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jeudi 14 février 2019

Le Parlement européen condamne les excès sécuritaires de Macron

Le Parlement européen condamne le "recours disproportionné à la force" contre les manifestants

En plein mouvement des Gilets jaunes, certains députés européens souhaitaient une condamnation de l’usage des lanceurs de balles de défense, ce que la majorité a finalement refusé

L'usage de lanceurs de balles de défense contre le peuple
plonge la France en état de guerre
 
En pleine crise sociale en France et en dépit des critiques insistantes contre les ordres aux forces de l’ordre de faire usage des lanceurs de balles de défense (LBD), jeudi 14 février, le Parlement européen a clairement condamné "le recours à des interventions violentes et disproportionnées par les autorités publiques lors de protestations et de manifestations pacifiques"

La résolution "sur le droit à manifester pacifiquement et l’usage proportionné de la force", qui n’a pas de caractère contraignant, a été votée par 438 députés européens, 78 autres se prononçant contre et 87 s’étant abstenus. 
Le texte, qui invite les Etats membres à "veiller à ce que le recours à la force par les services répressifs soit toujours légal, proportionné et nécessaire et qu’il ait lieu en ultime recours et à ce qu’il préserve la vie et l’intégrité physique des personnes", rappelle que "le recours aveugle à la force contre la foule est contraire au principe de proportionnalité".

Si elle ne cible pas un Etat membre en particulier, le débat animé auquel ont pris part plusieurs eurodéputés français est à l'évidence intervenu dans les circonstances sécuritaires exceptionnelles que subit la France depuis trois mois - sans rapport aucun avec les actions terroristes qu'elle a connues et menées depuis l'intérieur ou l'étranger, comme d'autre, telle l'Espagne, et la résolution est assortie d'un préambule voulu par le Parlement de Strasbourg.

La première version du texte, défendue par une coalition regroupant l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), les Verts et la GUE (Gauche unitaire européenne), condamnait explicitement "le recours à certains types d’armes à létalité réduite par les forces de police contre des manifestants pacifiques, comme les projectiles à impact cinétique" – dont les LBD font partie – ainsi que "le recours aux gaz lacrymogènes", massivement utilisés par les forces de l’ordre françaises et qui font eux aussi débat
Elle demandait de rassembler "des preuves concernant le recours abusif, (...) les blessures et les décès ainsi que leurs causes" dus aux armes utilisées par les forces de l’ordre et enjoignait les Etats à "recourir à des pratiques alternatives qui ont déjà fait leurs preuves". Une désescalade à laquelle se refuse Macron.

La deuxième versionpar la droite européenne, a tendu à adoucir le texte. 
Mais celle-ci (réunie au sein du Parti populaire européen, PPE), majoritaire dans l’hémicycle, a obtenu que la résolution finale ne cible ni la France, ni l’Espagne, ni aucune autre capitale. Et le texte final ne mentionne plus les "armes à létalité réduite" ni leur éventuel "recours abusif".
Cette version de la résolution assure également son soutien à la police, "qui a compté elle aussi de nombreuses victimes dans ses rangs, travaille dans des conditions difficiles, compte tenu notamment de l’hostilité dont font preuve certains manifestants, mais également de la charge de travail excessive". Sachant toutefois que les forces de l'ordre ne sont pas extrêmement sollicitées entre deux samedis.

Après les modifications par le PPE, les Verts ont finalement voté contre la résolution, tandis que la GUE (groupe confédéral de la Gauche unitaire européenne/Gauche verte nordique, GUE/NGL, de tendance socialiste, antilibérale, anticapitaliste, éco-socialiste ou communiste) s’est abstenue, tout comme les quelques élus du mouvement Génération.s de Benoît Hamon.

Le débat des eurodéputés a mis en évidence une "surenchère de violence"

Le débat, demandé par une coalition regroupant l’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D), les Verts et la GUE (Gauche unitaire européenne), avait été lundi soir dominé en partie par la situation en France avec les manifestations des Gilets jaunes, même s’il fait référence à d’autres pays (Roumanie, Espagne, Hongrie, Grèce).

L’eurodéputé écologiste français Yannick Jadot a notamment dénoncé l’usage des LBD, qui a causé de nombreuses blessures graves (énucléation et fracture d'os faciaux, etc) et qui fait même débat au sein des forces de l’ordre
"Il n’y a qu’en France, en Pologne et en Grèce qu’il y a un usage sans limite de ces instruments qui (…), selon les équipes médicales, causent des blessures de guerre."

Les eurodéputés français de Génération.s (groupe S&D : Isabelle Thomas, ex-UNEF-ID, Guillaume Balas, proche des "frondeurs" Christian Paul, Laurent Baumel et Emmanuel Maurel, et Edouard Martin, syndicaliste CFDT médiatisé lors de la fermeture de l’usine ArcelorMittal, à Florange) mettent le président Macron en accusation: "le président de la République française doit entendre l’alerte du Parlement européen et revoir sa politique de maintien de l’ordre, qui conduit à une surenchère de violence"

"Je m’inquiète pour mon pays, je m’inquiète pour les libertés en France et je m’inquiète du basculement autoritaire du président Macron", a lancé Younous Omarjee, de La France insoumise (GUE) et ancien assistant parlementaire de Paul Vergès - fondateur du Parti communiste réunionnais - au Parlement européen.

L’ancien bras droit de Marine Le Pen, le président des Patriotes, Florian Philippot, s’est présenté dans l’hémicycle en gilet jaune, la main sur un œil pour symboliser les blessés au cours des manifestations, et a dénoncé "un pouvoir aux abois [qui] donne des ordres délirants, irresponsables, insensés contre sa propre population".

Pour le groupe PPE (Parti populaire européen, qui rassemble les partis de droite) Renaud Muselier, Les Républicains, a quant à lui comparé le président Emmanuel Macron à "Jupiter revenu sur terre", lui reprochant des concessions aux Gilets jaunes", "au détriment des règles budgétaires européennes". 

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