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vendredi 1 février 2019

Benalla et l'"affaire du contrat russe"

Mediapart révèle un mensonge de l'ancien chargé de mission de l'Elysée à la Commission d'enquête parlementaire

Benalla est impliqué dans un contrat signé entre Vincent Crase et un homme d'affaires russe



L'implication de deux protégés de Sébastien Lecornu dans un contrat avec un homme d'affaires russe est révélé par le site trotskiste d'information Mediapart.

Devant la commission d'enquête du Sénat, en janvier, les deux hommes ont pourtant nié l'intervention de l'ancien chargé de mission de l'Elysée.
Un article publié jeudi 31 janvier révèle un contrat signé entre Vincent Crase et Iskander Makhmudov, un oligarque russe, et qu'Alexandre Benalla n'y est pas étranger. 
Il est "soupçonné par plusieurs magistrats européens d'accointances avec l'un des pires groupes criminels moscovites". Les enregistrements publiés par le site révolutionnaire trotskiste laissent d'ailleurs entendre que cette affaire "inquiète le tandem Benalla-Crase".
En 2017, Lecornu et Darmanin ont passé des vacances ensemble avec des amis, dans une villa corse, mais Mediapart leur a gâché la fête en révélant qu’elle avait été louée sans le savoir à un repris de justice.
Que sait-on de l'oligarque russe Iskander Makhmudov ?

Iskander Makhmudov, 55 ans, est un industriel russe proche de Vladimir Poutine. Le magazine Forbes estime sa fortune actuelle à 6,7 milliards de dollars (5,8 milliards). Ancien interprète, il parle l'ousbek, le russe, l'anglais et l'arabe. Iskander Makhmudov est un oligarque, qui s'est enrichi dans les années 1990, après l'éclatement du bloc soviétique, notamment en créant la société Ural Mining and Metallurgical Company (UMMC), un mastodonte de la métallurgie et l'un des principaux partenaires des sociétés françaises Alstom et Bouygues en Russie. Il est également actionnaire d'Aeroexpress (compagnie ferroviaire russe), Transmashholding (fabricant de trains et matériel ferroviaire), ou encore la société Kuzbassrazrezugol (charbon).
En Russie, Iskander Makhmudov est aussi présenté comme très investi dans des œuvres caritatives (programmes de logement, cliniques, orphelinats, aide aux vétérans…). Il a même offert la construction d'une patinoire à Sotchi pour les Jeux olympiques d'hiver de 2014.
En Europe, des juges soupçonnent Iskander Makhmudov d'être personnellement lié à Izmaïlovskaya, un important groupe mafieux moscovite, et Tambovskaya-Malychevskaya, une organisation criminelle de Saint-Pétersbourg. Il est notamment soupçonné de blanchiment de capitaux, via l'une de ses sociétés. Mais lorsque le dossier a été transmis à la justice russe, dans le dos du procureur anti-corruption, l'enquête a été enterrée, racontait déjà Mediapart, en 2016.
Le  Russo-Ouzbek (l'Ouzbékistan est une république majoritairement musulmane) Iskander Makhmudov détient d'ailleurs plusieurs propriétés en France, achetées, selon Mediapart, grâce à des "montages financiers pour plusieurs dizaines de millions d'euros", constitués d'"entrelacs de sociétés dissimulées dans plusieurs paradis fiscaux, 
Image illustrative de l’article Predator (yacht)comme Chypre, le Luxembourg et Monaco, où il a également de nombreux intérêts". 
Ces propriétés sont le château des Pins à Soings-en-Sologne (fin xve siècle, agrandi vers 1900, ci-dessus), ainsi que des terrains de chasse vers Blois et une villa à Ramatuelle, commune située sur la Côte d'Azur, à proximité du Golfe de Saint-Tropez.. Il est propriétaire du yacht Predator, ci-contre.

Comment l'oligarque est-il lié à Vincent Crase ?

