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lundi 25 février 2019

Mondial de l'Agriculture de Paris: tas fumeux de paroles d'un président hors-sol en stand-up

Que retenir ? Macron a battu le record de durée d'un président au Salon de l’agriculture

A-t-il "réinventé" l'agriculture européenne pour autant ?


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Après avoir posé un lapin aux maires de France réunis en Congrès à Paris les 20, 21 et 22 novembre 2018, cette visite incontournable d'un président aux agriculteurs était une figure imposée à l’approche des élections européennes.

On n'en retiendra rien, sinon que le quadra a fait durer le plaisir des chaînes d'info en continu en passant plus de 14 heures, retransmises en direct sur la durée, ce 23 février à Paris (XVe), délaissant Brigitte pour caresser des croupes et prononcer des paroles définitives dont le porte-manteau Vuitton n'a que faire.

Macron a encore beaucoup parlé

Ca a commencé par un discours, bien que ce ne soit pas l'usage : les paysans, les pieds dans la glèbe, préfèrent les actes aux paroles. A défaut de mesures, la presse a relevé des phrases-chocs. 

Ainsi Macron en a-t-il remis une couche sur le glyphosate :
"Quand je regarde le vignoble français, je pense que nous pouvons en faire le premier vignoble du monde sans glyphosate, dans 80 pour cent des cas cette transition va d’ailleurs s’effectuer sous 3 ans" (Emmanuel Macron)
Si ce produit de Monsanto a ses détracteurs, il a aussi ses défenseurs dans le monde agricole. Mais ce puissant herbicide total systémique, c'est-à-dire non sélectif - qui fait que 22 "pisseurs involontaires de glyphosate" portent plainte en Ariège et en Bretagne - , considéré comme "cancérigène probable", selon l’Organisation Mondiale de la Santé.  
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Salon de l'Agriculture 2017
Or, voici ce qu’a déclaré le président de la République : "J’ai rappelé ma volonté de sortir du glyphosate le plus rapidement possible, sous 3 ans, et il ne faut pas voir cet objectif comme une contrainte et il ne faut pas tomber à l’égard de cet objectif sous [sous ?] de faux débats. C’est au contraire une opportunité, l’opportunité pour de nombreuses filières d’évoluer profondément." C'est leur responsabilité : qu'elles se débrouillent; c'est leur problème...

Le président en campagne (re)dresse les murs et les haies à travers le paysage politique

Sourire en coin d’un proche : "C’est un très beau discours, d’une campagne qui n’existe pas." Elle n'existe pas, puisqu'elle n'est pas ouverte officiellement. Mais le président braconne des voix. 

Macron vient parler de l’Europe agricole. En ouverture du Salon de l’agricultureil prononce un plaidoyer pour une "PAC réinventée". Sans surprise, le propos est résolument europhile, lorsqu’il martèle que "le vrai risque" ne vient pas de "la concurrence" entre Etats membres., et protectionniste aussi, au moment d’évoquer les menaces "extérieures" au continent. Il se présente même comme un "patriote de notre agriculture". Du miel pour son auditoire ou une partie d'entre elle : la Confédération paysanne n'est pas béate...

Macron n'a rencontré que "les Français (qui) sont des veaux", selon l'expression l'ancien chef d'Etat, le général de Gaulle.

Macron transforme ce salon en meeting de "campagne" qui ne s'assume pas. 
Accueilli par la claque de militants LREM, le chef de l’Etat prend tout son temps dans ce laboratoire que rien? ni personne ne peut venir polluer : aucun Gilet jaune n'a été admis. Le Gilet jaune Eric Drouet s'est présenté à l'entrée du hall principal, mais il n'a pas été autorisé à souiller fouler le tapis rouge et à débattre avec le président.

Trois rangs de gardes du corps forme une bulle se déplaçant sur rail
La foule des quidam tenue à distance peut être aperçue. Mais les chaînes d'information ne propose que des images et coupent le son : la technique consiste à faire parler, en studio, des chroniqueurs et autres experts et analystes agréés, sur des images du Salon - parfois proposées en boucle, notamment pendant le déjeuner du président sur place - , quitte à les interrompre brutalement, lorsque l'imposent les images proposées par les services de com' de l'Elysée.
Le déroulé millimétré du parcours présidentiel entre les stands a été mitonné par ses conseillers.  Il prend son temps et n'hésite d'ailleurs pas, narquois, à s'en amuser. "Parlez-en à mes équipes, qui trouvent que je ne vais pas assez vite", glisse-t-il au journaliste accrédité qui lui demande s’il espère battre son record de l’an passé (douze heures), comme si c'était l'essentiel.

Macron serre des mains à la pelle, s’attarde pour répondre aux questions bio de "personnes" bienveillantes dont on donne à penser qu'elles seraient là par hasard. Forcément: les intervenants sont disposés à intervalles réguliers et signalés au président, à chaque station, par la présence d'une figure récurrente sur son "itinérance agricole" du jour : une grande femme souriante, aux cheveux longs et noirs.
Il embrasse les enfants qui ne demande rien, savoure les "tenez bon!" des "dé-veaux" parsemant son passage, mais aucun intervenant coriace n'émerge de la sélection des intervenants. Qu’une bonne dame dise sa colère contre le "toujours plus" d’impôts ou qu'un brave monsieur râle contre les 80 km/h qui lui "pourrissent la vie", et la réponse est invariablement la même : "Je n’ai pas changé le pays en vingt mois, mais je ne lâcherai rien"...  L'immuable "ne vous inquiétez pas" appelle les "gens qui ne sont rien" à souffrir en silence.

Séquence émotion d'usage : un retraité handicapé en larmes. L'homme est probablement sincère, mais l'instrumentalisation de sa détresse soulève le coeur et donne envie de vomir. 
La visite s'arrête là. Macron n'a pas de limites et "ça suffit".

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