Emmanuel Macron poursuit son entreprise de brouillage des lignes politiques
Ni rajeunissement, ni équipe gouvernementale réduite
La presse n'exploite pas certains chiffres: volonté de dissimulation ? Macron avait promis un renouvellement de la classe politique, mais il ne fait pas pour autant la sortie des écoles et son goût du vieux semble avoir repris le dessus.
La moyenne d'âge dans le premier gouvernement Philippe dépassait les 56 ans et descendait à 54 ans en incluant les secrétaires d'Etat. Or, l'équipe actuelle navigue dans les mêmes eaux en ce qui concerne l'âge des ministres, mais reste dans la tranche d'âge des quinqua, si on inclue les secrétaires d'Etat. Macron n'a donc pas fait sa révolution. Certains tiendront à signaler un ministre, Gérald Darmanin, mais ce trentenaire de 34 ans n'est pas à proprement parler un perdreau de l'année puisqu'il a déjà été chef de cabinet de l'UMP David Douillet au secrétariat d'État chargé des Français de l'étranger, puis au ministère des Sports, avant d'être nommé directeur de cabinet en avril 2012. A noter toutefois que le benjamin de l'équipe a changé. Mounir Mahjoubi (Numérique), 33 ans, a été "détrôné" par l'un des deux secrétaire d'Etat nommés auprès de Nicolas Hulot. Ex-président LR d'un Conseil départemental pris au PS, celui de l'Eure et de Bruno Le Maire qui s'y est fait réélire député pour la troisième fois, Sébastien Lecornu, 31 ans, est également issu de la pépinière de droite... Les jeunes de Macron ne sont pas tous des novices : juste de nouvelles recrues.
La promesse de "société civile" n'est pas davantage respectée.
Parmi les 19 ministres, neuf ne sont pas clairement membres d'un parti,
Parmi les 19 ministres, neuf ne sont pas clairement membres d'un parti,
mais à y bien regarder, la sexagénaire Nicole Belloubet qui pouvait faire valoir ses droits à la retraite, mais a été nommée à la place du MoDem François Bayrou, démissionné avec grâce et grandeur pour cause de tromperie aux dépens du Parlement de Strasbourg, était jusqu'ici membre du Conseil constitutionnel, a été élue à la région Midi-Pyrénées, ainsi qu'à la mairie de Toulouse dans des majorités socialistes.
Quant au nouveau ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard, PRG de 70 ans sans défenses, qui fut d'abord nommé à l'Agriculture et à l'Alimentation, avant de remplacer Richard Ferrand (déchu pour favoritisme et enrichissement personnel, selon Cambadélis) à l'Aménagement du Territoire, un mois plus tard, était certes un peu avocat, mais surtout conseiller général depuis 23 ans (1994) et sénateur PRG depuis neuf ans (2008) : un vieux de la vieille en politique.
Au ministère du Travail, Muriel Pénicaud, 62 ans (âge officiel de départ à la retraite), est également étiquetée "société civile", abusivement, car elle a débuté comme administratrice territoriale (1976-1985), avant d'occuper des fonctions au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle (1985-1993), et d'être membre du cabinet du ministre (1991-1993) et conseiller pour la formation auprès de la ministre Martine Aubry (1991-1993), soit déjà dix-sept ans au service de l'Etat. Mais ce n'était pas fini, car on peut bien mettre en exergue ses années Dassault, Danone ou Orange (2002-2014), elle est revenue à ses premières amours, comme administratrices de Aéroports de France, SA où l'Etat est actionnaire principal (50%), puis à l'Etablissement public d'aménagement Paris-Saclay, placé sous la tutelle de l'État, représenté conjointement par les ministres chargés de l’urbanisme, de l’enseignement supérieur et de la recherche. La parité société politique-société civile est un trompe-l'oeil
Sur le plan de la parité, les apparences sont tout aussi trompeuses
Le gouvernement d'Edouard Philippe se veut des plus vertueux sur ce plan aussi, mais les évidences masquent une réalité plus discutable.
