Baylet, ministre PRG de Valls, s'est exclu de 'La Belle Alliance' autour du PS
Absent de la réunion de la Belle Alliance populaire du PS samedi, le radical Jean-Michel Baylet accuse ses alliés socialistes de mépris.
Ministre de l'Aménagement du territoire et patron officieux du Parti radical de gauche, Baylet accuse le PS d'avoir organisé une primaire dans son dos. Il rencontrera François Hollande ce mardi soir, alors que le PRG est fracturé entre un courant 'social-libéral' autour de Jean-Michel Baylet et un courant républicain de gauche conduit par Émile Zuccarelli (soutien de Jean-Pierre Chevènement en 2002, quand la Radicale Christiane Taubira obtint 2,32 % et fut rendue responsable de la défaite de la gauche) auréolé par ses victoires consécutives au référendum insulaire, puis au référendum sur le TCE.
Baylet, qui a perdu et son mandat de sénateur et celui de président du Conseil général, a expliqué au Parisien pourquoi le PRG s'est retiré de la Belle Alliance populaire.
Jean-Michel Baylet. Nous sommes loin de l'esprit originel de la Belle Alliance. L'objectif était de lancer la base d'un large rassemblement dans la perspective de la présidentielle, qui aurait pu se transformer un jour en un grand Parti de gauche. Quelques mois après, où en est-on ? Le PS règne sur la Belle Alliance, à tel point que son premier secrétaire se permet d'annoncer qu'il y aura des primaires sans même en avoir informé les autres membres fondateurs ! Demandez à Jean-Christophe Cambadélis pourquoi il se conduit comme ça. Qu'est-ce qu'ils ont à gagner à traiter leurs alliés de la pire manière, alors qu'il ne reste pas forcément grand monde ?
Vous n'avez eu aucun contact en amont ?
Rien ! On a appris l'existence de ces primaires dans la presse. Ce n'est quand même pas une façon de traiter ses alliés les plus loyaux et les plus fidèles ! La logique aurait été d'en discuter. Au final, la Belle Alliance est devenue une structure à des années-lumière de ce que nous avions imaginé. Elle n'est qu'un outil dans les mains du PS pour régler ses problèmes internes. Nous n'avons plus rien à faire là-dedans.
Vous vous sentez trahi ?
Nous considérons que le pacte fondateur est rompu. La présidente du parti [Sylvia Pinel, ex-ministre du Logement] a demandé à rencontrer la direction du PS pour voir si on peut repartir sur des bases saines ou si, définitivement, ils considèrent que la Belle Alliance est un satellite du Parti socialiste. Mais ce n'est pas comme ça que nous allons arriver à gagner en 2017.
Etes-vous tout de même favorable à la tenue de primaires ?
Franchement, elles n'ont pas lieu d'être si François Hollande est candidat. C'est le président sortant, il sera légitime pour représenter la gauche de gouvernement. Vous voyez Hollande aller débattre avec Gérard Filoche et Marie-Noëlle Lienemann ? On s'en passerait très bien quand même !
Vous ne participerez donc pas à ce processus...
S'il y a des primaires, il appartiendra au PRG d'en décider au mois de septembre. Mais il n'est pas pensable que nous y prenions part sans être associés à leur préparation. Pour des questions de fond et de forme. Ce serait d'un mépris total.
Pourriez-vous être à nouveau candidat ?
Je suis membre du gouvernement. Je vois mal comment un ou une ministre peut être candidat à une primaire. Quand on est dans l'exécutif, on est là pour travailler aux côtés du président de la République et du premier ministre pour le meilleur intérêt de la France et des Français. Je vois mal un ministre participer à ces primaires.
Qui pourrait alors porter les couleurs du PRG ?
Il appartient au parti de le désigner. Mais, là encore, la logique et la légitimité, c'est que ce soit la présidente [par intérim, S. Pinel, membre de l'équipe de campagne de François Hollande en 2012 et ancienne ministre de 2012 à 2016] ou le président du parti [Baylet] qui porte le flambeau radical dans les primaires.
Gardez-vous un bon souvenir des primaires de 2011 ?
Cela a été une véritable aventure. J'en garde un excellent souvenir, même si le score n'a pas été à la hauteur de mes ambitions. Et je crois que, politiquement, cela a permis au Parti radical de gauche de marquer des points.
Le PS avait-il été fair-play à l'époque ?
Je fais des campagnes électorales depuis quarante ans. C'est comme le rugby, c'est officiellement fair-play, mais, de temps en temps, on relève les mêlées. Une compétition, c'est une compétition. Ce n'est pas les Bisounours. Mais il n'y a pas eu débordements.
Quel bilan tirez-vous de votre action au ministère ?
Dès mon arrivée, j'ai dit que, pour moi, le maître mot était stabilité. Stabilité institutionnelle, stabilité financière. Les collectivités et leurs élus ont été beaucoup secoués ces dernières années par de très nombreuses réformes. Ma volonté est donc d'apaiser. Beaucoup d'initiatives ont été prises pour montrer aux élus qu'on les avait entendus.
Quel souvenir personnel gardez-vous de Michel Rocard ?
C'est beaucoup d'émotion, car j'ai été dans son gouvernement quand il était premier ministre. Je garde de lui l'image d'un visionnaire vibrionnant. Il avait, sur tous les sujets, cent coudées d'avance, avec des convictions chevillées au corps. C'était un formidable capitaine. Il animait son équipe de manière remarquable. On avait tous envie de se faire couper en rondelles pour lui.
N'est-ce donc pas le cas avec Valls, que la presse aux ordres tente et peine à présenter comme son héritier ?
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