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vendredi 28 février 2020

Retraites: Jacques Maire, co-rapporteur du texte, accusé de conflit d'intérêts

Le fils d'Edmond Maire (secrétaire général de la CFDT, 1971-1988) met LREM dans la panade

Co-rapporteur de la réforme des retraites, l’élu LREM a été interpellé sur ses 400.000 euros d’actions chez l’assureur Axa, qui vend des plans d’épargne-retraite

Sa suffisance est à elle seule une insulte
à la méritocratie et à la démocratie 

La CFDT verse dans la face obscure du réformisme vertueux...

Ce fils de... a occupé différents postes dans la haute fonction publique, dont ceux de conseiller diplomatique, chargé des affaires européennes auprès du Premier ministre de François Mitterrand, Pierre Bérégovoy, dans les années 1990-2000 et penser qu'il aura été pistonné serait ne pas lui rendre justice de son immense mérite personnel. Sa défense hors sujet confirmerait toutefois les doutes : Effectivement, je n’ai pas passé ma vie à courir les mandats électoraux. Je n’ai pas passé ma vie à cumuler les fonctions. Je n’ai pas passé ma vie dans le confort d’une carrière particulière”, a répondu (un peu à côté) Jacques Maire, se disant “convaincu que les Français ne veulent pas de députés qui soient des professionnels de la politique pendant quarante ans”.

Socialiste, puis député LREM au premiers signes de l'agonie du PS, ce co-rapporteur du texte sur la réforme des retraites a été accusé de conflits d’intérêts du fait de son portefeuille d'actions chez Axa. Une mention figurant sur sa déclaration d’intérêts à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP) a attiré l'attention...

Mis en cause par les Insoumis,
l’élu a évidemment été défendu par la déontologue de la majorité macronienne à l’Assemblée nationale, ce vendredi. 
A la suite des révélations de la députée LFI  Mathilde Panot sur un potentiel "conflit d’intérêts", Jacques Maire avait saisi, mardi, la déontologue de l’Assemblée pour "ne pas laisser d’ambiguïtés". 

Le député LREM des Hauts-de-Seine a avoué posséder "17.700 actions" d’Axa pour "une valeur de 400.000 euros", liées à ses fonctions passées chez l’assureur de 2002 à 2012. Ce groupe international d'assurance a été cofondée par Claude Bébéar qui est devenu son président du conseil de surveillance. Dans une tribune publiée dans Les Echos en avril 2017, il apporta publiquement son soutien à Macron dans l’élection présidentielle.
Or, vendredi 21 février, l’équipe du député avait assuré qu'il avait revendu ses parts. Et, en répondant dans l’hémicycle, Jacques Maire avait lui-même aggravé son cas, suggérant qu’il en est toujours détenteur...
Dans le second article d'un service de fact-checking,
Jacques Maire livre un commentaire supplémentaire, transmis par son entourage: “la HATVP demande à ce que la déclaration soit mise à jour en cas de changement substantiel de situation. Je fais des mises à jour quand c’est le cas”. Autrement dit, la situation est régulière, circulez !Une version diamétralement opposée à la première et selon laquelle il avait soldé son portefeuille. Et qui conduit désormais les députés LFI à demander que Jacques Maire quitte son poste de co-rapporteur. "Comment Jacques Maire peut-il continuer à être rapporteur de la loi sur les retraites ?, s’indigne sur Twitter la députée de Seine-Saint-Denis Clémentine Autain. “Sa situation de conflits d’intérêts est donc avérée", renchérit sa collègue du Val-de-Marne, demandant le retrait du député. Mais il en faut plus à une juriste de haut vol bombardée "déontologue" (ils n'ont pas peur des mots) pour bons et loyaux services antérieurs.
"Pas nécessaire que vous renonciez pour l’avenir à l’exercice de vos fonctions"
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"Aucun conflit d’intérêts ne peut vous être reproché", a jugé la déontologue au député LREM, corapporteur de la réforme des retraites. "Il ne paraît pas nécessaire que vous renonciez pour l’avenir à l’exercice de vos fonctions", a-t-elle écrit, évacuant la possibilité de pressions sur ses collègues de travail et rappelant que la partie du texte dont Jacques Maire a la charge concerne l’âge minimal de départ à la retraite, le cumul emploi retraite, la retraite progressive ou la retraite anticipée. "Vos intérêts financiers au sein du groupe Axa ne vous interdisent pas d’exercer les fonctions de rapporteur du titre 2 dès lors qu’aucune disposition de ce titre ne concerne directement l’épargne retraite, et que par conséquent vos intérêts privés ne sont pas susceptibles d’interférer avec vos fonctions de rapporteur », a-t-elle ajouté.
Cette déontologue-maison de 44 ans, le professeur Agnès Roblot-Troizier, une juriste, a été nommée à l'unanimité des membres du Bureau, le 2 août 2017, sur proposition de l’ex-président de l’Assemblée nationale, François de Rugy. Elle avait déjà servi la gauche: en 2012, l’ancien premier ministre, Lionel Jospin, l'avait nommée membre de la Commission sur la rénovation et la déontologie de la vie publique. 

