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lundi 2 novembre 2015

En redressement, FRAM est en attente prolongée d'un éventuel repreneur

FRAM en redressement, dans l'attente d'un éventuel repreneur

Au bout d'une longue agonie, 
Fram est dans l’urgence
Le voyagiste toulousain FRAM a été placé vendredi en redressement judiciaire par le tribunal de Commerce de Toulouse, pour une période de six mois avant une éventuelle reprise par le seul intéressé à son rachat, Karavel-Promovacances, qui s'est dit prêt à reprendre les trois quarts des effectifs.
Après une lente agonie qui s’est précipitée avec la procédure d’urgence, ouverte par la déclaration de cessation de paiement et le dépôt de bilan jeudi 29 octobre de Fram, fondé en 1949, le tribunal de Commerce de Toulouse a placé ce vendredi le voyagiste en redressement judiciaire. La période d'observation durera jusqu'au 30 avril 2016. 
L’objectif est désormais de finaliser, dans un court délai d’une quinzaine de jours, la reprise de Fram. Une accélération rendue possible par une réforme du code du commerce intervenue en 2014, qui instaure un dispositif dit de "prepack cession". Les différentes offres seront ainsi présentées le 18 novembre à 9 h 30. 


Inquiétude des salariés pour leur emploi 

Outre le constat de cessation de paiement des quatre sociétés formant le groupe Fram (Fram Voyage, Fram Nature, Fram Agence et Plein Vent), le tribunal de Commerce a considéré que les offres reçues par le conciliateur sont "satisfaisantes" et a décidé que l'administrateur judiciaire sera  dispensé des "publicités [normalement obligatoires] concernant les offres de reprise". 

Présente à l'audience, Marie-Laurence Vieuille-Feral, la présidente du directoire de Fram (et nièce de l'actionnaire principal Georges Colson) n'a pas souhaité faire de commentaire. 

Une décision qui ne satisfait qu'à moitié les salariés qui s'inquiètent du flou de l'offre de Karavel-Promovacances-LBO France sur le nombre de salariés repris. Ce vendredi après-midi, dans le hall du tribunal de Commerce de Toulouse, une vingtaine de salariés entourait Laye Simakha, le délégué du personnel CGT et secrétaire du comité d'entreprise. Après une suspension de séance, le verdict a été annoncé publiquement. 
Satisfait de voir son entreprise placée en redressement judiciaire et non en liquidation, Laye Simakha, le cégétiste, a cependant souligné plusieurs points de mécontentement pour le personnel. "Le délai pour rendre le jugement et le fait que Maître Christian Caviglioli n'ait pas été écarté du dossier ne nous satisfont pas, a-t-il déclaré. Il a été mandataire ad hoc, puis conciliateur pendant trois ans et nous voilà au bord de la liquidation. Nous souhaitions que les actionnaires historiques ne prennent plus part à l'opérationnel et cela n'a pas été suivi d'effet.

Karavel-Promovacances, seul repreneur agréé par les syndicats 
Après le retrait de l'offre sino-luxembourgeoise de HNA-Selectour Afat, Karavel apparaît plus que jamais comme le seul repreneur potentiel. "Il n'y aura pas d'autres repreneurs vu la manière dont c'est ficelé, considère Laye Simakha. 

L'offre de Karavel est un projet crédible car il pérennise l'outil industriel, mais il implique un plan de restructuration." Pour le syndicaliste, c'est là que le bas blesse car les salariés n'ont "aucune idée du périmètre du plan" et des conséquences sur l'emploi. "Karavel était parti sur une base de 15 % de l'effectif. Aujourd'hui, on est à 150-200 personnes en moins. Nous sommes dans l'incertitude et nous n'avons plus de marge de négociation. Aujourd'hui, nous sommes amers." 

Flou sur les effectifs 
Jeudi soir, après le dépôt de bilan de Fram, le fonds d'investissement LBO France, qui détient 75 % de Karavel-Promovacances, a confirmé "avoir déposé une offre de reprise du groupe Fram dans le cadre d'un plan de cession concerté et immédiat, dit 'pré-pack'." Concrètement, LBO France - détenue à 100% par ses 10 partenaires et actionnaire de Materne (compotes et crèmes dessert), Payot (produits cosmétiques), Promovacances (voyages et tour opérateur en ligne, CMR (capteurs et systèmes de câblage), Eminence (sous-vêtements), IKKS (prêt-à-porter), ou Alvest (équipements pour services aéroportuaires), etc - propose de "reprendre 77 % des effectifs actuels, soit 356 CDI et l'ensemble des contrats non permanents"

