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mercredi 6 février 2019

Alstom-Siemens : le "premier de cordée" de Bercy s'attend, impuissant, au rejet de la fusion

Le Maire incrimine la Commission européenne : mauvais signal, à la veille des Européennes

Bras ballants, le ministre de l'Economie et des Finances attend le déraillement du projet de la création d'un géant ferroviaire européen


Joe Kaeser (Siemens) et Henri Poupart-Lafarge (Alstom) annoncent le projet d’union de leurs entreprises, à Paris, en septembre 2017.
Joe Kaeser (Siemens) et Henri Poupart-Lafarge (Alstom) annoncent le projet d’union 
de leurs entreprises, à Paris, en septembre 2017
Le probable veto de la Commission européenne au rapprochement entre les deux entreprises est confirmé par le ministre des Finances de Macron, mercredi, le qualifiant d’ "erreur" qui "va servir les intérêts" de la Chine.

Bruno le Maire a renoncé :  "Je crois que les jeux sont faits, a affirmé le ministre sur France 2. Je le regrette profondément parce que je considère que c’est une erreur économique. "

Le groupe français Alstom tiendra, mercredi 6 février dans l’après-midi, un bureau du comité européen extraordinaire qui pourrait acter l’échec du projet de rapprochement avec l’allemand Siemens dans le ferroviaire, a informé, mardi 5 février, une source proche du dossier.
La même source indique que Henri Poupart-Lafarge, le PDG d’Alstom (rémunération globale de 1.653.947 € en tant que PDG de Alstom), devrait probablement annoncer aux dirigeants et salariés que le projet de mariage avec Siemens ne se fera pas. Dans un entretien avec Le Figaro, mardi, H. Poupart-Lafarge, estimait "probable" un rejet du projet de rapprochement avec le conglomérat allemand dans le ferroviaire par la Commission européenne. 

Pressions inopérantes de Berlin et Paris

Les locomotives de l'Union européenne espéraient créer un champion européen du rail face à la concurrence chinoise, mais la commissaire européenne à la concurrence, Margrethe Vestager, devrait mettre son veto au projet de fusion, annoncé en grande pompe en septembre 2017, ont affirmé trois sources à Bruxelles et une source du gouvernement français. 

La commissaire danoise (Parti social-libéral : centre gauche) s’est inquiétée à maintes reprises des effets de ce rapprochement. Il réduirait le nombre d’industriels rivaux dans l’Union, ce qui risquerait de faire monter les prix des trains pour les compagnies ferroviaires, et celui des billets pour les consommateurs.

Une luthérienne comme les aimait Macron

Le mercredi 29 août, devant la reine de Danemark, Margrethe II, Macron avait vanté les Danois, "peuple luthérien" ouvert aux transformations, débinant les Français, "Gaulois réfractaires au changement"... 


De façon assez inhabituelle, le président de la Commission, Jean-Claude Juncker, a défendu mardi, dans un discours à Bruxelles, la politique européenne de la concurrence. Elle avait été vivement attaquée ces dernières semaines par les gouvernements français et allemand, ainsi que par les industriels de ces deux pays.

"Nous permettrons toujours une concurrence équitable pour les entreprises et, en fin de compte, pour les consommateurs (…). Nous ne ferons jamais de politique ou de favoritisme quand il s’agit d’assurer des règles du jeu équitables ", a lancé le Luxembourgeois. Autrefois encensée par le président français Emmanuel Macron pour son intransigeance vis-à-vis des GAFA, Mme Vestager est devenue la cible d’attaques plus ou moins directes de Paris et Berlin. 

Les deux capitales, comme les industriels, craignent la concurrence du chinois CRRC 

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Société d'Etat sous contrôle direct du gouvernement de la République populaire de Chine et
n°1 mondial du ferroviaire né du rapprochement de deux entreprises d’Etat contrôlées par Pékin, l'ogre chinois qui a poussé Alstom dans les bras de Siemens fabrique 200 trains à grande vitesse chaque année, et Siemens-Alstom 35, notait récemment Bruno Le Maire.

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Le Transrapid de Shanghai (ci-contre) est un train à suspension magnétique circulant en Chine. Il fonctionne grâce à des électroaimants incorporés de chaque côté de la voie et sur les bogies du train qui se repoussent mutuellement. Le train circule sur un monorail et "flotte" à 10 cm au-dessus du rail. Les aimants sont situés à l’avant et à l’arrière du train. Il peut rouler jusqu’à 431 km/h.


Mardi, une source gouvernementale française a estimé que le veto attendu de Bruxelles est "symptomatique d’une certaine idéologie de la Commission qui va à l’encontre des intérêts européens", regrettant une interprétation des règles "extrêmement stricte" de la part de Bruxelles. Selon cette source, ce refus constitue "un cadeau à la Chine" qui voit s’ouvrir le marché européen, alors qu’elle se protège avec des subventions élevées et que son marché est "aujourd’hui extrêmement fermé".

Le même jour, Peter Altmaier, le ministre allemand de l’économie, a également plaidé pour une politique favorisant des regroupements à l’échelle européenne, pour créer des groupes capables de jouer "à égalité" sur la scène internationale et une révision du droit européen de la concurrence. "N’y a-t-il pas des domaines tels que l’aviation, les chemins de fer, les banques où vous devez prendre le marché mondial comme référence plutôt que l’européen ?", a fait valoir le ministre.

L’interdiction de la fusion devrait faire le bonheur des syndicats belge et français d’Alstom. A Paris, lors d’une rencontre avec Mme Vestager, le 21 janvier, ils avaient réitéré  leur opposition au projet, craignant d’importantes suppressions de postes. 
Elle est propriétaire d'une maison de vacances sur l'île d'Oléron, laquelle ne devrait pas avoir à souffrir de la situation.

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