 au 28 août pour perturber l'université du PS", pouvait-on y lire.
Sans compter que le PS a été visé à de multiples reprises: 150 de ses locaux ont été attaqués ou vandalisés depuis le mois de janvier.
Certains élus, notamment proches du premier ministre, ont vu leur permanence endommagée: Alexis Bachelay en témoigne ci-dessus.

Jean-Christophe Cambadélis a donc eu raison, d'après Bruno Cautrès, politologue proche du PS (et de L'Obs). "Une université d'été sous protection policière, pour un parti de gauche, aurait fait tache. Des images d'une réunion tournant à la foire d'empoigne avec la contestation d'une partie de ses membres contre la loi Travail auraient été très négatives." Sans compter que, selon lui, les électeurs sanctionnent dans les urnes les partis qui ne sont pas en ordre de bataille.
Mais si on s'en tient à l'écume du jour et le PS qui s'embourbe dans des questions de sécurité, on passe à côté du risque d'implosion qui menace de l'avenir du parti.

Manuel Valls et Stéphane Le Foll, hués
Lundi soir, le ministre de l'Agriculture et porte-parole du gouvernement a également eu face à lui des opposants, des "abrutis", dirait Bachelay ! Pour échapper à des manifestants, dont certains avaient réussi à s'infiltrer dans la salle pourtant sécurisée, Stéphane Le Foll a dû entrer par la porte de derrière lors d'un meeting organisé par le collectif "Hé oh la gauche" à Lille

Fin juin, l'un de ses précédents meetings
à Bordeaux avait été chahuté et avait dû être écourté.


Le passage en force de la loi travail fait craindre une année présidentielle impossible

Chercheur en sciences politiques, Olivier Rouquan s'est chargé de banaliser en assurant que le phénomène n'est pas nouveau... Mais c'est le même qui dure et perdure.
"La situation de harcèlement du pouvoir exécutif a commencé il y a plusieurs mois", tente-t-il d'expliquer à BFMTV.com. "Le maintien de la loi Travail a poussé la mobilisation à se manifester, aussi bien dans la rue qu'en harcelant les dirigeants. Cela fait partie des moyens de lutte des mouvements radicaux".
A moins d'un an de l'élection présidentielle, la campagne s'annonce difficile. 
Car chaque déplacement ou réunion publique fait à présent l'objet de mesures de sécurité renforcée: périmètres élargis, fouilles systématiques, présence policière renforcée. Sans compter les réunions ouvertes qui pourraient ne plus être possibles. 
"La loi Travail doit être adoptée si l'exécutif veut un retour au calme et envisager la suite de manière sereine", assure Olivier Rouquan, enseignant à l'Institut supérieur du management public et politique. "Si le texte reste dans les tuyaux, l'année présidentielle à venir deviendra impossible". Et depuis le recours au 49.3, ce tuyau ne risque-t-il pas de péter sous la pression ?
Le 49.3 donne du grain à moudre aux opposants. Et de la poudre à canon ?
Le scénario d'un enlisement est-il inéluctable? Pas forcément, selon le politologue distingué, un partisan de "noyer le poisson" en passant à autre chose.
"Avec la campagne des primaires, il y aura plusieurs choix, tout sera remis en jeu. De nouvelles propositions verront le jour, y compris pour les plus radicaux qui pourront soutenir leur leader. Les opposants auront ainsi moins intérêt à contester le pouvoir qui se remettra en jeu avec la perspective de nouvelles élections."
Mardi 5 juin, les opposants à la loi Travail se sont à nouveau mobilisés pour une douzième journée de manifestation, alors que Manuel Valls va recourir à l'article 49-3 de la Constitution pour faire adopter le texte sans vote à l'Assemblée nationale.
Manquera-t-il encore deux voix pour empêcher le vote de la motion de censure de la gauche ? Il le feraient décidément exprès...

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