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mercredi 27 février 2019

Ford Blanquefort - le gouvernement compte les points : Le Maire n'a que des regrets et Griveaux, que des signes d'impuissance

Depuis la signature de convention par Michel Delpuech, la situation s'enlise dans l'agglomération bordelaise désertée par Juppé

Bruno Le Maire vit mal son impuissance

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Mars 2018 : Bruno Le Maire a reçu élus et délégués syndicaux,
dont le cégétiste Gilles Lambersand (t-shirt blanc), à Bercy
A la sortie d'une réunion à Bercy pour acter - avec les représentants syndicaux de Ford-Blanquefort et les élus locaux de Gironde - la fermeture désormais inéluctable de l'usine bordelaise, le ministre de l'Economie de Macron a dû se contenter de fustiger l'attitude "indigne" du constructeur américain.

Ford a en effet confirmé à ses salariés ne pas accepter la dernière proposition du repreneur potentiel, Punch Powerglide, entreprise franco-belge (Punch Metals International) établie à Strasbourg, spécialiste des boîtes de vitesses, une décision qui entraîne l’arrêt du site et condamne les 850 salariés. "Nous regrettons que cette offre n'ait pas été acceptée", a commenté le ministre de l'Economie et des Finances. "L'attitude qu'a eue Ford (...) est indigne d'un grand groupe industriel", a-t-il ajouté, visiblement humilié.
"Ils ont accepté des conditions de travail plus difficiles, avec des suppressions de RTT, des heures de travail plus longues, un niveau de rémunération gelé pour un certain nombre d'années", avait-il fait valoir. Le Maire avait même été insultant : "J'ai dit au président de Ford, il y a quelques jours, que j'aimerais que la direction de Ford soit à la hauteur de la dignité des salariés de l'usine de Blanquefort", , avant de clamer : "Nous pouvons sauver l'usine !"...
Le Maire n'excluait pas "une nationalisation temporaire"
Le ministre avait évoqué une autre option :  le  19 décembre 2018, Europe 1 titra "Ford Blanquefort : Bruno Le Maire n'écarte pas un rachat provisoire par l'État". "S'il faut, à un moment donné, que l'Etat fasse la jonction entre Ford et Punch, pour qu'il puisse y avoir une reprise effective et que le site reste ouvert, j'y suis prêt", avait-il assuré. "Ce qui compte, c'est que les salariés aient du boulot, que l'usine reste ouverte et que l'industrie française devienne conquérante. Parce que le jour où une usine ferme, en général elle ne rouvre pas et derrière c'est plus de souffrance et moins de prospérité pour les Français". Avant de conclure : "Je ne lâche rien"...

Ainsi les coups durs industriels s’enchaînent pour le gouvernement les salariés, après l’échec de la reprise d’Ascoval par Altifort, soulignant le rôle d'observateur du gouvernement et le désintérêt de Macron en campagne pré-électorale.

Le 6 janvier 2019, au micro du Grand Rendez-Vous Europe1/Cnews/Les Echos, le ministre de l'Economie et des Finances avait rappelé son attachement à ce que l'usine Ford de Blanquefort reste ouverte, quitte à ce que l'Etat "fasse la jonction entre Ford et Punch," avait encore promis Bruno Le Maire. "Que Ford veuille partir de France et d'Europe, c'est un fait acquis. Mais on ne part pas dans n'importe quelles conditions", avait clamé le ministre dans le climat tendu que connaissait déjà la France en pleine crise sociale incarnée par les Gilets jaunes en lutte.

Constat d’échec du gouvernement. 
Le ministre l’Economie s’était personnellement engagé depuis un an sur ce dossier social très sensible. Après un premier refus de Ford, la nouvelle offre de reprise de Punch, jamais détaillée, avait ainsi été annoncée triomphalement par Bercy le 18 février, et ce, malgré les mises en garde des syndicats sur sa solidité.

Les syndicats soulignent donc que le rejet par Ford de l’offre de Punch est un constat d’échec de la gestion du dossier par Bruno Le Maire. "On a du mal à comprendre qu'en face il y ait si peu de répondant", a dénoncé Philippe Poutou, délégué CGT de Ford Blanquefort et candidat à l’élection présidentielle en 2012 et 2017. "Ce qui est triste, c'est ce constat qu'un Etat ne puisse pas contraindre une multinationale comme Ford", a-t-il lâché. Le Maire et l'exécutif ont donc perdu une bataille.

