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samedi 9 février 2019

Tariq Ramadan a-t-il menacé son jury de doctorat ?

Des pressions inavouables pour arracher son grade universitaire

Tariq Ramadan a reçu un doctorat de l'université de Genève, mais ses méthodes seraient douteuses

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Actuellement dans la tourmente, sous le coup d'accusations d'agression sexuelle et viol par trois femmes différentes, Tariq Ramadan est aussi contesté aujourd'hui par des universitaires qui dénoncent les moyens déployés par l'islamologue pour parvenir à ses fins à l'université.

Selon l'hebdomadaire Le Point, Tariq Ramadan a bien obtenu un doctorat en islamologie, mais ce qaui pose problème, c'est que l'homme de foi aurait menacé ses professeurs pour l'obtenir.

Son sujet de thèse était un panégyrique de son propre grand-père, fondateur du mouvement des Frères musulmans en Egypte.
Il avait cependant sélectionné les informations qu'il y faisait apparaître, occultant notamment  les campagnes antisémites de la Confrérie malgré la demande de ses professeurs.

Il aurait ensuite harcelé ces derniers pour obtenir sa thèse au plus vite, allant jusqu'à menacer "un autre membre du jury, Ali Merad, professeur émérite à l'université de la Sorbonne Nouvelle Paris-III".

Suite à ces menaces, trois des membres du jury avaient d'ailleurs démissionné

Pour sa défense, Tariq Ramadan avait ensuite affirmé qu'il était victime de racisme. "Il se lance dans la théorie du complot: c'est parce qu'il est arabe que l'université lui refuserait sa thèse !".
N'ayant pas obtenu la mention "très honorable", comme il l'affirme pourtant, il n'aurait jamais été autorisé à enseigner à l'université. Il pouvait toutefois admis à y présenter un exposé hebdomadaire.

La vérité sur la thèse universitaire de Tariq Ramadan

Le prédicateur a bien obtenu un doctorat de lettres en islamologie arabe à l'université de Genève...
En menaçant et en criant au racisme.


C'est le verbatim de l'article du magazine Le Point, daté du 10 mars 2018
De notre correspondant à Genève, Ian Hamel

Quand Tariq Ramadan propose comme sujet de doctorat une thèse sur Hassan al-Banna, fondateur des Frères musulmans égyptiens, Charles Genequand, son directeur de thèse, se doute que son élève [étudiant] risque de donner une vision plutôt favorable de son grand-père. Mais prenant connaissance d'une première version de son travail, il s'étrangle. Le prédicateur loue la profonde spiritualité et l'immense humanité d'Hassan al-Banna, ignorant totalement les violentes campagnes antisémites menées par la Confrérie. Il ne cite même pas les « 50 demandes du programme des Frères musulmans de 1936 », toujours d'actualité. Parmi elles, « contrôler le comportement personnel des fonctionnaires », « considérer la fornication comme étant un crime grave qui nécessite une sanction légale », ou encore « confisquer les romans d'excitation ainsi que les livres qui sèment le doute sur la foi".

Spécialiste de la philosophie arabe médiévale (il a fait sa thèse sur Averroès [il existe plusieurs écoles coraniques portant son nom en France, notamment à Lyon et Lille]), Charles Genequand demande en 1994 à Tariq Ramadan d'apporter de multiples corrections à son mémoire de pré-doctorat. Mais ce dernier refuse. Mieux, « il harcèle les membres du jury pour obtenir [sa thèse] au plus vite » (1). L'étudiant va même jusqu'à menacer un autre membre du jury, Ali Merad, professeur émérite à l'université de la Sorbonne Nouvelle Paris-III. Résultat, trois membres du jury démissionnent. Que fait Tariq Ramadan ? Il se lance dans la théorie du complot : c'est parce qu'il est arabe que l'université lui refuserait sa thèse !

Actif dans les campagnes électorales

Il reçoit le soutien du sociologue Jean Ziegler [vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l'homme des Nations unies depuis 2009]. Internationalement connu depuis la publication de La Suisse lave plus blanc, qui met en cause le blanchiment d'argent, Jean Ziegler est député socialiste au niveau fédéral. Sa compagne, Erica Deuber-Ziegler, est députée communiste au Grand Conseil (le parlement genevois). Ils mobilisent aussitôt leurs amis, politiques, intellectuels, universitaires. [C'est le phénomène de meute que l'on peut rencontrer aujourd'hui sur les réseaux sociaux]
[On se prend à rêver que ce n'ait jamais été le cas en France où la remise d'un DESS (bac +5) semble parfois tenir moins aux qualités du candidat qu'à son militantisme : voyez tous ces diplômes tardifs remis à des étudiants fantômes à l'université,  seulement connus de leur professeur, mais qui avaient déjà perçé en politique, à qui il manquait un parchemin susceptible de leur donner de la crédibilité intellectuelle]. 
Il faut savoir que, lors des campagnes électorales, Tariq Ramadan et l'un de ses frères n'ont pas ménagé leur peine pour faire élire Jean Ziegler, maniant la colle et distribuant des tracts. 

