Deux profils se distinguent dans les investitures d'En Marche
Deux profils bien distincts qui pourraient constituer les deux forces centripètes de la future majorité présidentielle
Une étude lève le voile sur le profil réél des candidats de la République en Marche aux législatives. Le Cevipof a passé en revue les 529 candidats du parti d'Emmanuel Macron aux élections législatives et les étudiants du Centre de recherches politiques de Sciences Po ont publié mercredi 7 juin le résultat de leur enquête électorale sur les candidats investis par le parti d'Emmanuel Macron pour le scrutin des 11 et 18 juin. Sexe, âge, parcours politique, origine sociale, métier des 529 impétrants désignés par la commission nationale d'investiture d'En Marche.
Deux portraits robots se dégagent:
le candidat " novice en politique " est une femme aisée de 44 ans, sans affiliation politique, qui travaille dans le privé ;
le " candidat expérimenté en politique " est un homme de 51 ans issu de la classe moyenne , mais un haut fonctionnaire qui s'est formé dans les assemblées territoriales et les cabinets ministériels et a donc déjà occupé un mandat électif, plutôt de gauche.
Les enquêtes d'opinion qui travaillent sur l'image de la République en Marche annoncent une entrée fracassante du parti présidentiel à l'Assemblée nationale, mais ces groupes plutôt homogènes qui constituent les deux pôles antithétiques pourraient cohabiter dans la nouvelle majorité macronnienne, mais sans se mêler. Les premières inquiétudes apparaissent d'un risque de rivalités, de frictions et d'incohérence.
Les élus de la droite républicaine seront plus nombreux qu'annoncés par les sondages |
Promesse tenue pour Emmanuel Macron, la parité progresse
Avec 267 femmes-candidates contre 262 candidats-hommes, le mouvement du président de la République respecte une stricte parité hommes-femmes aux législatives. Un constat qu'il convient toutefois de nuancer.
Les femmes sont plus nombreuses parmi les candidats " novices " – ceux qui n'ont jamais occupé de mandat électif – que chez les politiques "expérimentés" puisqu'elles représentent 57% des candidats n'ayant jamais eu d'expérience politique. Selon Le Monde qui a également étudié de son côté le profil de ces candidats, la République en Marche présente également plus de femmes que d'hommes dans les circonscriptions les plus défavorables (60%).
Des candidats plus jeunes constituent un des aspects du renouvellement promis par le nouveau président de la République: les candidats de la République en Marche sont plus jeunes que les députés de la majorité socialiste sortante. Leur moyenne d'âge est de 47 ans contre 54,6 ans pour les parlementaires élus en 2012. La doyenne, candidate en Haute-Garonne, a 72 ans et la plus jeune, 24 ans.
Là encore, l'âge varie selon l'expérience politique des candidats. L'âge moyen des " novices " est de 44 ans contre 51 ans pour les candidats qui ont déjà occupé un mandat électif.
Une assez forte proximité avec le Parti socialiste
La promesse du " ni droite ni gauche " est partiellement tenue. S'il vaudrait mieux parler d'un "et de droite et de gauche", selon la fameuse antienne du chef de l'Etat, les candidats issus du Parti socialiste sont surreprésentés par rapport à leurs camarades de droite. Au total, près d'un tiers des candidats présentés par la République en Marche viennent de la gauche prise dans son sens large (avec Europe-Ecologie-Les Verts) dont 24,8% du PS. Parallèlement, ils ne sont que 15% issus de la droite (Les Républicains, UDI, divers droite) et 12,3% du Modem. Au total, 45% des députés macroniens sont des déserteurs de droite ou de gauche.
Les candidats de LREM ne sont pas autant issus de la "société civile" que proclamés
39,7% n'ont aucune proximité politique particulière. Si près de 40% des candidats de la République en Marche n'ont aucune affiliation partisane, cela ne veut pas dire qu'ils n'ont aucune expérience politique, tentent selon ceux qui tentent de nous rassurer : un élément de langage qui tend à combattre l'idée que l'inexpérience des nouveaux députés ajoutée au taux historiquement élevé de l'abstention fragilise l'autorité du président Macron en entamant gravement sa légitimité.
222 candidats investis par En Marche ont déjà occupé un mandat électif, du conseiller municipal au député-maire, fait-on savoir avant le second tour.
Parmi les 25 députés qui se présentent sous les couleurs de La République En Marche, 21 viennent du PS, 2 du PRG, 1 d'EELV et 1 seulement de Les Républicains (Bruno Le Maire). Mais les 300 autres candidats estampillés " société civile " ont -pour certains !- bénéficié d'expériences dans l'entourage d'élus locaux ou nationaux. D'autres ont été assistants parlementaires. Enfin, un bon nombre de candidats – près d'un tiers – ont déjà fait l'expérience d'une "socialisation politique": à la tête d'une association, d'une chambre de commerce et d'industrie, de services municipaux et des syndicats ou mutuelles étudiants (Fidl, Fage, UNEF, LMDE) ou des mouvements de jeunes politiques (MJS, par exemple)…
Des candidats issus d’un milieu aisé
C'est le principal échec du renouvellement porté par En Marche. Les candidats sélectionnés sont en grande majorité issus des classes sociales supérieures à ...68,6%. Les classes moyennes ne représentent que 23% du total des candidats investis et les classes populaires 8,5%. Dans le détail, La République En Marche n'a désigné que… 0,2% d'ouvriers et 0,9% d'employés. Guère mieux du côté des agriculteurs -constamment cités - mais qui ne représentent que 2,3% des candidats La République en Marche.
Les cadres du privé sont les mieux pourvus et pèsent pour plus de 20% des candidats investis. Les chefs d'entreprises sont aussi en bonne position constituant près de 17% des candidats.
Un rééquilibrage public-privé
C'est la correction d'un travers largement critiqué de l'Assemblée nationale: s'ils sont élus les 11 et 18 juin prochains, les candidats choisis par le parti d'Emmanuel Macron apporteront un rééquilibrage entre secteur public et secteur privé. La République en Marche présentera en moyenne 60% de candidats issus du secteur privé. Un petit séisme, quand on sait qu'en 2012, les fonctionnaires représentaient 55% des candidats élus.
Un choix qui se ressent dans la formation des candidats: alors qu'on compte seulement 8 anciens élèves de l'ENA, 2 anciens élèves de l'Ecole normale supérieure, et 2 anciens polytechniciens, les anciens étudiants d'écoles de commerce devraient faire leur entrée en force à l'Assemblée nationale. Ils sont 54 candidats au total à avoir suivi une formation commerciale. 26 anciens de Sciences Po Paris et 14 anciens d'un Institut d'études politique de Province ont également été désignés, avant d'avoir le temps de tenter d'accéder à l'ENA ou pour avoir à la suite de leurs études suivi un parcours privé pour la plupart.
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