REM, le parti du président Macron, clive le milieu LGBT
"Je ne marcherai pas aux côtés d'un parti qui soutient des homophobes"
Cet ancien d'Act-Up et militant LGBT, Jérôme Martin regrette la présence du parti d'Emmanuel Macron, En marche !, à la 40e Marche des fiertés. Il a pris bouche avec l'entourage du candidat Macron, qu'il accuse de falsification de l’histoire récente, "véritable insulte pour toutes les victimes d’homophobie ces dernières années". Le dialogue a capoté (lien). Gays, bis, trans intersexes ou encore queer défilent, samedi 24 juin à Paris, pour lutter contre les discriminations qu'ils subissent et prôner l'égalité des droits.
Mais cette année, la participation du comité LGBT-En marche !, affilié au parti majoritaire de l'Assemblée nationale, à cette marche festive soulève la colère des militants radicaux. Des élus REM ont en effet été épinglés pour leurs déclarations controversées sur l'homosexualité.
[J-10] Nous serons à la #MarchesDesFiertésLGBT 🏳️🌈le 24 juin à Paris avec @centregaux avec les #LGBTI d'#EnMarche ! https://t.co/U1OcxfcoRX— LGBT - En Marche ! (@LGBTEnMarche) 14 juin 2017
"Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore cette organisation [Act-Up] créée lors de la Gay Pride de 1989, on peut la présenter comme un " groupe d'activistes " issus de la communauté homosexuelle se battant pour défendre équitablement toutes les personnes touchées par le sida, et qui utilise, dans ce sens, l'information, la communication mais aussi la désobéissance civile," écrit L'Humanité.
Commencez par virer les homophobes de votre parti !
Vous venez avec le mec qui considère l’homosexualité comme une abomination et les ministres contre le mariage pour tous?— Remy Poire (@numerobis21) 19 juin 2017
Des élus et des ministres pointés pour une homophobie supposée
Pour Jérôme Martin, la participation d'En marche ! à cette manifestation est incompréhensible : "Emmanuel Macron a nommé des homophobes au gouvernement; c'est scandaleux de récompenser l'homophobie." L'allusion concerne Gérald Darmanin, nouveau ministre de l'Action et des Comptes publics, membre du parti Les Républicains et fervent opposant au mariage entre personnes du même sexe, il y a quatre ans.
Pas de liberté de conscience pour le maire de Tourcoing, ville à forte communauté musulmane.
Si je suis Maire de #Tourcoing, je ne célébrerai pas personnellement de mariages entre 2 hommes et 2 femmes— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) 2 juin 2013
Nuit de séance #directAN pour s'opposer au mariage et adoption par les couples homosexuels— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) 17 avril 2013
Le comité LGBT-En marche !, participant officiel à la manifestation, reconnaît que des propos problématiques ont pu être tenus : "Dans notre parti, on a le droit à l'erreur et cela rentre là-dedans."
L'un des membres du collectif -dont l'identité n'est pas révélée- assure qu'à titre personnel, il ne soutient pas certains membres du gouvernement. "Cependant, ils ont clarifié leur point de vue et se sont excusés dans la presse."
Gérald Darmanin est revenu sur ses positions dans La Voix du Nord et sur le site du Point, expliquant que "ce tweet était malvenu", qu'il avait "évolué sur le sujet". Le ministre de Macron assure désormais qu'il n'hésitera pas à célébrer des mariages homosexuels. Plusieurs mariages entre personnes de même sexe ont d'ailleurs bien été célébrés à Tourcoing depuis la promulgation de la loi, par d'autres que le député-maire...
Deux autres membres entrés au gouvernement mercredi se sont prononcés contre le mariage pour tous. La MoDem Jacqueline Gourault, nommée ministre auprès du ministre de l’Intérieur, et Jean-Baptiste Lemoyne, 39 ans, ex-sénateur (apparenté Les Républicains) de l'Yonne, nommé secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Europe, ont voté contre cette loi, rappellent Les Inrocks.
Chez En marche !, "on assume complètement" : si "on assume", tout est dit !
Autre élu stigmatisé par les militants LGBT, le député La République en marche élu dans la 1ère circonscription de Guadeloupe. Sur Guadeloupe 1ère en 2012, Olivier Serva avait qualifié l'homosexualité d' "abomination" et jugé le mariage pour tous "intolérable". Lorsque ses propos ont refait surface pendant la campagne, le député REM a fait marche arrière et présenté ses excuses sur franceinfo, arguant qu'il n'est "pas homophobe". "On assume complètement, assure le comité LGBT-En marche !, le mouvement avait très peu de temps pour traiter 16.000 candidatures aux législatives, le taux 'd'erreur de casting' est très bas." Du travail à la va-vite ?
