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lundi 24 février 2020

Emmaüs installe les plus démunis dans la précarité

Emmaüs inaugure sa lavo’mobile pour "répondre à des besoins et réparer des injustices"

L'association accompagne-t-elle les plus démunis ou la gauche radicale?

Au lieu de combattre les causes de la pauvreté, la communauté d’Emmaüs aménage les conditions de vie des naufragés de la vie. Auxiliaire du pouvoir, elle gère la pénurie que les ministres des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, du Travail, Muriel Pénicaud, ou du Logement Julien Denormandie, ne mettent pas les moyens de résorber.

A Marseille, elle a inauguré sa lavo’mobile, pour rendre service aux plus démunis et les aider à se garder propres sur eux. Emmaüs à Marseille a en effet imaginé une voiture itinérante équipée d'une machine à laver séchante. 
La fierté se lit sur le large sourire de Kamel Fassatoui. Il vient, avec Eric et Bernard, deux compagnons de la communauté Emmaüs à Marseille, de garer sa lavo’mobile sur le parking d’une auberge de jeunesse de la Pointe-Rouge. Elle accueille des mineurs non accompagnés grâce à Médecins sans Frontières.

Les intentions politiques sont-elles vertueuses ?

Emmanuel Macron en MaraudeA trois semaines des élections municipales, la communauté d’Emmaüs souhaite interpeller sur les difficultés d’accès à l’eau pour les plus démunis à Marseille.
"Ça fait une vingtaine de jours qu’ils sont là, et à part la lessive à la main, ils n’ont pas pu laver leurs affaires", explique Romane, de l’association Just (Justice and Union toward Social Transformation) qui les encadre, soulignant du même coup les velléités gouvernementales sans se donner les moyens d'un accueil digneC’est pourquoi, pour la première fois, Kamel, le responsable d’Emmaüs, vient de garer son drôle d’engin à l’auberge de jeunesse à Marseille.
"Par transformation sociale, l'association Just entend "une démarche en profondeur qui prend en compte les dimensions morales, éthiques, sociales, politiques, économiques et méthodologiques des processus de transformations sociales." 
Marss (Mouvement et action pour le rétablissement sanitaire et social), depuis 2005, est à la fois une équipe de l'AP-HM composée d'une quinzaine de salariés et un mouvement de "citoyens volontaires" qui participent à différentes actions - comme l'ouverture d'un squat en 2007, dans la rue Curiol, rue du 1er arrondissement de Marseille à la sociologie très particulière, celui de la prostitution - ayant toutes pour objectif plus de justice sociale. Or, dans cette Rue Curiol précisément, une dizaine d'immeubles devront être évacués, quelques mois après l'effondrement des immeubles de la rue d'Aubagne, en juillet 2019, ce qui pose la question du sens des responsabilités de ce type d'associations qui exploitent le malheur de certains à des fins politiques inavouables. Ces citoyens vertueux accuseront pourtant le bailleur Marseille Habitat de "saccage d'immeuble" "pour décourager les retours" (!), sans considération de son souci de mettre les habitants en sécurité. En réaction et avec la spontanéité qu'on imagine, les membres du collectif 5 novembre occupèrent les locaux de Marseille Habitat, alors que fin 2019, les numéros 81 et 83 menaceront de s’effondrer. 
L'association Just, à Marseille 6e, exploite l'alibi d'un "lieu de répit pour les personnes sans chez-soi vivant une crise psychotique" et, loin de joindre ses efforts à ceux de l’Hôpital de la Conception, Assistance Publique des Hôpitaux de Marseille (AP-HM), elle s'oppose aux protocoles mis en place par les urgences psychiatriques, jugeant "indispensable de lutter contre les privations de liberté en psychiatrie et d’instaurer les conditions d’une véritable démocratie sanitaire". Emanation de Marss, Just adresse les demandeurs vers des membres militants d'équipes d’accompagnement: "professionnels 'classiques' du sanitaire et du social (psychiatre, psychologue, éducateur…) mis à disposition par MARSS, volontaires du service civique, travailleurs-pairs ayant une expérience personnelle des troubles psychiques, de l’exclusion sociale, et bien avancés dans leur parcours de rétablissement." Des amateurs contrecarrent ainsi les soins des professionnels et formatent les esprits de personnes en situation de faiblesse.
Dans un fourgon qu’ils ont pu acquérir grâce à la fondation AG2R la mondiale, un organisme français, à but non lucratif, de protection sociale et ...patrimoniale, les compagnons ont installé deux machines à laver séchantes. Elles sont alimentées par un groupe électrogène, ainsi qu’un sur-presseur, et directement raccordées à deux grosses cuves installées sur une remorque, pour l’alimentation en eau et l’évacuation. "On a dû tout inventer nous-même", montre, pas peu fier, le bricoleur Eric.