En 2018, Vincent Crase, ancien gendarme réserviste et ex-responsable adjoint de la sécurité de La République en marche, est l'unique actionnaire d'une jeune société de conciergerie baptisée Mars. Le 28 juin 2018, cette société reçoit un versement de 294.000 euros depuis un compte bancaire appartenant à Iskander Makhmudov et domicilié à Monaco, indique Mediapart. Le virement "met en alerte Tracfin, le service anti-blanchiment de Bercy", précise Libération. Ce versement est lié à un "contrat, renouvelable à chaque trimestre", qui "prévoyait la protection des biens immobiliers en France de l'homme d'affaires, et de sa famille à Monaco".

Résultat de recherche d'images pour "Benalla et Hagenauer  babyfoot"A l'époque du versement, Vincent Crase (ci-contre à droite) est encore salarié de LREM, mais n'est plus en fonction à l'Elysée. "J'ai signé ce contrat le 6 juin 2018, alors que j'ai quitté le palais de l'Elysée le 4 mai", a-t-il déclaré devant la commission d'enquête sénatoriale, le 21 janvier 2019. Il assure d'ailleurs que les négociations pour ce contrat ont commencé "après" son départ de l'Élysée.

Sur les 294.000 euros, un peu plus de la moitié est versée à la société de sécurité Velours. Il s'agit d'un sous-traitant de Mars, chargé d'exécuter le contrat, précise Mediapart. Mais dès les révélations du journal Le Monde sur les violences du 1er-Mai, mi-juillet, le sous-traitant refuse de le renouveler, craignant pour son image. Et la Société générale, qui héberge le compte de Mars, "réclame à Crase le contrat justifiant l'arrivée de 300 000 euros depuis un compte monégasque", précise Vincent Crase. L'affaire tourne au vinaigre.

Que fait le nom de Benalla dans cette affaire ?

Mediapart assure que "les discussions autour du contrat ont en réalité commencé bien plus tôt, dès l’hiver 2017. Elles se sont accélérées en juin, en présence d'Alexandre Benalla."
 
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Pour le site d'investigation, l'ancien chargé de mission de l'Elysée "est personnellement impliqué dans ce contrat, y compris dans ses montages financiers". Benalla a "rencontré à plusieurs reprises le représentant de l'oligarque en France, l'homme d'affaires Jean-Louis Hagenauer", ajoute le site, photo de Benalla et Hagenauer jouant au babyfoot, en août 2018, à l'appui.

Dans les enregistrements de l'échange entre Vincent Crase et Alexandre Benalla, ce dernier semble furieux contre Velours, qui a gelé le contrat. Les deux hommes cherchent une porte de sortie. "Il faut couper la branche", conseille l'ancien chargé de mission de l'Elysée. 
Alexandre Benalla, furieux, dit à son partenaire : "Velours […] ils vont se faire enculer, hein; moi je m’en bats les couilles." Et Vincent Crase d'ajouter : "Moi les rats qui quittent le navire, j’aime pas trop."Toujours dans les bandes-son, Benalla dit encore à Vincent Crase : "Faut faire ce qu'on avait prévu de faire et transférer (...) Faut que tu disparaisses de la boîte". 
Finalement, la société Mars "disparaît", selon les mots de Vincent Crase devant une commission d'enquête du Sénat, et une autre société est créée, France Close Protection (SAS sans aucun salarié, enregistrée le 16 octobre 2018, 10, rue de Penthièvre, 75008 Paris), dirigée par Yoann Petit, un proche d'Alexandre Benalla et ancien salarié de Velours.

