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samedi 15 février 2020

Municipales 2020: LREM, un si mauvais départ

Dissidences, refus de porter l'étiquette ou défection au bureau exécutif: peut-on pire ?


“Les municipales, ça va être un sacré bordel"




Voilà comment - dès la mi-novembre dernier - un parlementaire En Marche évoquait déjà le scrutin de mars 2020, bien avant la cacophonie des deux candidats LREM pour la seule mairie de Biarritz ou l'affaire sordide des films porno de Benjamin Griveaux, candidat en mauvaise posture pour la mairie de Paris, masturbateur actif et harceleur impuni de jeune femme par sextos, pris en flagrant délit, présenté comme "victime" d'un complot russe

L'activité sexuelle de Griveaux aurait porté un coup à la démocratie!
La diffusion de ses sex-tapes aurait ébranlé LREM - "une déflagration", selon Stanislas Guerini, tête du parti présidentiel, crâne dégarni comme... Comme quoi, au fait? -   , sans toucher Macron, aurait pu dire Chirac... 

Le baptême du feu de LREM est un feu d'artifices pour le parti présidentiel ! Mais ses premières élections municipales depuis la grande recomposition politique créée par la candidature du pilleur de nids, le coucou Macron, en 2017 s’annonçaient déjà compliquées il y a trois mois et même quatre, depuis la dissidence de Cédric Villani (LREM). 
Entre dissidences dans des villes symboliques comme Paris ou Lyon, candidats qui ne veulent plus de l’étiquette En Marche!  comme à Lille ou cas locaux qui font bondir des poids lourds du parti, comme à Chelles (Seine-et-Marne), le parti du président ne s'est jamais mis en marche et l'élection intermédiaire de 2020 ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices. 

A quatre mois du scrutin, le HuffPost dressait un tableau pitoyable.

Le cas Villani fait tache d'huile
A Paris, ville symbolique que Macron aimerait ravir à la maire sortante socialiste Anne Hidalgo a donné le signal de la retraite dès la rentrée de septembre. La dissidence de Cédric Villani qui n’a pas accepté la décision de l'Elysée d’investir son rival Benjamin Griveaux a fait chanceler la stratégie du président jupitérien  dans la capitale. 
Divisé, le parti n'a cessé de peiner à rattraper la maire sortante dans les sondages: le candidat officiel de l'Elysée n'arrive que 3e, voire 4é, selon les enquêtes sur les intentions de vote. 
Une stratégie perdante qui n'a pas tardé à faire des petits. A Lyon, Metz ou Sens, dès septembre, des candidatures dissidentes surgissant et ce n’était pas fini: en février, quatorze députés (dont de nombreuses femmes) avaient pris leurs distances avec LREM.... Combien de femmes se sentant souillées par les sex-tapes de Griveaux vont-elles faire gonfler la liste?

Les ex-socialistes de LREM refusent le rôle de supplétifs

A Montpellier, par exemple, le député LREM Patrick Vignal assure  qu’il se présentera quoiqu’il arrive à l’Hôtel de Ville, même sans l’investiture de son parti qui doit se pencher sur le cas de la ville jeudi 14 novembre.
"J’incarne les valeurs d’En marche!, avançait-il imprudemment... je n’ai pas quitté le PS pour enfiler des perles. J’irai jusqu’au bout”, avait très tôt lancé ce soutien de Macron à l’Assemblée nationale, avant d’ajouter dans un sourire: "S’ils me virent, c’est leur problème, mais ils ne virent pas...".
“Dans l’ancien monde, Cédric Villani aurait été exclu”, répond, à propos du cas parisien, le jeune secrétaire d’Etat Gabriel Attal, invité du “Grand rendez-vous” sur Europe1 et CNews le 10 novembre, mais on croit encore qu’un rassemblement est possible”, assurait cet ancien membre d’un cabinet ministériel socialiste.

Les candidats s'émancipent et avancent masqués.
Outre son absence d'assise populaire locale - que Bayrou propose de tenter de pallier par d'âpres négociations - l’un des problèmes du parti présidentiel, c'est le manque de discipline consentie, qui menace de s'amplifier sous la loupe des 36.000 scrutins locaux. Par exemple, nombreux sont ceux qui prennent l’étiquette En Marche! pour s’en débarrasser juste après, selon la presse. 
La vérité, c'est que l'exécutif a en fait recommandé à ses candidats de dissimuler leur appartenance: en cultivant le flou, Macron espère tromper l'électorat, comme il l'a fait en floutant jusqu'au dernier moment son projet de réforme des retraites.

Ce fut le cas à Lille où la candidate LREM, Violette Spillebout, s’est empressée de prendre ses distances avec le parti macronien devant la presse quelques mois après avoir reçu l’investiture officielle. L’ex-directrice de cabinet de Martine Aubry a déclaré en novembre ne pas vouloir être "le soldat d’un président de la République tout-puissant". Elle a précisé que "les logos vont disparaître” de ses affiches et tracts, après avoir reçu le sceau LREM par la commission nationale d’investiture (CNI).
"Tous ils font ça”, se désole Patrick Vignal. “Il y a quand même une politique de faux cul dans nos élus: je prends la marque pour la contenir et dès que j’ai la marque je deviens ‘citoyen’", moque ce vieux singe de la politique à qui on n'apprend pas à faire des grimaces. 

