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samedi 22 février 2020

Le gouvernement français, champion de la censure sur Twitter ?

80% des demandes de retrait de tweets dans le monde proviendraient du gouvernement français en 2016

La France est 2e derrière la Turquie



Le vice-président du RN Jordan Bardella a mis le doigt sur les "dérives" de la France "à l’égard de la liberté d’expression". Cette révélation de l'eurodéputé sur LCI dimanche 16 février, est toutefois attaquée par la presse de gauche qui refuse d'y voir un exemple flagrant de censure sur internet.

Des fact checkers se mobilisent pour le contredire, sans preuves !


Notre presse fait de l'info à partir d'a priori.

Que la Turquie soit le premier pays en termes de demandes de suppression de posts sur Twitter, au vu de la politique de Recep Tayip Erdogan concernant les réseaux sociaux - c'est ça la preuve - , jusque-là ils n'ont rien à redire, bien au contraire. Mais "que la France soit le deuxième pays au classement paraît bien plus surprenant" : sur quelle base, cet étonnement ? La voici : " vu l'écart avec le troisième, la Russie".


La presse partisane nie en bloc en se fondant sur un "rapport de transparence" de... Twitter !
On n'est jamais mieux servi que par soi-même...Twitter a publié son rapport semestriel (janvier 2014-juin 2014 : ça date et Twitter ne fait pas de zèle pour renouveler l'opération !) sur la transparence des demandes d'informations et de suppressions de posts de ses utilisateurs. Des demandes qui ont augmenté de 46% par rapport aux six mois précédents, concernant le quinquennat Hollande (2012-2017). Avec quelques surprises.

Au total, 2.058 requêtes d'informations sur les utilisateurs ont été formulées au réseau social en provenance de 54 pays différents. "La grande majorité, sans surprise [commentaire partisan], provient des Etats-Unis" (2009-2017, c'est l'administration démocrate d'Obama): 61% (1.257 demandes pour 325 millions d'habitants et plusieurs comptes Twitter par famille). Suivent, loin derrière, le Japon (192 demandes), l'Arabie Saoudite (189 demandes) ou encore le Royaume-Uni (78 demandes).

De ce point de vue, la France "semble rester calme" (sic) avec seulement 36 demandes d'informations effectuées (pour seulement 65 millions d'habitants); mais seuls 8% des comptes concernés ont vu leurs informations communiquées, sans que soit précisé le taux correspondant aux USA, si on veut comparer équitablement.


La France reste-t-elle seulement vice-championne de la suppression de posts ?




Si les demandes d'informations sont relativement faibles en France, ce n'est pas le cas pour les demandes de suppressions de posts. Dans ce classement-là, la France arrive deuxième, juste derrière la Turquie, ce qui indépendamment de la comparaison avec le régime turc et en l'absence de données concernant la Chine, Cuba ou la Corée du Nord, malgré une population française 
cinq fois moindre que les USA au temps d'Obama.

Les autorité turcs ont émis 121 demandes de suppressions de la part des autorités - contre 36 en 2014 : près de quatre fois plus en moins de six ans -, ainsi que 65 demandes de suppressions soutenues par une décision de justice avec un résultat impressionnant : 17 comptes supprimés et 183 tweets censurés par Twitter... soit 30% des demandes.
Et la France socialiste de Hollande : avec 107 demandes de suppression par les autorités et une demande soutenue par une décision de justice, le pays des droits de l'Homme a fait censurer 30 tweets (28% des demandes).
A eux seuls, la Turquie et la France sont à l'origine de la suppression de 213 tweets sur les 251 tweets supprimés entre janvier et juin 2014.
Que la France représente moins de 2% des demandes ne change rien. C'est juste une présentation fallacieuse des atteintes à la liberté d'expression en France.


