Jugulaire-jugulaire, les moralisateurs de la vie publique désignent Ferrand, en pleine enquête judiciaire
Les 308 députés de la République en marche ont élu l'ancien ministre soupçonné de favoritisme et d'enrichissement personnel
Candidat unique, Richard Ferrand, ex-socialiste rallié de la première heure à Emmanuel Macron et devenu la cheville ouvrière d'En Marche !, a été élu à main levée
par le 'Komsomol' LREM, samedi 24, lors de son "séminaire de cohésion" destiné à établir le fonctionnement du groupe majoritaire et sa relation avec le gouvernement.
Le fonctionnement du groupe et l'articulation de son travail avec celui du gouvernement est le thème central du séminaire, notamment en regard de la fronde sous le quinquennat Hollande.
"Vous n'avez pas un devoir d'obéissance au gouvernement mais un devoir de fidélité", a lancé, dès l'ouverture des travaux, celui qui a trié les candidats à la députation en fonction de leur inexpérience et de leur docilité, l'ex-président de la commission d'investiture.
Premier congrès du Komsomol (octobre 1918) |
Aux primo-arrivants, Jean-Paul Delevoye, 70 ans, a ainsi rappelé qui les a faits et à qui ils doivent leur présence au Palais Bourbon, alors que l'ancien sénateur n'est plus lui-même détenteur d'aucun mandat électif populaire depuis quinze ans (2002).
L'élection de #Ferrand à le tête du groupe #LREM c'est à l'image du rôle des députés #Macron pendant 5 ans : #FermeLaEtVote #naufrage— LR En Colère ! (@LRencolere) 24 juin 2017
Tous, comme un seul homme moins deux abstentions, ont installé "le 1er des macroniens" à sa tête, lors d'un séminaire à huis clos dans la résidence du président de l'Assemblée.
"Je m'attacherai à faire vivre la promesse de renouvellement des pratiques politiques dans le cadre du travail parlementaire et à donner corps, avec le gouvernement, au contrat avec la nation passé entre le président de la République et nos concitoyens", a promis le député du Finistère et ex-secrétaire général du mouvement présidentiel dans un communiqué.
L'ex-ministre de la Cohésion des territoires, mis en cause pour une opération immobilière en faveur de sa concubine, mais en défaveur des adhérents mutualistes de Mutuelles de Bretagne dont il était le directeur-général, sans compter l'emploi fictif de son fils à l'Assemblée nationale, avait quitté le gouvernement à la demande du président Macron pour briguer ce poste stratégique. Une enquête a été diligentée par la justice après un article du Canard enchaîné révélant qu'il y a seulement six ans (en 2011), les Mutuelles de Bretagne avaient décidé de louer des locaux commerciaux appartenant à sa maîtresse, qui bénéficia d'un prêt avantageux, valorisa son bien par une rénovation des locaux et profita de rentrées d'argent sous forme de loyers, sans que le Parquet ne décide une mise en examen.
L'#AFP tenait le scoop #Ferrand avant le Canard… mais la rédaction en chef ne l'a pas jugé intéressant… Inquiétant https://t.co/cXzHoJjoRI pic.twitter.com/53SSEE22oM— Nils Wilcke (@paul_denton) 22 juin 2017
Un fait du prince : "Je veux que tu sois mon Pierre Joxe", lui a demandé le chef de l'État.
Macron 1er faisait référence à l'éphémère ministre de l'Industrie (un mois) que François Mitterrand missionna pour diriger le groupe PS d'une main de fer (de 1981 à 1984, puis de 1986 à 1988).
Le porte-parole du gouvernement tenta de justifier cette exfiltration du favori du roi, assurant qu'"il fallait un leader qui connaisse bien chacune et chacun, qui connaisse bien le projet politique sur lequel Emmanuel Macron a été élu", déclara Christophe Castaner sur BFMTV, faisant de Richard Ferrand "l'homme idéal".
#Ferrand pas assez honnête pour être ministre, mais recasé à l'assemblée par une horde de Députés prônant le renouveau ! #RenouveauPipeau— LR En Colère ! (@LRencolere) 24 juin 2017
Personnel encadrant du législatif, l'exécutif représenté par Edouard Philippe, escorté du reste du gouvernement, a demandé aux députés "d'incarner la transformation du pays".
VIDEO⚡@GilbertCollard «On va se marrer quand #Ferrand va porter la loi de moralisation à l'Assemblée.C'est #Dutroux qui défend la moralité!» pic.twitter.com/54VDbW832S— fandetv ن (@fandetv) 22 juin 2017
L'élection quasi unanime de Richard Ferrand a suscité des critiques de certains politiques
"Une vraie bande de godillots piétinant la morale !", a tweeté l'ex-député LR Thierry Mariani.
Un point de vue qu'étaie par exemple ce tweet de la Juppéiste Aurore Bergé :
"Je voterai pour @RichardFerrand à la tête de notre groupe. Il est le plus légitime d'entre nous." @franceinfo #8h30Aphatie— Aurore Bergé (@auroreberge) 21 juin 2017
A noter que la page Twitter de Richard Ferrand n'accepte que les avis favorables...