"Plus que la quantité, l’objectif est d’être là" : une méthode pratiquée par les 'Frères musulmans'




Tout fonctionne et les jeunes peuvent faire tourner leurs machines à laver. "Ce sont des cycles d’une heure environ; le plus long, c’est le séchage. On peut faire quatre machines avant de devoir aller remplir le réservoir et évacuer les eaux usées. Mais l’objectif n’est pas la quantité, c’est surtout d’être là", prévient Kamel, qui ne précise pas d'où vient l'eau et où elle retourne.

Une permanence est organisée chaque vendredi matin de 9h à 11h30 aux Réformés, entre la Canebière et la gare Saint-Charles, là où Emmaüs sert déjà des petits-déjeuners. Et la lavo’mobile peut se rendre n’importe où. "Ça correspond à ce qu’on aime faire : répondre à des besoins, réparer des injustices et faire ce que ne font pas les autres. On ne résoudra pas le problème à nous seuls, mais on souhaite interpeller la ville sur les choses à faire. Laver son linge, s’habiller, ce sont des besoins naturels et pourtant il y a un cruel manque d’accès à l’eau pour les plus démunis à Marseille", regrette Kamel Fassatoui, responsable d'Emmaus Pointe Rouge, à plus de 8 km de là.
Son blog est hébergé par Mediapart.

Après une année de réflexion et de travail, les compagnons ont même pensé à installer un auvent. "Ça permet d’être à l’abri du temps et des regards. On sait que certaines personnes ne veulent pas utiliser le camion douche parce qu’ils ne veulent pas se montrer", explique Bernard. Au bout d’une heure, la machine est finie et le linge est propre.Même avec peu de moyens, Emmaüs prouve que les choses peuvent être bien faites.
En 2016, Emmaüs a eu les moyens d'ouvrir une nouvelle boutique dans le centre ville de Marseille, aux Cinq Avenues, dédiée à l'enfant (puériculture, livres enfants, vêtements, jouets).