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 Dans sa déclaration d’intérêts, Jacques Maire ne faisait état que de 13.836 parts chez l’assureur Axa. 
Sa participation a augmenté depuis par la levée de "dernières options en décembre 2018". "La déontologue m’a indiqué qu’il aurait été souhaitable que ma déclaration fasse état de cette levée, ce que j’ai fait aujourd’hui même", a-t-il déclaré, sans empressement. 
La déontologue estime qu’il aurait "également été souhaitable que je signale mes intérêts lors des débats en commission et avant même d’accepter les fonctions de rapporteur. Ce n’est ni l’usage, ni une obligation, mais je reprends totalement à mon compte cette recommandation", a-t-il poursuivi.

Au final,
malgré deux "négligences", tout va bien pour 
Agnès Roblot-Troizier : la déontologien'est plus ce qu'elle était !



"Ses parts chez Axa interfèrent avec ses fonctions publiques"


Jacques Maire, fils de cadre syndical reconverti dans le tourisme... social à la présidence de VVF (Villages Vacances Familles, qui deviendra Belambra Clubs après avoir été... privatisé en juillet 2006, un an avant son décès), a indiqué qu’il se "déportera" [récusera] sur trois articles du projet de loi ordinaire (13, 15 et 65) dont il n’est pas rapporteur mais qui sont "susceptibles d’avoir un effet potentiel mais sans être automatique sur le recours à des dispositifs épargne retraite", selon la déontologue. 

Bien qu'il se soit soudain déclaré incompétent, aveu implicite de conflit d'intérêts que la déontologue n'a pas condamné -,  Jacques Maire a toutefois dénoncé une "manœuvre" de Mathilde Panot (LFI) qui a "libéré sur les réseaux sociaux des torrents de haine contre moi-même, ma propre famille, la mémoire de mon père, contre le syndicalisme responsable de la CFDT, c’était évidemment un des buts", s'est étranglé, à  57 ans, ce syndicaliste du temps de sa jeunesse. Enarque que le soupçon de favoritisme n'atteint pas, il a oscillé entre cabinets ministériels et privé. 

Ses déclarations ont entraîné une série de rappels au règlement dans l’hémicycle et deux suspensions de séance. Selon l’insoumise Clémentine Autain, Mathilde Panot a "lancé une alerte", car Jacques Maire "détient un intérêt. Ses parts chez Axa interfèrent avec ses fonctions publiques. Demander de la vertu, ce n’est pas l’inquisition, c’est tout à fait normal en démocratie".

Et la transparence n'est pas un luxe : alors que la bataille sur la réforme des retraites fait rage au Palais Bourbon, cette légèreté ne devrait pas arranger les affaires déjà très compliquées de la majorité présidentielle empêtrée dans ses velléités de réforme des retraites 

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