Autre élu stigmatisé par les militants LGBT, le député La République en marche élu dans la 1ère circonscription de Guadeloupe. Sur Guadeloupe 1ère en 2012, Olivier Serva avait qualifié l'homosexualité d' "abomination" et jugé le mariage pour tous "intolérable". Lorsque ses propos ont refait surface pendant la campagne, le député REM a fait marche arrière et présenté ses excuses sur franceinfo, arguant qu'il n'est "pas homophobe". "On assume complètement, assure le comité LGBT-En marche !, le mouvement avait très peu de temps pour traiter 16.000 candidatures aux législatives, le taux 'd'erreur de casting' est très bas." Du travail à la va-vite ?
En plus d'élus controversés, Jérôme Martin a du mal à comprendre la position du président lui-même. "Pendant sa campagne électorale, Emmanuel Macron a multiplié les discours contradictoires et a dit qu'il regrettait que l'on n'ait pas discuté avec les membres de la Manif pour tous", se rappelle cet activiste de Act-Up-Paris. Dans un entretien accordé à L'Obs en février 2016, alors qu'il était encore candidat à la présidentielle, le président estimait qu' "on a humilié cette France-là", en parlant des manifestants qui s'opposaient au mariage entre personnes de même sexe.
Des militants dénoncent une "récupération politique".
"De toute façon, la présence de partis politiques dans ces manifestations, c'est une instrumentalisation totale de notre lutte, soupire Jérôme Martin. Ils se disent LGBT friendly, mais dans les faits..." Pour lui, la participation d'En marche ! à cette action est un moyen de "laver" sa réputation sans pour autant s'engager en faveur des LGBT.
D'aucuns pensera à l'inverse que le président prend des distances respectables du fait d'accusations de proximité avec ce milieu, puisque le candidat, notamment soutenu par Pierre Bergé, patron de presse engagé auprès des LGBT, est soupçonné de "double vie" (cf. libellé).
"De toute façon, la présence de partis politiques dans ces manifestations, c'est une instrumentalisation totale de notre lutte, soupire Jérôme Martin. Ils se disent LGBT friendly, mais dans les faits..." Pour lui, la participation d'En marche ! à cette action est un moyen de "laver" sa réputation sans pour autant s'engager en faveur des LGBT.
D'aucuns pensera à l'inverse que le président prend des distances respectables du fait d'accusations de proximité avec ce milieu, puisque le candidat, notamment soutenu par Pierre Bergé, patron de presse engagé auprès des LGBT, est soupçonné de "double vie" (cf. libellé).
Une position que partage Elisa, une militante qui se rendra à la marche. "Que des personnes LGBTQI membres d'En marche ! viennent de façon individuelle ne me pose aucun problème. Mais pour moi, ils viennent en se revendiquant du parti, ce qui s'apparente à de la récupération pure et simple."
Le comité En marche !, qui défilera en cortège debout, s'en défend : "Plusieurs personnes ont une longue vie de militant au sein d'En marche ! et ont envie de le combiner avec leur engagement politique." Parmi eux, Rémi Chauvet, 26 ans, animateur En marche! de Paris 10e,
ou l'"évangéliste" Axelle Tessandier, 36 ans, blogueuse et entrepreneure
(spécialiste du numérique et de la Silicon Valley), qui comme startupeuse de 36 ans a l'oreille de Macron et celle de son bras droit au candidat, Ismaël Emelien. A défaut d'être la Fleur Pellerin du président, elle a pu devenir déléguée Nationale du Mouvement En Marche!. Chez En Marche, "c’est un électron libre, décrit Thibault Caizergues, directeur de création du mouvement, admiratif de la "fulgurance" de sa "success story": avec un master, on végète en France, mais on réussit à San Francisco. "La bénévole "a largement contribué à construire le programme sur l’égalité hommes-femmes, mais elle aide tout le monde, partout," ajoute T. Caizergues.