Macron verse dans la tambouille politicienne
"Lille est un cas classique”, abonde un autre député macroniste qui préfère requérir l’anonymat: "lls pensent que l’étiquette LREM n’est pas porteuse aux municipales, alors qu’il faudrait des étiquettes partout!", se lamente cet élu. 
C’est l’un des autres problèmes pour ce scrutin auquel fait face le parti du président sorti de nulle part : le manque de  lisibilité, mais aussi de cohérence dans les alliances passées selon les villes

Pressée par Edouard Philippe et les juppéistes qui font vivre la majorité, LREM a changé de stratégie avant l’été. Sous la pression d’élus et de ténors (tel Bayrou) plus expérimentés ou plus ancrés (MoDem), le parti de Macron s’est résolu à ne plus imposer des candidats LREM partout, mais à soutenir localement des barons locaux sortants "Macron-compatibles", pour sauver la face. Et la circulaire Castaner est assez explicite à cet égard. Lien PaSiDupes : Municipales: la circulaire scélérate de Castaner
Résultat, une stratégie peu lisible où, selon les coins, LREM soutient des maires sortants, qu’ils soient de droite, comme le juppéiste Jean-Luc Moudenc  (LR) à Toulouse ou de gauche, comme Guy Férez (PS) à Auxerre qui se présente sans étiquette, mais qui est soutenu “en même temps” par le PS et LREM.
"Ça crée de l’invisibilité, surtout que les accords se font sans contrepartie", regrette ce même élu, toujours sous couvert d’anonymat - mais en pleine possession de sa liberté d'opinion ! - comme si la critique publique était de plus en plus mal au sommet du parti présidentiel.

Autre risque : "les maires vont nous la faire à l’envers"

Si les électeurs ne sont pas matures (comme le pense Macron, d'expérience), sur le long terme, LREM va créer des déceptions profondes et durables sur le terrain. Dans plusieurs villes, des candidats très implantés n’ont pas été choisis par la direction, ce qui a pu jeter de l’huile sur le feu et, plus grave, des aigreurs.
Comme en Seine-et-Marne à Chelles, où  les marcheurs locaux ne marchent plus depuis la décision de soutenir le maire sortant LR Brice Rabaste, ancien directeur de cabinet de Jean-François Copé. "Comment va-t-on réussir à s’implanter dans la durée si on apporte notre soutien à des maires sans aucune condition?" se lamente l’un des déboussolés. 
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Soutien de son ancien assistant parlementaire Hadrien Ghomi (ci-contre, qu'il a récompensé du poste de secrétaire général du groupe LREM au Sénat)  contre Brice Rabaste, le sénateur François Patriat est excédé. Il a d’ailleurs claqué la porte du bureau exécutif de LREM qui valide les choix de la CNI, le 23 octobre.
“Le problème d’En Marche au niveau local, c’est qu’on nous dit ’vous allez soutenir les maires sortants’ qui n’ont, eux, jamais soutenu En marche à aucune élection et qui, à la prochaine présidentielle vont nous la faire à l’envers en soutenant un autre candidat qu’Emmanuel Macron”, s’agace ce marcheur de Seine-et-Marne qui pourrait soutenir une liste dissidente à Chelles si elle était lancée. 

"On a eu la marque honteuse" (Patrick Vignal, député LREM et candidat à Montpellier)
Mêmes impressions dans le sud de la France. Candidat à Montpellier, le député LREM Patrick Vignal (ci-contre à gauche) n’est pas d’accord avec la stratégie de la facilité consistant à "vouloir beaucoup d’élus locaux, 10.000, en soutenant des maires sortants".
"On n’a pas eu de stratégie concurrente, gagnante", regrette le transfuge du PS. "Nous aurions dû nous compter au premier tour. Il fallait faire comme aux législatives, quand Macron osait faire les choses et mettre des candidats partout", insiste cet élu de 61 ans. "Pour les municipales, on n’a pas osé et on a eu la marque honteuse. C’est l’erreur que nous avons faite: jouer placé au lieu de jouer gagnant", tance le député Vignal, avec la métaphore du tiercé.
 
"LREM est un mouvement très jeune", tente de justifier Gabriel Attal au micros d’Europe1 et de Cnews. "On aborde ces élections avec une forme de page blanche", reconnaît le secrétaire d’Etat qui n'ambitionne pas plus de quatre scrutin et quatre pages à son livre: une nouvelle ! “On est engagés avec des alliés comme le MoDem qui sont ancrés depuis longtemps, donc forcément ça peut frotter quelques fois”, admet-il. 

Déconnectés des territoires et de la France profonde
Des “frottements” qui font grincer les articulations de la marche dans de nombreux départements. 
A Sens (Yonne), ce n’est pas une alliance avec le MoDem mais avec le Mouvement radical qui a du mal à passer. En septembre, la députée LREM Michèle Crouzet, refusée par la commission d’investiture contre sa rivale radicale, dit tout haut ce que les élus du pouvoir central n'osent dire tout bas, estimant alors publiquement au micro de Europe1 que le président de la commission d’investiture - Alain Richard, cravate rose ci-dessus (photo 1) à gauche (avec Marie Guévenoux, veste rose au centre) - est "déconnecté des territoires" et que les dirigeants d’En Marche ne sont pas assez "à l’écoute" du terrain. Et, cas classique, elle annonce qu’elle sera candidate quand même. 
Depuis, Mediapart a rappelé que Claude Vivier Le Got (qui floute jusqu'à son âge), la candidate choisie par le parti présidentiel pour Sens, a été condamnée à un an d’inéligibilité en 2015 après l’invalidation de ses comptes de campagne des municipales 2014 et met au jour de possibles “détournements d’argent” de son entreprise à des fins personnelles. Une situation locale qui pourrait donc évoluer si les magistrats qui s'occupent du cas Balkany porte leur regard sur ce sujet...

Pendant ce temps-là à Marseille, selon La Provence,
huit candidats potentiels ont été désignés dans les différents secteurs de la ville et un “envoyé spécial” de la CNI, Jean-Marc Borello, est en mission sur place pour trouver la bonne pioche. 
Au milieu de ce grand bazar, pas sûr que les Français devront y retrouver leurs petits. 

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