Le gouvernement entend bien tordre le bras du constructeur américain sur le plan social.
Après bientôt deux ans de pouvoir sans partage, des promesses et des mesures sans effets, et la veille des élections européennes, Macron espère continuer à faire illusion. Des sondages de commande ne donnent-ils pas en tête le parti qu'il promeut lors de ses séances de stand-up pré-électoral à tout propos.  Le Maire doit, à n'importe quel prix, faire en sorte que l’atterrissage soit le moins brutal possible pour les salariés. 
Bruno Le Maire a donc martelé lundi que Ford "doit payer" pour que le plan social soit "solide" et aussi pour "garantir la dépollution (du site), ainsi que payer le territoire en amenant les fonds nécessaires à la réindustrialisation du site".

Des déclarations gouvernementales censées mettre la pression sur Ford... 
"Conscient des conséquences" de sa décision sur "les salariés, leurs familles et pour la communauté locale", le constructeur assure avoir "présenté un plan social complet". Ford propose ainsi "des plans de reclassement et de cessation anticipée d'activité" et des "mesures destinées à aider les salariés à retrouver un emploi ou à poursuivre d'autres opportunités de carrière, qu'il s'agisse de créations d'entreprise ou de formations de reconversion". 
Il a en outre promis "un vaste plan de réindustrialisation destiné à réduire l'impact sur la collectivité locale" de cette fermeture.

Le plan social n'est pas encore validé.
La préfecture avait rejeté la première version déposée en janvier. Elle rendra son avis d’ici début mars. Un feu vert enclencherait la procédure de fermeture, plus d'un an après l'annonce par Ford début 2018 de son intention de se désengager de cette usine implantée en 1972 aux portes de la capitale girondine. Un mois après le rejet du premier PSE, le 13 janvier, Juppé, maire de Bordeaux, acceptait d'enfiler ses pantoufles au Conseil Constitutionnel, le 13 février, en triplant son salaire.

Bruno Le Maire a, quant à lui, fait part de sa volonté de rechercher des solutions pour garantir un avenir au site industriel de Ford à Blanquefort (Gironde) en annonçant la création d'un ...groupe de travail pour "mettre toute notre énergie pour imaginer l'avenir industriel du site". "A partir du moment où Ford a pris cette décision définitive, maintenant c'est l'avenir qu'il faut imaginer", a estimé Bruno Le Maire.


Ces "engagements ont été pris alors que nous n'étions pas au gouvernement"


Michel Delpuech, le préfet d'Aquitaine, et Dirk Heller, directeur chez Ford, cosignent la convention sur l'avenir de Blanquefort
Michel Delpuech, alors préfet d'Aquitaine, et Dirk Heller, directeur 
chez Ford, cosignent la convention sur l'avenir de Blanquefort

L'Etat ne peut pas réclamer à Ford les aides versées, affirme Griveaux

L'Etat ne peut pas, en droit, demander à Ford de lui rembourser les aides perçues au cours des dernières années, a avoué mardi le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux,en réaction à la proposition de réclamer le remboursement de ces aides, émise par Philippe Poutou, délégué CGT de Ford Blanquefort et ancien candidat  trotskiste (Nouveau parti anticapitaliste) à la présidentielle. Sur franceinfo, Griveaux a précisé qu'"il y a eu 15 millions d'aides versées à Ford". Mais "on ne peut pas les demander car ces 15 millions d'aides étaient liés à des engagements sur l'emploi que Ford a tenus", a admis le petit coq à la crête pendante "Ils ont été pris depuis de nombreuses années (...)", déclare Griveaux ("il y a de nombreuses années", selon ceux qui parlent français)."Et ils ont été tenus," assure aujourd'hui le ministre de la propagande gouvernementale. 

Or, cette convention d'engagements réciproques date du 24 mai 2013.
Le comité de pilotage de Ford entérina alors l'accord pour le maintien des 1.000 emplois sur le site de Blanquefort, convention cosignée par l'Etat, les collectivités locales et Ford Europe.
"Je comprends la colère de M. Poutou (...), mais, quand on est dans un Etat de droit, on n'a pas le droit de demander ce remboursement d'aides", a ajouté Griveaux.

"En revanche, on va les faire payer pour les salariés, pour la dépollution du site, et pour la réindustrialisation du bassin", a-t-il confirmé, n'hésitant pas à réitérer les termes de Le Maire pour condamner l'"attitude indigne" de Punch Powerglide

Interrogé de savoir si le gouvernement pourrait envisager une nationalisation du site, il a dit ne pas croire - à la différence de Le Maire -  "que la nationalisation soit la réponse à ce type de situation (...) Le meilleur service à rendre à ce site n'est pas forcément la nationalisation mais plutôt qu'on cherche à diversifier l'activité industrielle", a répété la 'Voix de son maître'.