Avec l'élection de R.#Ferrand à la tête du groupe LREM, c'est le retour de la politique crocodile : une grande gueule mais des petits bras.— Maxime Thiébaut (@MaximeThiebaut) 24 juin 2017
"Richard Ferrand élu à la tête du groupe LREM : la "moralisation", ce sont de grands mots, mais des actes petits", a fustigé le n°2 du Front national, Florian Philippot.
Quelle est cette République dans laquelle l'exécutif désigne le président du groupe LREM ? À quoi servent donc les députés LREM ? #Ferrand— Florence Portelli (@FloPortelli) 19 juin 2017
Le Huffington Post montre du doigt l'opposition
"L'élection de Ferrand à la tête du groupe La République En marche fait grincer des dents dans l'opposition," titre-t-il.
#insulte à la #morale et #mépris pour l'Assemblee caractérisent l'élection de #Ferrand président du groupe #LREM— Valérie Boyer (@valerieboyer13) 24 juin 2017
Le corps de l'article fait également état de la grogne de la gauche:
Notamment le vote à main levée, à la soviétique...
Une élection à main levée, avec une seule candidature, visée par une enquête préliminaire, sous les acclamations et sur décision du PR. https://t.co/eSfg37DZTQ— Olivier Dartigolles (@Dartigolles) 24 juin 2017
A l'instar des nouveaux députés, les journalistes du HuffPost ne sourcillent
- ni aux modalités du vote censé désigner le président du groupe En Marche, - ni au rejet d'éventuelles candidatures alternatives, - ni à la candidature unique, - ni au vote à huis clos, à l'abri des regards des électeurs de la législative...
Quelle est cette République dans laquelle l'exécutif désigne le président du groupe LREM ? À quoi servent donc les députés LREM ? #Ferrand— Florence Portelli (@FloPortelli) 19 juin 2017
Le HuffPost n'a déniché aucun mouvement d'indignation ou de colère
sur Twitter. En voici un, à son attention:
Comme dans les pires régimes collectivistes, #Ferrand était le seul candidat désigné pour le poste...— 🎈Mormach (@mormach) 25 juin 2017
C'est bien sur le seul à être élu ! pic.twitter.com/L5ag5c614N
Encore un petit ?
Richard #Ferrand trop magouilleur pour être Ministre mais assez escroc pour diriger le groupe La République En Marche à l'assemblée #honteux— PERRIN (@subversifperrin) 24 juin 2017
Vous avez remarqué ? Il n'y a plus d'affaire #Ferrand...— Emmanuel Makron 👣 (@EmmanuelMarchon) 23 juin 2017
Ça, c'est l'effet magique #Macron ! #OnApplauditLeMaitre pic.twitter.com/TFGmHMp1rp
Macron cherche une femme pour le perchoir de l'Assemblée
Un stage intensif pour débutants
Après 10 heures de réunion samedi, le député de l'Essonne Cédric Villani a affirmé avoir engrangé "beaucoup d'infos". "On a beaucoup parlé de l'esprit dans lequel on va travailler. Il faudra trouver un bon équilibre entre le débat ouvert et la cohésion du groupe", a-t-il souligné, confirmant un formatage des esprits.
Les jeunes néophytes étant dépassés par les événements, il a fallu décider de repousser l'appel à candidatures pour les postes à responsabilités (présidences de commission, questure...) à dimanche soir, après une nouvelle matinée de formation accélérée...
Le Premier ministre a aussi salué la féminisation de l'Assemblée, comme si "Marianne était enfin chez elle"... Depuis l'emménagement d'un locataire de droite à Matignon, certains responsables REM militent pour qu'une femme de gauche accède au "perchoir", poste le plus prestigieux, ce qui serait une première, mais un deuxième couac, après la promotion de Ferrand, si le critère du genre devait prévaloir sur celui de la compétence.
Deux candidates se sont déclarées vendredi soir.
Brigitte Bourguignon et Sophie Errante, deux ex-PS ralliées à En Marche qui entament leur deuxième mandat.
Seul homme en lice jusqu'alors, l'ex-candidat à la primaire de la gauche François de Rugy, député depuis 2007, insiste sur son expérience et sa volonté de réformer l'Assemblée. Et sa flexibilité...
Le groupe votera mardi matin pour désigner son candidat, qui devrait être élu l'après-midi président de l'Assemblée dans la séance inaugurale.
Pour tous les postes clefs, il faudra un équilibre entre novices et chevronnés, "marcheurs" de gauche et de droite, femmes-hommes, etc.
REM devra aussi tenir compte du MoDem, dont les 42 députés se réuniront dimanche à l'Assemblée. Sera notamment évoquée la présidence de groupe: Marielle de Sarnez était pressentie, mais elle devra vraisemblablement se contenter d'une présidence de commission, puisque sa moralité est salie par une affaire de fraude au financement de collaborateurs supposés, au détriment du Parlement européen, poule aux oeufs d'or du MoDem de Bayrou.
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