Les journalistes inquiets pour l'indépendance de la presse sous le règne de Macron 1er
Plusieurs sociétés de journalistes (SDJ) s'inquiètent de "signaux extrêmement préoccupants" envoyés par le gouvernement
Empires de presse en péril.... |
"Face à la liberté d'informer, le nouvel exécutif fait le choix de la tentative de pression, de la répression judiciaire et du procès d'intention", dénoncent dans ce texte les SDJ du privé l'AFP, Alternatives économiques, BFM TV, Les Échos, Europe 1, L'Express, Libération, les JT de M6, Mediapart, Le Monde, L'Obs, Le Point, Premières Lignes Télévision,RMC, RTL, Télérama, La Vie et les rédactions de Dream Way Production et LaTeleLibre, ainsi que le service public de Radio France, RFI, France 2 et la Rédaction nationale de France 3.
"Deux ministres ont envoyé des signaux extrêmement préoccupants quant à la manière dont ils conçoivent l'indépendance des media et la protection des sources, ou plutôt leurs limites", la semaine dernière, précisent les SDJ.
Vendredi 9 juin, le ministère du Travail a porté plainte contre X pour vol et recel de documents à la suite de la publication dans Libération d'informations présentées comme des pistes de la future réforme du Code du travail. La ministre en charge est Muriel Pénicaud, 62 ans (ci-contre), ex-membre du cabinet de la ministre du Travail, de l’Emploi et de la Formation professionnelle (1985-1991), Martine Aubry, puis conseillère pour la formation (1991-1993) auprès de la ministre qui devait devenir frondeuse sous François Hollande, avant de passer dans le privé comme dirigeante d’entreprise multi-nationales (Dassault, Danone, Orange).
Le gouvernement assure que la plainte ne vise pas Libération, mais le fonctionnaire à l'origine de la fuite. Or, le syndicat SNJ-CGT -affiliée à la CGT- y a vu "un signal envoyé à la profession pour la museler".
Cette plainte a conduit Reporters sans frontières (RSF) à réitérer mardi "sa demande d’abroger le délit de recel" pour les journalistes et à appeler la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, "à abandonner sa plainte".
"Ces fuites, si désagréables soient-elles pour la ministre, portent sur des informations qui présentent un intérêt indéniable pour les citoyens, et leur publication relève du droit du public à l’information", déclare Pauline Adès-Mével, responsable du bureau UE-Balkans de RSF, citée dans un communiqué. "Il est inacceptable que des journalistes puissent, en démocratie, être considérés comme pénalement suspects de n’avoir fait qu’une chose : leur métier."
Le ministre d'Etat chargé de la Justice avait quant à lui exercé des pressions directes sur l'un des directeurs de Radio France
François Bayrou lui avait adressé des reproches en fin de semaine dernière, se plaignant des appels de journalistes de France Inter au MoDem, parti dont il est toujours président, et les accusant de "harcèlement". Cet appel était intervenu mercredi, quelques heures avant la diffusion d.'une enquête sur les emplois d'assistants parlementaires d'une dizaine d'eurodéputés du parti centriste, allié au mouvement du président Macron, En marche!.
Les SDJ s'inquiètent également d'une plainte déposée par En marche! le 11 mai. Elle vise la lettre d'information spécialisée La Lettre A, exclusivement destinée à l'information sur les cercles de pouvoir en France, "pour 'recel d’atteinte à un systèmes de traitement automatisé de données’. En clair, En Marche ! reproche à la Lettre A d’avoir exploité dans un article des informations tirées des 'MacronLeaks’, issues d’un vol numérique, le piratage de ses boîtes mail, au sujet des premiers grands donateurs du mouvement d'Emmanuel Macron, et son financement, questions "ultrasensibles pour le mouvement" présidentiel.
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a d'ailleurs estimé dans un tweet que "le nouveau pouvoir n’a pas un problème avec la presse mais avec tous les corps intermédiaires".
Mardi, le Premier ministre, Édouard Philippe, a dû rappeler François Bayrou à son devoir d'"exemplarité", soulignant que "quand on est ministre, on ne peut plus réagir comme quand on est un simple citoyen". A quoi le maire de Pau a répliqué qu'il entend conservé sa liberté de ton et de parole, notamment face à la différence de la presse qui déconstruit son image frelatée de vertueux.
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