Face à une mobilisation de la gauche (elle est minoritaire dans le canton, mais majoritaire en ville de Genève), l'université prend peur, elle craint le scandale. La Cité de Calvin n'aime pas les polémiques autour de l'islam, d'autant qu'elle accueille beaucoup de riches Saoudiens, Koweïtiens et Emiratis. En catimini, la faculté décide de constituer un second jury afin de donner « une nouvelle chance » à Tariq Ramadan. Tâche particulièrement complexe, les candidats ne se bousculent pas en Suisse francophone. C'est finalement un Allemand, Reinhard Schulze, professeur d'islamologie et de philologie orientale à l'université de Berne, qui hérite de la difficile mission « de faire admettre à Tariq Ramadan qu'il devait modifier sa thèse afin qu'elle devienne acceptable pour un jury d'université ». Cela va mettre plusieurs années. [Jusqu'en 1998]

Fermeture des portes de l'université

Reinhard Schulze n'a jamais été convaincu par le travail de son élève. Mais il accepte que ce dernier puisse interpréter à sa manière l'histoire des idées. [Un comble chez un universitaire] La thèse, intitulée « Aux sources du renouveau musulman. D'al-Afghâni à Hassan al-Banna, un siècle de réformisme islamique », explique, sans rire, que les Frères musulmans, qui considèrent « tout contact mixte en tête à tête comme un crime susceptible d'être sanctionné », ont bien apporté un réel renouveau à la pensée islamique… Le jury fait le « job » et accepte la thèse en 1999, mais il ne lui accorde même pas la mention « très honorable », ce qui signifie en langage universitaire que les portes des facultés de Suisse sont fermées à Tariq Ramadan.

Le prédicateur obtient malgré tout la possibilité de présenter un exposé bénévolement une heure par semaine à l'université de Fribourg, ce qui va lui permettre de se présenter comme professeur d'université en France. La thèse est publiée en France aux éditions Tawhid en 2002, préfacée par Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomatique [un Egyptien de naissance qui a joué avec Tariq Ramadan un rôle décisif dans la consécration médiatique de l'arme absolue de "l'islamophobie" opposé aux critiques, ainsi que dans la banalisation de l'islam politique, un islam qui serait modéré, tel que pratiqué par un terroriste islamiste]. 
[Le Point révèle en outre que "avant Oxford, Ramadan se présentait comme 'professeur de philosophie et d'islamologie à l'université de Fribourg'. Alors qu'il n'était même pas assistant." 

Tariq Ramadan ne donne bien évidemment pas la même version de cette affaire rocambolesque. Dans "Faut-il faire taire Tariq Ramadan ?", il assure que Charles Genequand a été désavoué. « Le doyen de l'époque et le collège des professeurs lui ont donné tort sur sa gestion du dossier et ont demandé la reconstitution d'un jury », assure-t-il (2).

Théologie de la libération

Pourquoi Jean Ziegler a-t-il remué ciel et terre pour le prédicateur controversé ? Affaire de contexte. Dans les années 90, Tariq Ramadan militait à gauche, sinon à l'extrême gauche, flirtant avec les trotskystes. Il réussissait souvent à convaincre que les Frères musulmans, persécutés en Égypte, étaient des humanistes, non violents, à l'idéologie comparable à celle des chrétiens progressistes d'Amérique du Sud, adeptes de la théologie de la libération. 
[Initiée par un prêtre péruvien Gustavo Gutiérrez lors du congrès de Medellín du Conseil épiscopal latino-américain (CELAM), et développée entre 1968 et 1972, cette construction est inspirée du marxisme, prônant la libération des peuples, entendant ainsi renouer avec la tradition chrétienne de charité. Parmi ses représentants les plus célèbres, on compte les archevêques Hélder Câmara et Oscar Romero [canonisé le 14 octobre 2018 par le pape François] ou encore le théologien Leonardo Boff.].
Le Concile de Vatican II, (octobre 1962-décembre 1965) voulu par le pape Jean XXIII et bouclé par Paul VI, fait des emprunts à cette théologie marxisante, provoquant de vives réactions au sein de l'Eglise et un schisme.
Le Concile de Vatican II, (octobre 1962-décembre 1965) voulu par le pape Jean XXIII et bouclé par Paul VI, fait des emprunts à cette théologie marxisante, provoquant de vives réactions au sein de l'Eglise et un schisme.

Le prédicateur multipliait les contacts avec des figures connues du christianisme, comme l'abbé Pierre, Mère Teresa, monseigneur Gaillot, les membres du groupe d'amitié islamo-chrétienne, ou encore le père Christian Delorme, le « curé des Minguettes » dans la région lyonnaise.

(1) Ian Hamel, La Vérité sur Tariq Ramadan. Sa famille, ses réseaux, sa stratégie. Éditions Favre, 358 pages.

(2) Aziz Zemouri, L'Archipel, 2005.

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