Une inconnue subsiste: sur quels effectifs le repreneur se fonde-t-il 
630, 651, 680, 1.200 ou 1.500, les chiffres les plus divers circulent dans la presse. Selon le service de communication de LBO France, l'offre de reprise porte sur un effectif de 650 salariés, compté le 25 octobre dernier. "Ces effectifs varient entre 630 et 650 avec les emplois saisonniers. Le reste des emplois relève de franchisés et des salariés qui ne sont pas intégrés dans le groupe et donc pas pris en compte par l'offre de Karavel", précise LBO France. 
Une position contestée par la CGT qui affirme que les sociétés étrangères font juridiquement partie du groupe Fram et sont incluses dans la première offre de Karavel : "La cession de titres concerne l'ensemble du groupe, avec les réceptifs et les filiales à l'étranger. Mais peut-être qu'ils dévoilent leur jeu en disant que seules l'activité de tour opérateur et la distribution les intéressent, et non le réceptif et l'hôtellerie." Or, selon une autre source proche du dossier, Karavel ne compterait pas reprendre les sociétés liées à Fram à l'étranger. Quoi qu'il en soit, pour les syndicats, Fram compte aujourd'hui environ 1.200 salariés dont près de 680 en France.

"La situation de FRAM fragilise l'ensemble du secteur"

C'est la crainte de Jean-Pierre Mas, président du Syndicat des agences de voyages (SNAV). Elle impacte l’ensemble de ses fournisseurs, dont Air Méditerranée, compagnie de charters déjà fortement impactée par la baisse d’activité de 20 % du fait du "printemps arabe" et la mise en place d’un plan de sauvegarde de l’emploi et à la suppression de 85 postes. Or, elle réalise 40 % de son activité avec Fram, qui depuis juillet 2011 subit une concurrence importante de Transavia, compagnie low-cost d'Air France. De nombreuses agences de voyages peuvent aussi souffrir du dépôt de bilan de Fram, comme l’Association professionnelle de solidarité du tourisme, notre fonds de garantie collective qui protège les clients des voyagistes. Il faut donc très vite sauver le soldat Fram."

Fin octobre, la direction de l’entreprise peaufine son dossier avec le seul repreneur déclaré, le français Karavel-Promovacances. Né en 2000, le groupe parisien, spécialisé dans la vente de séjours à bas coût sur Internet, est détenu à 75 % par le fonds d’investissement LBO France. En rachetant Fram, il rejoindrait les poids lourds du secteur que sont TUI, Thomas Cook et Look-Transat. Une belle opération de croissance externe à moindres frais : 50 millions d’euros ont été mobilisés. "Mais ce n’est pas le prix du rachat, explique Jean-Pierre Mas, car actuellement, Fram vaut malheureusement zéro. Karavel peut acquérir Fram pour une somme symbolique, les 50 millions correspondant éventuellement aux investissements qui seront réalisés."

L’occasion de monter en gamme pour Karavel-Promovacances
L’intérêt est double pour Karavel. Sur le plan de l’image d’abord. Très identifié " bas coût" – avec ses marques Promovacances, Tati vacances.com ou Partir pas cher –, le voyagiste affirmait depuis des mois sa volonté de monter en gamme. Karavel devrait, du coup, bénéficier de la réputation à la fois populaire et de qualité de Fram, dont la notoriété reste très forte.
Son directeur, Alain de Mendonça, assurait également en 2014 vouloir développer son réseau d’une quarantaine d’agences physiques pour le porter à terme à 75 sites. Les 50 agences Fram pourraient donc lui permettre d’atteindre cet objectif. "Les gros opérateurs Internet constatent un essoufflement des ventes en ligne et cherchent tous des lieux physiques pour assurer la visibilité de leurs marques, commente Jean-Pierre Mas. L’opposition entre les canaux 'en ligne' et traditionnel n’est plus de saison."
Des agences Fram fermeront sans doute, mais Karavel pourrait asseoir sa couverture de l’Hexagone, notamment dans le sud de la France.

Les trois quart des effectifs seraient conservés
Geoffroy de Becdelièvre, fondateur de l’agence de voyages "sur mesure" Marco Vasco, en est persuadé : le profil de l’acquéreur de Fram est adéquat. "Le rachat de Fram par Karavel-Promovacances me semble un moindre mal, analyse ce fin observateur du marché. Ces dix dernières années, la société s’est spécialisée dans le rachat d’entreprises en difficulté – Partir pas cher, Ecotour, ABC Croisières – qu’elle est parvenue à assainir. L’acquisition de Fram est un vrai défi parce que d’un coup Karavel double de volume. Mais elle a du sens."

Sur le front social, jeudi 29 octobre, Karavel s’est engagé dans son offre à reprendre les trois quarts des effectifs de Fram – 356 CDI et 137 "non-permanents" – sur un total de 651 salariés. "Nous espérons que ce voyage Fram ne sera pas une destination finale, a réagi la syndicaliste CFDT, Thouraya Ferchichi, mais une escale simplement."

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