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jeudi 13 février 2020

La baisse du chômage annoncée par Bercy, info ou intox ?

Derrière l'arbre de la baisse du chômage, la forêt d’emplois précaires

Un économiste explique pourquoi Bruno Le Maire dénonce la dernière étude de l'Observatoire français des conjonctures économiques


La politique du gouvernement est néfaste pour le pouvoir d'achat des plus modestes, souligne l'OFCEpolitiquement classé à gauche. Et  la baisse du chômage clamée par le gouvernement est un leurre. "Socialiste insoumis" associé à la France Insoumise (LFI), Liêm Hoang-Ngoc, ancien député européen PS, maître de conférences en économie à l’Université de Paris, donne raison à l'OFCE contre le ministre de l'Economie de Macron, lui-même ancien maître de Bercy. 
La publication de l’étude annuelle de l’OFCE sur les effets de la politique du gouvernement a suscité l’agacement du ministre de l’Economie et des finances. Contestant "l’esprit et la méthode" de ce travail, Bruno Le Maire affirme que la décrue du chômage en 2019 atteste du bien-fondé de la politique menée. La sienne. Or, elle est bien loin d’atteindre tous les objectifs annoncés.

Que dévoile l'étude de l’OFCE ?

Très rigoureuse sur la méthode, la simulation de l’OFCE montre que "l’effet cumulé des mesures socio-fiscales de 2018 à 2020 reste très fortement marqué par le geste fiscal effectué en direction des ménages les plus aisés en début d’année 2018" : suppression de l’ISF sur la détention d’actions et d’obligations et "flat tax" sur les revenus qu’ils procurent. 

En revanche, elle indique que
"l’effet cumulé des mesures prises devrait être négatif pour les 10% des ménages les plus pauvres" (suppression des APL, baisse ou suppression des allocations pour de nombreux chômeurs, désindexation de prestations sociales vis-à-vis de l’inflation). 

L'OCDE intègre bel et bien les effets de la prime d’activité et du "zéro reste à charge," assure Liêm Hoang-Ngoc, contrairement aux allégations de Bruno Le Maire
L'universitaire rend justice à l'OCDE qui souligne, les destinataires de la suppression de la taxe d’habitation, les classes moyennes sont les principales bénéficiaires des "mesures gilets jaunes" (baisse de l’impôt sur le revenu, prime d’activité, défiscalisation des heures supplémentaires), ayant pour effet de soutenir la demande. 
Enfin, les collectivités territoriales voient leur budget affecté par la baisse des dotations de l’Etat, dont le déficit est lui-même tributaire en 2019 du "double CICE" versé aux entreprises (crédit d’impôt versé au titre de l’année 2018 et transformation en baisse pérenne de cotisations patronales).

En fait, le ministre critique "l’esprit" de l’étude qui est suspecte de propagation de l’idée que la baisse des inégalités passe par la redistribution. Pourfendeur des politiques de redistribution, qu’il accuse d’accroître la pression fiscale, le chômage et la pauvreté, Le Maire soutient que la politique menée par le gouvernement est susceptible de s’attaquer aux inégalités en encourageant le travail. Elle commencerait à provoquer ses effets, comme en témoigne la décrue du chômage.

La baisse du chômage est l’arbre qui cache la forêt

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Le chômage a bien baissé de 3% en 2019, alors même que la progression du PIB décroît depuis 2017, où elle avait atteint 2,2%. 

"En même temps", la croissance baisse : elle fut de 1,7% en 2018 et de 1,2% en 2019. Poursuivant sa chute à -0,1% au dernier trimestre 2019, elle serait de 1,1% en 2020. 
De surcroît, les gains de productivité ont été nuls au cours des deux premiers trimestres 2019. 

Tout ceci signifierait que la croissance va se retourner, incessamment sous peu, si l'avenir est plus sûr que le présent : les années à venir seraient plus riches en emplois qu’auparavant, la croissance étant quatre fois plus riche en emplois qu’au cours des Trente glorieuses où les gains de productivité étaient de 4% par an). 

Mais les créations d’emplois sont localisées dans les secteurs à faible valeur ajoutée, tels que la restauration, le commerce, les services aux personnes et le bâtiment. Ces secteurs traditionnels ont aussi bénéficié de l’abaissement du coût du travail et des réformes du code du travail. Ils sont gourmands en emplois peu qualifiés, rémunérés au niveau du SMIC. Ils sont en outre fortement tributaires de la conjoncture, dont la tenue provisoire explique la baisse des demandeurs d’emplois de catégories B et C, occupant des emplois à courte durée: disons-le, les emplois précaires.

Autre hic! Si  les entreprises ont peu à peu transformé les CDD en CDI depuis la reprise de 2017, un retournement pourrait entraîner une forte recrudescence du chômage, dès lors que l’assouplissement du code du travail permet aux entreprises de réduire aisément les salaires et l’emploi face à une baisse d’activité.
Après Le Maire, le déluge ?

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