Sur les 29 ministres et secrétaires d'Etat nommés, quinze sont des femmes. Parmi les seuls ministres, on compte même huit hommes pour onze femmes, même si les deux seuls ministres d'Etat, Gérard Collomb et Nicolas Hulot, sont des hommes. En revanche, le remplacement de François Bayrou par Nicole Belloubet au ministère de la Justice a "rééquilibré" la parité parmi les ministres aux fonctions régaliennes, d'autant que la sexagénaire ne pas pas pour sotte, si on considère que le genre ne peut être une spécificité supérieure à l'intelligence. Mais le maintien de la libre-penseuse Marlène Schiappa tend toutefois à contredire cette faveur donnée à la compétence. Point commun à ces deux générations de femmes, le sectarisme de gauche, car la ministre de la Justice avait démissionné de son poste de recteur (sur nomination de Jospin en 2002) de l'Académie de Toulouse pour protester contre Fillon. "Je ne pense pas trouver désormais la force de conviction suffisante pour servir le ministère de l'Éducation nationale au niveau de détermination qu'exige ma conception de l'éthique professionnelle."
Seule petit accroc par rapport au premier gouvernement d'Edouard Philippe, les ministères des Armées et de la Culture, tous deux occupés par des femmes, ont rétrogradé d'un rang dans l'ordre protocolaire...
Le gouvernement qui devait être "restreint" s'est alourdi
Deux chiffres :
- mai 2017 : 18 ministres et 4 secrétaires d'Etat, soit 22 membres
- juin 2017 : 19 ministres et 10 secrétaires d'Etat , soit 29 membres
Croyez-vous que les "fact checkers" s'en soient donnés à coeur joie ?Emmanuel Macron poursuit son entreprise de brouillage des clivages politiques
Il débauche des boit-sans-soif issus de la gauche et de la droite qui ne rêvent que de portefeuille ministériel. Avec le remaniement du gouvernement, mercredi, la gauche et la droite se mêlent sur la photo, comme à un cocktail.
Mais il est vite dit d'affirmer que les deux recrues sont deux ministres.
Avec le remaniement du gouvernement, mercredi, la gauche et la droite se mêlent sur la photo, comme à un cocktail. C'était la démarche annoncée par le candidat Macron, avant la présidence. Et c'est également l'impression laissée par le deuxième gouvernement d'Édouard Philippe, après un mois d'atermoiements et une crise politique déclenchée par le départ de la ministre MoDem des Armées, Sylvie Goulard, prise dans une embuscade judiciaire. L'effet dominos ne manqua pas d'opérer, entraînant la chute de la bipolaire Murielle de Sarnez, puis de François Bayrou, patron d'un parti en faillite que le Thénardier tenait artificiellement en vie au moyen d'un système de financement frauduleux aux dépens du Parlement européen, pompe à fric chérie.
Faute de ressources humaines propres, Emmanuel Macron détourné des ministres désorientés issus de la gauche et de la droite. Les viviers de gauche et de droite ont du bon... L'allié MoDem est en revanche défaillant, mieux, il est à l'origine d'une crise politique sur fond de déficit de moralité. Le président jupitérien réajuste donc sa stratégie.
Ces boit-sans-soif ne rêvaient que de portefeuille ministériel , tout en étant uniquement soucieux de servir les Français.
Jacqueline Gourault, proche de François Bayrou depuis 30 ans, est subordonnée, place Beauvau, au ministre de l'Intérieur socialiste, Gérard Collomb, mais sans affectation déterminée...
Maire de Mont-de-Marsan, Geneviève Darrieusecq travaillera avec Florence Parly, la nouvelle ministre des Armées.
Si le parti centriste reste présent dans l'exécutif avec deux MoDem (Jacqueline Gourault, proche de François Bayrou depuis 30 ans, est ministre, mais auprès de Gérard Collomb à l'Intérieur, et Geneviève Darrieussecq n'est que secrétaire d’Etat auprès de la ministre des Armées, aucune n'est ministre de plein exercice. Le MoDem n'est plus indispensable en termes de majorité présidentielle à l'Assemblée composée de 350 Macron-idolâtres.
