Le maire de Bordeaux va-t-il accepter la proposition du président de l'Assemblée ?
Ce choix politique partisan est une provocation ciblant l'opposition de droite
Le président de l'Assemblée nationale, Richard Ferrand, a proposé l'accession de l'ancien premier ministre au Conseil constitutionnel. Selon Sud-Ouest, il communiquera sa décision et annoncera son abandon de la mairie de Bordeaux jeudi.
Actuel président de l'Assemblée nationale, l'ancien président du groupe des députés La République en marche (LREM), Richard Ferrand, a proposé mercredi 13 février le maire de Bordeaux Alain Juppé (ex-Les Républicains) pour siéger au Conseil constitutionnel, a-t-il annoncé dans un communiqué.
Alain Juppé devrait ainsi succéder au socialiste Lionel Jospin, 82 ans.
Ce choix est celui d'un déserteur du Parti socialiste, après 37 ans de militantisme (1980-2017)
L'élu de ce socialiste rallié à Macron est un ancien président de l'UMP (LR).
Ce septuagénaire aura 83 ans à la fin de ses fonctions parmi les "Sages". Le "nouveau monde" de Macron prend ainsi un sacré coup de vieux.
C'est "un homme d'Etat, fort d'une expérience de la décision publique, qui saura avec une véritable exigence républicaine garantir le respect des principes et des règles fondamentales de la Constitution de la République", s'est justifié R. Ferrand.
Selon Sud-Ouest, l'ancien premier ministre annoncera sa démission de la mairie de Bordeaux, dont il était à la tête depuis 2006, lors d'une conférence de presse jeudi à 11h.
Le choix discutable d'un "loser"
Longtemps donné favori de la droite à l'élection présidentielle de 2017, il en a été éliminé par les siens lors de la primaire présidentielle de la droite et du centre de 2016. Par la suite, aigri et vindicatif, il s'est rapproché d'Emmanuel Macron et a quitté son parti Les Républicains.
Avec 28,6% des voix, contre les 44,1 % de François Fillon, il est éliminé, et les sondages qui le donnaient gagnant sont désormais entachés pour longtemps de suspicion.
En novembre 2017, alors que Laurent Wauquiez est favori pour prendre la tête du parti Les Républicains, ex-UMP, Alain Juppé évoque la possibilité de constituer un "mouvement central avec Emmanuel Macron en vue des Européennes de 2019". Le 5 décembre, quelques jours avant le congrès des Républicains, il indique qu'il votera pour Maël de Calan, un de ses porte-paroles de campagne lors de sa glorieuse primaire et un parfait inconnu qui sera laminé par Laurent Wauquiez lors du congrès.
Au plan des idées, Juppé part en vrille.
En 2011, il se dit favorable "à quelque chose qu'on pourrait appeler un mariage homosexuel, mais avec un nom différent", puis déclare en 2014 qu'il ne souhaite pas revenir sur la loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe votée en 2013.
Au lendemain du référendum grec de 2015 faisant suite à l'échec des négociations de la Grèce avec la troïka sur le sujet de la crise de sa dette publique, Juppé prône d'abord la sortie de la Grèce de la zone euro (Grexit), se démarque de son parti politique, mais revient ensuite sur sa position.
En 2016, il se déclare opposé à l'interdiction du voile à l'université et du burkini sur les plages.
Un condamné en justice qui pourrait entrer au Conseil constitutionnel.
En 1999, Alain Juppé est mis en examen pour "abus de confiance, recel d'abus de biens sociaux, et prise illégale d'intérêt" pour des faits commis en tant que secrétaire général du Rassemblement pour la République (RPR) et maire adjoint de Paris aux finances, de 1983 à 1995. Il sera condamné par le tribunal correctionnel de Nanterre à 18 mois de prison avec sursis et à une peine de dix ans d'inéligibilité.
Ses démêlés judiciaires le conduisent à démissionner de ses fonctions parlementaires, municipales et dans son parti : il quitte la présidence de l'UMP le 16 juillet 2004 et son siège de député le 23 septembre suivant.
Il pourrait côtoyer Mézard au Conseil constitutionnel.
Jacques Mézard était membre du Parti radical de gauche (PRG), devenu le Mouvement radical, social et libéral (MRSL). En 2017, il rejoint le premier gouvernement Edouard Philippe en tant que ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation. Un mois plus tard, il devient ministre de la Cohésion des territoires. Il quitte le gouvernement l’année suivante et se voit nommé membre du Conseil constitutionnel par Emmanuel Macron en 2019.
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