Kamel Fassatoui n'est pas un simple GO social

Au lendemain de l'arrestation d'un compagnon sans-papier à Marseille, le Gentil Organisateur à Emmaüs a été placé en garde à vue et l'antenne de la Pointe-Rouge, perquisitionnée pour rechercher d'autres clandestins. Dénonçant une dérive, le mouvement fondé par l'Abbé Pierre a ainsi confirmé les soupçons de lutte politique en zone de non-droit se situant au-dessus des lois de la République. 
"Quand quelqu'un est à la rue, dans une situation d'urgence et de détresse, on ne va tout de même pas lui demander ses papiers !," s'insurge un bénévole capable de citer Nicolas Sarkozy, il y a 13 ans, en octobre 2007. Alors bénévole ou activiste ? Le JDD a choisit et assure que "ce grand principe d'accueil inconditionnel a été mis à mal" à Marseille
Un sans-papiers "baptisé" Hamid est interpellé dans le cadre d'un contrôle d'identité. Le lendemain, le responsable de l'antenne, Kamel Fassatoui, est logiquement convoqué par la police de l'Air et des Frontières (PAF). "Quand je suis arrivé dans les locaux, on m'a signifié ma garde à vue, raconte l'homme au JDD.fr. J'ai cru à une plaisanterie."
Interrogé par deux officiers, Kamel Fassatoui "doit répondre" sur le fonctionnement et le financement de sa communauté, rapporte le JDD. "J'ai eu l'impression qu'Hamid n'était qu'un prétexte", commente le militant, ensuite "sommé" (JDD) de donner les noms des éventuels compagnons de sa communauté qui seraient sans-papiers. Refus du responsable d'obtempérer. Les policiers, sur ordre du procureur, procèdent alors à la perquisition des locaux du mouvement. "Ils ont demandé les dossiers administratifs des compagnons portant des noms à consonance étrangère, hors espace Shengen", s'indigne Kamel Fassatoui, s'affichant en 'No Border', réseau transnational de collectifs et d'individus investis dans les luttes pour la liberté de circulation et l'abolition des frontières, ce que Emmaüs tolère parfaitement : groupement d'associations loi de 1901, elle est membre d'Emmaüs International. L'activiste sera libéré à l'issue de cette perquisition.

"On sent bien qu'il y a une sorte d'acharnement sur ce public-là," estime Fassatoui.

Emmaüs Pointe-Rouge interpelle les candidats 
à la mairie de Marseille sur le logement et 
sillonne la ville avec cinq camions affichant 
les revendications de la Fondation Abbé Pierre 
signées par 29 associations marseillaises.
Les magasins Emmaüs du Sud-est de la France ont fermé en signe de solidarité. "Criminaliser des lieux d'accueil, qui ne font que leur travail, c'est cela qui nous choque le plus," explique, depuis Montreuil, Teddy Roudaut, un ex-assistant de publication pour la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) il y a 20 ans, et actuellement chargé de communication d'Emmaüs France, joint par leJDD.fr. 
La loi s'applique partout, qu'Emmaüs le veuille ou non.
En 2007, à Foulain (Côte d'Or), des policiers avaient procédé à des contrôles d'identité à l'intérieur même de la communauté Emmaüs locale, qui n'est, jusqu'à preuve du contraire, ni une mosquée, ni un quelconque sanctuaire. Un compagnon sans-papiers handicapé avait été arrêté alors qu'il se trouvait à la CPAM pour renouveler ses droits. "Le problème, c'est qu'on commence désormais à s'attendre à ce genre d'opérations. On sent bien qu'il y a une sorte d'acharnement sur ce public-là", accuse Teddy Roudaut.

Kamel Fassatoui s'étonne qu'un procureur puisse ordonner une perquisition. "C'est une décision politique, affirme l'activiste. Peut-être M. Besson [Nouveau ministre de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du Développement solidaire, 2009-2010] veut-il marquer son arrivée et faire plus fort que M. Hortefeux, insinue-t-il, avant d'ajouter, passant à la généralisation: "Peut-être aussi est-ce de l'intimidation et un signal fort envers toutes les associations qui viennent en aide aux sans-papiers. Ce n'est certainement pas anodin," insinue-t-il, sous l'effet du syndrome de la victime. 
Emmaüs réfléchit désormais à une riposte, prévient le JDD. Le mouvement a déjà reçu le soutien d'associations telles que Médecins sans frontières, l'Armée du salut, la Cimade ou Ligue des droits de l'Homme, mais il faudrait également citer la nébuleuse d'associations communautaristes.  "On fera quelque chose de très très fort", menace Kamel Fassatoui.

*Détenu au centre de rétention du Canet, 'Hamid', qui réside en France depuis huit ans, dont les trois dernières années à Emmaüs, devait être expulsé dans les quinze jours, selon la décision du Tribunal de grande instance. Mais le mouvement, qui avait réclamé une assignation à résidence, devait faire appel.

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