Belloubet et Travert, anciens PS convertis au macronisme anthropophage.
Trois socialistes de plus au tableau de chasse du banquier.
Ancienne membre du gouvernement Jospin, Florence Parly n'est pas la seule personnalité issue des rangs du PS à entrer au gouvernement.
Sa nomination au ministère des Armées soulève déjà une tempête sous les képis, les casquettes et les bérets: depuis mai 2016, cette ministre était directrice générale de SNCF Voyageurs et, avant cela, à Air France: on l'aurait attendue aux Transports ! Mieux, la quinquagénaire (dont le père de la progéniture est Martin Vial, alors directeur général du groupe ...La Poste) a servi le Premier ministre Lionel Jospin comme secrétaire d'État au ...Budget (2000-2002), ce qui fait craindre la prise de mesures d'austérité. Vous avez dit société civile ?
Ancienne élue socialiste de gauche à Toulouse, Nicole Belloubet a viré au centre pour appliquer une politique radicale à la Justice et Stéphane Travert, député socialiste de de la Manche depuis juin 2012, récupère le ministère de l'Agriculture. Celui-ci avait été l'un des premiers députés PS à s'être mis "En marche!", en août 2016. Il a fait toute sa carrière au PS, finalement dans le camp des frondeurs: il n'a pas voté la confiance au Premier ministre Manuel Valls. Alors, de la "société civile", ce n'est encore pas lui qui en serait.
Emmanuel Macron n'a pas pour autant oublié ses proches dans ce remaniement, mais ce qu'on retiendra d'eux n'est ni leur opportunisme ni leur arrivisme. Se situant au niveau du PS Michou Sapin en termes de parti-pris, l'ancien porte-parole d'En marche! élu député REM de Paris, dimanche, Benjamin Griveaux est un ancien vice-président PS du Conseil départemental PS de Saône-et-Loire.
Il sort du cabinet de Marisol Touraine, mais ce n'est pas pour autant qu'il est secrétaire d'Etat à la Santé. Non, cet "expert" est attaché au ministère de l'Economie, sans attribution spécifique. D'aucuns le soupçonnent d'être l'oreille de Macron dans le sillage des LR, Bruno Le Maire et Gérald Darmanin. Cette fonction de supplétif le place d'ailleurs au dernier rang dans l'ordre protocolaire.
L'ancien directeur de cabinet adjoint de Macron à Bercy, Julien Denormandie, est également fait secrétaire d'État, après avoir jusqu'ici été secrétaire général adjoint de l'Élysée.
A noter que ce secrétaire d’Etat est attaché au ministre de la Cohésion des territoires. On peut même dire qu'il reste lié à Richard Ferrand qui a dû lâcher ce ministère sur des soupçons de favoritisme et d'enrichissement personnel sur le dos des mutualistes bretons et que son successeur, Jacques Mézard, 70 ans, restera plaçé sous la
Avec deux secrétariats d'Etat, les demandeurs d'emploi LR "constructifs" peuvent s'estimer négligés.
Pas d'entrée en force des Républicains Macron-compatibles au gouvernement Philippe 2, car Bercy en recèle déjà un bon nombre, des Juppéistes, dans un ministère exposé qui va devoir faire ses preuves et où les mouchards de Macron veilleront à ce qu'ils mettent leurs convictions passées dans leurs poches et leurs mouchoirs par-dessus, notamment en matière de CSG et de fiscalité en général.
L'aile droite du gouvernement est néanmoins complétée par deux secrétaires d'Etat. Proches de Bruno Le Maire - 2,4% à la primaire de la droite et du centre et apport politique négligeable à la majorité - Sébastien Lecornu sera chargé de la Transition écologique et Jean-Baptiste Lemoyne, premier parlementaire LR à rallier Emmanuel Macron, hérite de l'Europe et des Affaires Étrangères, à la suite de la démission forcée de Marielle de Sarnez, bras droit de Bayrou (MoDem), au coeur du système de fraude aux finances du Parlement européen.
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