Le comité En marche !, qui défilera en cortège debout, s'en défend : "Plusieurs personnes ont une longue vie de militant au sein d'En marche ! et ont envie de le combiner avec leur engagement politique." Parmi eux, Rémi Chauvet, 26 ans, animateur En marche! de Paris 10e,
ou l'"évangéliste" Axelle Tessandier, 36 ans, blogueuse et entrepreneure
(spécialiste du numérique et de la Silicon Valley), qui comme startupeuse de 36 ans a l'oreille de Macron et celle de son bras droit au candidat, Ismaël Emelien. A défaut d'être la Fleur Pellerin du président, elle a pu devenir déléguée Nationale du Mouvement En Marche!. Chez En Marche, "c’est un électron libre, décrit Thibault Caizergues, directeur de création du mouvement, admiratif de la "fulgurance" de sa "success story": avec un master, on végète en France, mais on réussit à San Francisco. "La bénévole "a largement contribué à construire le programme sur l’égalité hommes-femmes, mais elle aide tout le monde, partout," ajoute T. Caizergues.
Du côté des organisateurs, l'Inter-LGBT, on temporise.
Ce ne sont pas les partis qui vont défiler, mais les commissions LGBT issues de ces partis, explique Clem, diminutif androgyne du prénom masculin de Clémence Zamora Cruz, la porte-parole du mouvement, ci-contre au micro. On imagine qu'il n'y aura pas les élus homophobes En marche ! mais ceux qui soutiennent les droits des minorités et qui militent au sein du parti pour faire évoluer nos droits." Tous les ans, certains partis défilent sur des chars ou en cortège, comme les socialistes LGBT. "Nous sommes ouverts à tout le monde, sauf à l'extrême droite car eux sont contre les droits humains," temporise cette femme de 38 ans naturalisée française, née de sexe masculin au Mexique, qui vit dans un pavillon de banlieue avec son mari, rencontré sur Internet.
Ce ne sont pas les partis qui vont défiler, mais les commissions LGBT issues de ces partis, explique Clem, diminutif androgyne du prénom masculin de Clémence Zamora Cruz, la porte-parole du mouvement, ci-contre au micro. On imagine qu'il n'y aura pas les élus homophobes En marche ! mais ceux qui soutiennent les droits des minorités et qui militent au sein du parti pour faire évoluer nos droits." Tous les ans, certains partis défilent sur des chars ou en cortège, comme les socialistes LGBT. "Nous sommes ouverts à tout le monde, sauf à l'extrême droite car eux sont contre les droits humains," temporise cette femme de 38 ans naturalisée française, née de sexe masculin au Mexique, qui vit dans un pavillon de banlieue avec son mari, rencontré sur Internet.
Une décision saluée par l'association SOS homophobie : "On accueille toutes les initiatives des partis politiques en faveur des LGBT." Pour Joël Deumier, le président, il n'y a aucun problème à voir les élus participer à ce genre de marches. Pourtant, tous les militants ne partagent pas cet avis.
Une deuxième marche, sans partis politiques.
Une seconde marche, de nuit, a lieu depuis trois ans, la veille du rassemblement. Cette "Pride de nuit" refuse tous les partis politiques. "Nous n'acceptons aucun soutien, car on considère que nos luttes doivent rester autonomes", explique Gwen Fauchois, la porte-parole (vice-présidente d'Act-Up et lesbienne militante), qui ne craint pas un retour à une ghettoïsation: il l'assume...
La "Pride de nuit" rassemble Les Dégommeuses (équipe de foot militante) Act-Up Paris (association de lutte contre le Sida), le Strass (Syndicat du Travail Sexuel), FièrEs (association lesbienne/bisexuelle/trans féministe) - à l'initiative du Collectif 8 mars. Deux gayprides en un week-end, mais pourquoi?
Pour Gwen Fauchois, Doc Martens aux pieds et crane rasé, ci-dessus à gauche, a marche officielle, festive et rassembleuse, perd son sens politique. "Les organisateurs sont responsables de qui ils invitent, à partir du moment où ils estiment représenter tous les LGBT, ils se coincent eux-mêmes."
Cette marche alternative "n'a pas la prétention" de représenter toute une communauté. Selon l'organisatrice, chacun est différent : "Et nous refusons la récupération symbolique par des organisations, qui de toute façon ampute nos droits." Les associations sont quoi, sinon des organisations ?
Cette marche alternative "n'a pas la prétention" de représenter toute une communauté. Selon l'organisatrice, chacun est différent : "Et nous refusons la récupération symbolique par des organisations, qui de toute façon ampute nos droits." Les associations sont quoi, sinon des organisations ?
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