Sur ce sujet d'une possible nationalisation, y compris temporaire, le vice-président du groupe La République en marche à l'Assemblée nationale, Bruno Questel, ex-radical de gauche et ex-socialiste (après avoir soutenu la candidature d'Arnaud Montebourg à la primaire du PS) et ancien maire de Bourgtheroulde-Infreville, choisie par hasard pour accueillire le premier Grand débat national de son Jupiter), a en revanche dit ne "pas y être opposé sur le principe". "En tant que membre de la majorité parlementaire je mettrai ce sujet sur la table dans la semaine", a-t-il affirmé sur BFMTV. La majorité présidentielle se fend...

Face au "droit de Ford de refuser toute offre de reprise alors que l'entreprise a bénéficié de millions d'euros de subventions", Griveaux a aussi plaidé pour "travailler sur une évolution de la loi avec une obligation de restitution de tout ou partie de l'argent ou d'investissements lourds dans la requalification du site ou l'accompagnement en requalification professionnelle des salariés concernés".

"Il faut trouver cette alchimie subtile entre l'initiative privée et un Etat stratège qui régule. Le gouvernement doit prendre toute ses responsabilités pour sauver ces emplois", a réclamé pour sa part Guillaume Peltier, le vice-président des Républicains, mardi sur France Inter.
"Je ne suis pas opposé par principe ni aux privations ni aux nationalisations, je veux l'équilibre entre le privé et le public", a-t-il souligné.

Or, la convention a été signé alors que Macron était secrétaire général adjoint du cabinet du président Hollande, chargé des affaires économiques

Nommé auprès du secrétaire général, Pierre-René Lemas, le 15 mai 2012,
Macron n'a pu être tenu à l'écart de la signature de la convention par Michel Delpuech, ci-dessus, qui est devenu préfet de police de Paris, le 19 avril 2017, par la volonté de ...Macron.

FRANCE-AUTOMOBILE-FORD-EMPLOYMENT : News Photo

A peine l'accord signé - et on note ci-dessus que le président socialiste de la Région, Alain Rousset, à gauche,  co-signataire de la Convention - participe à la mascarade? Gilles Lambersan délégué syndical CGT, a les larmes aux yeux, transporté par l'émotion.
Pour Véronique Ferreira, maire de Blanquefort et cosignatrice de l'accord, c'est un moment historique : "Ce n'est pas encore un aboutissement mais c'est une nouvelle étape." (Véronique Ferreira, maire de Blanquefort). Véronique Ferreira, maire de Blanquefort : "C'est un nouveau départ, quelque chose de souriant dans le contexte actuel."

Pendant près de deux ans, 30.000m² du site ont été entièrement réaménagés pour accueillir la nouvelle chaîne de production : pour Ford le maintien des 1.000 emplois sur le site passait par la fabrication d'une boite à six vitesses, la 6F35. Pour cela, Ford avait investi 90 millions d'euros et devait à nouveau investir 30 millions d'euros, avec l'aide de l'Etat et des collectivités locales.

Un immense gâchis orchestré de l'Elysée par Macron, conseiller du président.

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Ce beau jour de mai 2013, le préfet d'Aquitaine Michel Delpuech annonce le sauvetage du site de Blanquefort, à l'issue de cette réunion entre les représentants des salariés, les élus locaux et les directeurs de Ford. 

Les syndicats dénoncent pourtant un accord insuffisant : ils préviennent que la production de la boite à vitesse automatique 6F35 ne pourra pas suffire et que 200 salariés resteront sur le carreau.
Pourle préfet de la Gironde,  Michel Delpuech, "cet accord avec Ford, c'est un acte de foi. Gagnant gagnant"...

Nommé préfet d'Aquitaine le 26 juillet 2012 en Conseil des ministres présidé par Hollande qui en fera le préfet de la région Ile-de-France. Il ne le sera que deux mois puisque, sur proposition du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, intime de Macron, le nouveau président le fera préfet de police de Paris
Et sa biographie assure que "Delpuech s'est investi dans le maintien de l'activité de l'usine Ford de Blanquefort" (sic)...

En 2016, avec 
3 ans d'avance sur la nouvelle norme européenne d'émissions Euro6d, dont la mise en vigueur est pour le 1er septembre 2019, Peugeot (PSA) s'entendit avec Ford pour partager sa nouvelle génération de moteurs diesel avec Ford à partir de 2017, Pure Tech et BlueHDi.
Mais c'est encore une autre histoire...

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