Domiciliée à la même adresse que Mars, elle prend le relais en octobre 2018. "En novembre, Alexandre Benalla est inscrit en tant que salarié [de France Close Protection]. Alors qu'il devait bénéficier d'un logement de faveur du ministère des Affaires étrangères, Quai Branly, Benalla touche 12.474 euros, alors qu'il percevait des indemnités de retour à l'emploi entre 3.097 et 3.871 euros depuis son départ de l'Elysée", détaille Mediapart, précisant une information déjà révélée par Le Canard enchaîné. Détail surprenant souligné par Libération : France Close Protection a été "lancée avec un capital social de 100 euros" et "son unique actionnaire est un homme de 18 ans, majeur depuis seulement quelques mois", et vivant en Normandie, dont sont originaires Crase et Benalla, comme Lecornu, député de l'Eure.
En 2010, le gendarme de réserve Alexandre Benalla a commencé sa carrière sous l’autorité de Sébastien Lecornu, son commandant de Peloton, alors cadre de l’UMP dans l’Eure et membre du cabinet du ministre de l’Agriculture, Bruno Le Maire, trois fois député de l'Eure (2007, 2012 et 2017).
L'arrogant Alexandre Benalla a refusé de s'expliquer sur le jeune prête-nom de 18 ans  : "C'est un ami qui m’a employé dans une mission qui restera confidentielle, j'en suis désolé", a-t-il opposé à la commission d'enquête parlementaire. 

France Close Protection, dont l'unique actionnaire est âgé de tout juste 18 ans, est logée au même endroit que Mars. Et, quelques temps après l'annulation du contrat avec Velours, Alexandre Benalla affirmait, à propos du "transfert" de la société de Vincent Crase : "Faut qu’on trouve un mec […] Enfin j’ai une idée en tête, mais faut qu’on mette la boîte au nom d’un autre mec…" Des informations qui compromettent fortement le garde du corps, lequel a décliné tout entretien avec Mediapart. Alors qu'il s'est pavané à BFMTV, tel un "Jojo avec un gilet jaune"...

Pourquoi l'affaire est-elle gênante pour Alexandre Benalla ?

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A l'époque des négociations et de la signature du contrat avec l'oligarque russe, Alexandre Benalla est alors encore chargé de mission à l'Elysée et habilité "secret-défense". "Un conseiller de l’Elysée utilisant son statut pour faire affaires avec un milliardaire proche du pouvoir poutinien : la pratique interroge pour le moins", note Mediapart. Surtout si le milliardaire est sérieusement soupçonné de liens avec la mafia et le blanchiment. Pour Libération, une question reste "toujours en suspens : que savait l'Elysée ?"

Alexandre Benalla a toujours démenti son implication dans les négociations entre la société de Vincent Crase et Iskander Makhmudov.
Devant la commission d'enquête du Sénat, le 21 janvier il a déclaré : "Je n'ai jamais contribué à une quelconque négociation." Or, on l'a dit, Mediapart vient de révéler certaines informations qui indiquent le contraire. 
Le magnifique château de Vincent Miclet et Ayem Nour est à vendre
D'abord, une photo prise dans le château de Vincent Miclet, ci-contre, homme d'affaires français (PDG de PetroPlus Overseas) surnommé "le Gatsby de la Centrafrique", chez qui Alexandre Benalla a séjourné cet été, et suspecté en Angola du détournement de 400 millions de dollars, atteste que Benalla a rencontré à plusieurs reprises le représentant de l'oligarque, Jean-Louis Hagenauer, dirigeant d'une société d'import-export à Moscou, au centre de la demi-finale face au Spartak Moscou en 1991 que l'OM aurait achetée grâce à son entremise, rappelle L'Humanité.
Suite à son divorce avec Ayem Nour, Miclet vend son château de Fleurac, situé en Périgord Noir. La courtière chargée de la vente déclare que cette énorme propriété (13 suites, un spa, un bowling, une salle de cinéma…) est "vraiment un bien d’exception. Nous ne le proposons qu’à des clients sérieux. Le propriétaire est très discret et n’a pas envie d’avoir des visites de curieux." Prix demandé : 26 millions d’euros.
Et Vincent Crase a aussi assuré qu'il n'était "jamais intervenu". 

Si l'homme du président et Vincent Crase ont menti alors qu'ils avaient prêté serment, ils risquent chacun jusqu'à cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.

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