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samedi 10 juin 2017

Les Modernes de Macron ne font pas mieux que les Anciens

Quand la République en Marche ne change rien à la "vieille politique"

Le parti présidentiel, La République en marche, n'a pas mis fin aux accords d'appareils

Moralisation : les ministres MoDem Bayrou (ci-dessus) et Sarnez,
en délicatesse avec police et justice 
Les cadres du parti de Macron, La République en Marche (LREM), ont déjà mis le champagne au frais. Peu leur chaut l'occasion manquée du renouvellement de la vie publique lors des législatives des 11 et 18 juin. Le 29 mai, Gérard Collomb, le nouveau ministre de l'Intérieur, entouré de ses quatorze candidats dans le Rhône,vendait allègrement la peau de l'ours avant de l'avoir tué, sur la terrasse d'un immeuble proche du musée Confluences, à Lyon.  A eux, s'était joint le mathématicien Cédric Villani, professeur à l'université Claude-Bernard de Lyon, et pourtant parachuté dans l'Essonne. "Nous sommes en train d'étonner le monde" , s'était rengorgé le ministre septuagénaire, acclamé par ses partisans. 

Les macroniens sont grisés par les sondages
Ils annoncent la majorité absolue à l'Assemblée pour un parti créé il y a un peu plus d'un an ! Selon la dernière enquête OpinionWay et Les Echos (groupe LVMH, libéral), LREM recueillerait 30 % des suffrages et obtiendrait entre 370 et 400 sièges, soit plus que le PS en 2012, qui comptait 312 élus. 
Cette vague Macron tient certes à l'effet de souffle présidentiel - les Français ont toujours donné la majorité absolue au président depuis que les législatives ont lieu dans la foulée de la présidentielle, d'autant que les débuts du quinquennat sont jugés réussis, mais à un engouement irraisonné entretenu par la presse mercantile aux mains d'hommes d'affaires qui veulent croire au banquier entré à l'Elysée.
Le jeunisme du candidat Macron explique aussi cette probable victoire aux législatives, par lesquelles le président veut donner un vrai coup de jeune à la politique. Il a privilégié des candidatures ouvertes à tous (19.000 ont été déposées : en nombre toutefois insuffisant pour prétendre à tous les sièges...), une stricte parité hommes-femmes et une entrée en force de la société civile, qui représente la moitié des candidats, aux dépens de la mixité sociale et de la diversité.  "Nous avons suscité des candidatures de grande qualité qui n'auraient jamais passé le filtre des partis", se flatte Jean-Paul Delevoye, à la tête de la Commission d'investiture. 

Le parti du président balaie ses propres principes 

Nombre de principes de campagne ont été écornés. 
"Il n'y aura aucun accord d'appareil avec quelque parti que ce soit; ce sont les idées et la volonté de transformer le pays qui doivent nous unir", promettait le candidat Macron, le 19 janvier. Mais, avec  son alliance avec François Bayrou, jugée déterminante pour la victoire, Macron ramène les électeurs à la réalité politicienne. Dès l'annonce de la première liste de candidats En marche !, le 11 mai, le président du MoDem, estimant son accord pré-électoral trahi avec l'attribution par Macron d'une quarantaine de candidats au MoDem, a craint pour la survie de son groupuscule à l'Assemblée. Le chantage du maire de Pau soutenu par Juppé auprès du juppéiste Edouard Philippe et Delevoye, un proche de Raffarin, et les doutes de Macron sur ses propres capacités à gagner avec des inconnu(e), ont finalement permis à Bayrou de doubler le nombre circonscriptions réservées au MoDem.
"C'est une dérogation à nos principes, admet Jean-Paul Delevoye. Nous sommes en transition entre l'ancien et le nouveau monde politique," tente-t-il de se justifier. 
Ironie du sort vertueux, la bande à Bayrou vient de se faire pincer dans une affaire de financement illégal du MoDem par leurs cinq eurodéputés qui faisaient salarier une dizaine d'assistants parlementaires fantômes à Strasbourg mais industrieux (disent-ils) dans les circonscriptions: le MoDem tient en effet beaucoup au maintien de son tissu territorial...
Autre entorse : alors qu'Emmanuel Macron avait promis la présence de son parti dans chaque circonscription, il n'opposera aucun candidat dans 51 circonscriptions.
Le parti présidentiel lui accorde l'excuse de la  "bienveillance" envers des élus qui ont donné des signes d'ouverture à la majorité présidentielle. Les protégés de Macron sont des ...juppéistes, tels Thierry Solère ou Franck Riester (LR), des sortants rodés à l'activité parlementaire dont ses propres troupes auront tout à apprendre, ainsi que des UDI, tel Yves Jégo, qui ont été épargnés, comme les socialistes Marisol Touraine, Stéphane Le Foll et Myriam el-Khomri, qui a porté sa loi Travail quand il tirait les ficelles depuis Bercy. 

Macron a aussi renié son engagement à écarter tout candidat ayant déjà effectué trois mandats de député. 
Cela a permis de repêcher Manuel Valls, déjà trois fois député, rallié au président et redevable, mais trop cumulard pour être sélectionné. L'ancien premier ministre ne s'est vu opposer aucun macronien contre lui dans l'Essonne, alors qu'ailleurs ses soutiens doivent affronter des candidats En marche !... 
Ce cas n'est pas isolé, puisque c'est aussi celui du Tarn où En marche! a investi deux candidats sur trois. Dans la 1ère circonscription (Albi-Castres montagne) le parti du président n'a désigné personne. Le troisième, Philippe Folliot, est un député centriste sortant et rallié à la candidature d'Emmanuel Macron. Or, Philippe Folliot n'est pas une nouvelle tête: ce parlementaire est élu depuis trois mandats. Foin donc encore de la règle de ne pas faire plus de trois mandats successifs.

Pour conquérir la majorité à l'Assemblée, Emmanuel Macron a fait, lui aussi, de la vieille tambouille politicienne… 

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