Les dernières données officielles publiées par Twitter, au premier semestre 2019

Sur un total de 17.510 requêtes dans le monde (incluant la Chine, Cuba ou la Corée du Nord) - en hausse de quelque 84% -, on dénombrait 347 demandes de retrait légales en France, plus de 3 fois plus sous Macron que sous Hollande, sous l'effet de la campagne présidentielle du candidat d'En Marche!. 
Les chiffres produits par l'eurodéputé RN ne sont donc pas délirants comme le suggèrent les rois de la "carabistouille" chiffrée du 'fact checking' macronien.

Les socialistes obtiennent, pour l'heure, le pompon
Au second semestre 2013, quand le nombre de requêtes a atteint 87% des demandes de suppressions de tweets dans le monde, Hollande a fait grimper le pays à la première place. Or, à cette époque, quand seulement 25 pays étaient comptabilisés, mais les 353 demandes légales françaises plaçaient la France au premier rang mondial des atteintes aux libertés, qu'on le veuille ou non, de quelque manière qu'on s'y prenne pour maquiller la réalité.

Avec 1.800 demandes en 2016, il est difficile d'affirmer que Jordan Bardella déraille, si ses contradicteurs passent sous silence le rang de la France au classement mondial,  pour asséner que 19% du total mondial des requêtes s'est rien si le suivant n'est qu'à 15%... 

La France doit se comparer avec la Turquie et la Russie : flatteur ?

Il faut retenir que les Etats autoritaires exercent des pressions sur Twitter.
Les 'fact checkers" ne sont pas que des décrypteurs malveillants des chiffres mais leurs manipulateurs à des fins politiciennes. Depuis 2013, ce sont la Turquie et la Russie qui envoient le plus de requêtes de ce type à Twitter, insistent-ils, mais que ne prennent-ils pas les années 2016 ou 2019 pour référence?

Outre le gouvernement, les demandeurs de censure sont le Parquet ou les avocats. 
Même si on reste dans le domaines des corps constitués contrôlés par l'Etat ou tel ou tel conseil d'ordre professionnel, l''eurodéputé aurait dû préciser que le gouvernement n'est pas le seul demandeur, car les requêtes pour supprimer un contenu peuvent aussi émaner des forces de l'ordre, d'avocats ou d'organisations partenaires qui luttent contre les discriminations. Elles peuvent aussi découler de décisions de justice. Twitter cite plusieurs exemples de contenu retiré au cours des dernières années, notamment des tweets haineux à l'encontre de Bilal Hassani, la star française de l’eurovision 2019. En mai de la même année, une association avait demandé et obtenu la suppression d'un tweet homophobe contre les deux otages français au Bénin. 
Cela dit, les exemples pourraient être nettement moins flagrants. N'importe quelle personne critiquée peut signaler un post, voire un compte, qui lui déplaît. De surcroît, les cadres de Twitter ne sont exempts de préférences politiques, d'idées préconçues et d'égards envers les personnes influentes. Ainsi aucun tweet considéré 'raciste' ou misogyne de Trump n'a été supprimé.

Twitter est loin d’approuver toutes les demandes de retrait.
Quand bien même le nombre de requêtes légales serait important, la plateforme n’accepte pas toujours de supprimer le contenu visé. Ce serait une chance, si  la plateforme de micro-blogging prenait la peine de justifier ses fermetures, elles-mêmes autoritaires et sans appel : la victime ne sait pas qui est l'auteur de la requête.
  
On observe d'ailleurs que le taux d'approbation de Twitter est relativement faible pour la France : 9% sur les six premiers mois de 2019. Pour chaque demande, Twitter vérifie la conformité des tweets avec ses conditions d’utilisation. Mais l'interprétation de ses critères reste subjective et  donc l'incrimination floue et donc discutée.  

A partir de là, deux possibilités de sanction : soit la plateforme juge souverainement un tweet contraire à ses conditions d’utilisation et elle peut aller jusqu’à la suppression du contenu ; soit elle juge le contenu contraire seulement à la législation d’un pays en particulier, alors il pourra être "restreint", c’est-à-dire inaccessible aux utilisateurs dans le pays où la loi a été enfreinte.

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