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mardi 17 novembre 2015

Jean-Paul Brighelli : Le choc des incultures

Comment l'islam fondamentaliste a pu s’insérer dans les cervelles des jeunes générations françaises
Voltaire ou le Jihad, 
de Jean-Paul Brighelli, 
l’Archipel, 220 pages, 17,95 €
L'Incorrect. Dans “Voltaire ou le Jihad” (l’Archipel), un essai vif et percutant, Jean-Paul Brighelli décrit le suicide de la culture française et l’émergence d’une culture de substitution, dite de “banlieue”, impuissante à rivaliser avec l’expression d’un islam fondamentaliste en pleine expansion. Bonnes feuilles.
Un an après le Suicide français, où Éric Zemmour s’était plu à « déconstruire les déconstructeurs », dévoilant comment notre époque avait été « tout entière dessinée par Mai 68 », Jean-Paul Brighelli s’engouffre à son tour dans la brèche que le polémiste, avec talent, a ouverte et poursuit à sa manière ce travail d’analyse. Entre-temps, la situation s’est encore aggravée. Jamais la France n’a semblé aussi impuissante et démunie face à la montée de l’islamisme radical [pléonasme?] et le départ pour le jihad de nombre de ses enfants.
Pour ce fin connaisseur du système éducatif français, enseignant en prépas littéraires, cette situation inédite est tout sauf une surprise. Elle est la conséquence du sabordage de la culture occidentale, savamment orchestré par tous les apprentis sorciers du pédagogisme qui ont contribué, de bonne ou mauvaise grâce, à faire que l’école ne soit plus un lieu de transmission. Un long travail de sape qui n’aboutit pas seulement à cette "fabrique de crétins" que l’auteur, dans un ouvrage précédent, avait décrit avec une précision dramatique, mais bien davantage.
A force de déconstruction de notre culture, de dévaluation des idées, de nivellement des valeurs et de sanctification de la repentance, nous sommes désormais en présence de nouvelles générations soigneusement décérébrées, biberonnées à la sous-culture : la porte ouverte à un islam conquérant. Plus qu’un choc des civilisations, un choc des incultures. Une nouvelle fois, Jean-Paul Brighelli porte un regard lucide sur notre déroute programmée quand nombre de nos dirigeants préfèrent regarder le monde les yeux grands fermés. Il tonne depuis longtemps. A croire qu’il prêche dans un désert. Extraits. Raphaël Stainville
“Voilà quarante ans que nous nous suicidons lentement, voilà vingt-cinq ans que le savoir est relégué au magasin des accessoires scolaires, vingt-cinq ans aussi que les barbares frappent à la porte de toutes les manières, pour nous signifier que nous sommes morts. De temps en temps aussi, ils tuent — mais cette violence est la croûte des événements.
Le coeur du problème, c’est que la culture occidentale est entrée dans un processus d’auto-effacement qui a supprimé tout ce qui s’inscrivait dans le temps et qui est si beau. Elle l’a remplacé par l’instant présent — le moment jeune, si je puis dire. On est parvenu, via l’école, à faire croire à la dernière génération que la culture, c’est vieux. Et on a persuadé les vieux que la jeunesse, c’est bien, que c’est même ce qu’il y a de mieux — alors que cette jeunesse-là est un naufrage. […]
Autant être clair tout de suite. Les fumeuses théories obscurantistes du wahhabisme (version dure) et du salafisme (version dure aussi) n’avaient aucune chance de dépasser les bornes des déserts où elles étaient nées, si l’Occident ne leur avait ouvert largement la porte en détruisant son système d’enseignement, en dénigrant la transmission des savoirs, en contestant trente siècles d’une patiente construction commencée chez les Grecs et achevée avec le positivisme et la libre-pensée occidentale. Nous avons encensé, mythifié un quarteron de penseurs qui, animés sans doute des meilleures intentions contestatrices, ont sapé les bases de la culture occidentale au nom de la solidarité avec les opprimés et autres “victimes” supposées du colonialisme.
Redditions
L’Occident se rend sans combattre. Il nous a déjà fait le coup : au début du Ve siècle, quand les Barbares passèrent le Danube, il y eut peu de grandes batailles. En fait, ils étaient déjà partout dans l’Empire romain depuis au moins trois siècles — employés, esclaves affranchis, soldats mercenaires. Ils occupaient le terrain qu’Alaric finit par investir.
Nous nous sommes déjà rendus. Saint Pierre a trahi le Christ trois fois avant que ne chante le coq ? Nous succomberons, si nous ne nous révoltons pas très vite, à une triple reddition.
Première reddition : la reddition idéologique, la trahison des clercs. Un quarteron de philosophes, vers la fin des années 1960, a élaboré ce que les Américains ont appelé la French Theory : la déconstruction des certitudes 
(Texte de Jean-Paul Brighelli, Raphaël Stainville pour V.A.)

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