Une "opération politique", selon Bayrou
Le garde des Sceaux continue à créer des embarras
Le dénonciateur à l'origine de l'enquête sur des assistants parlementaires du MoDem est un "collaborateur direct de la maire de Paris". Le patron du MoDem voit un "lien entre ceci et cela", mais Bayrou ne dément pas sur le fond de l'affaire d'emplois fictifs.
Le Parquet de Paris a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête préliminaire, cherchant à savoir si le MoDem, parti de l'actuel garde des Sceaux François Bayrou, a salarié des employés en les faisant passer pour des assistants parlementaires européens.
Un ex-collaborateur du MoDem assure en effet avoir été payé en 2011 sur l'enveloppe parlementaire de l'ancien eurodéputé Jean-Luc Bennahmias, alors qu'il avait été recruté en CDI pour travailler pour le parti centriste. Allié à Emmanuel Macron, le parti conteste et assure avoir respecté "toutes les règles".
Bayrou dénonce une "opération politique" ?
"C'est exactement l'impression qui est la mienne", a répondu mardi matin 13 juin François Bayrou sur CNews. "Cette dénonciation anonyme, elle a une caractéristique particulière : c'est que tous les journalistes savent qui est l'auteur de la dénonciation anonyme", a lancé ensuite le garde des Sceaux, mais retiennent l'information: auto-censure de la presse ou censure de l'Elysée ? "Non seulement je sais qui c'est, mais vous le savez, tout le monde le sait", a-t-il insisté. Tout le monde sait, sauf le citoyen. Quant au Parquet ?
Ca tombe mal : Bayrou a été choisi par le président Macron pour mettre en oeuvre un projet de moralisation de la vie publique...
Ni transparence, ni moralisation : "On protège cet anonyme"
"La question, ce n'est pas quel est le nom, mais quelle est la fonction de celui qui pratique la dénonciation anonyme", insiste le garde des Sceaux de Philippe. "C'est peut être la raison pour laquelle on protège cet anonyme", a affirmé François Bayrou, sans en révéler l'identité...
Et d'ajouter : "Car peut être s'apercevrait-on quelle est la vraie nature de la dénonciation, trois jours avant le premier tour des élections législatives. Il suffit de regarder quelle est cette fonction". Peut-on savoir ou l'électeur doit-il voter les yeux fermés ?
Selon le Journal du Dimanche, il s'agit de Matthieu L. (sic)
Or, l'homme est un ancien chargé de communication du MoDem et aujourd'hui collaborateur, en charge du service de presse de la maire PS de Paris, depuis 2014. Pourquoi ne pas le dire: le traître s'appelle Matthieu Lamarre.
Agé de 28 ans, cet ancien conseiller en communication de François Bayrou avait quitté avec fracas le MoDem pour soutenir Anne Hidalgo lors des élections municipales.
Le mercenaire n'a pas tardé à se faire offrir la responsabilité du service de presse de la mairie de Paris, lorsque son prédécesseur a été nommé au Quai d'Orsay, au côté de Laurent Fabius.
Le jeune homme avait été licencié du MoDem pendant les élections municipales après avoir appelé à voter pour Anne Hidalgo, tandis que le parti centriste avait accordé son soutien à Nathalie Kosciusko-Morizet. En février 2014, Matthieu Lamarre dénonça dans un entretien avec Metronews la "légèreté" de la candidate UMP...Ancien journaliste, à 19 ans, il a été adjoint à Jean-François Vigier, maire de Bures-sur-Yvette (Essonne), avant d'être responsable de la campagne internet du MoDem lors de la campagne présidentielle de 2012.
Il explique que le poste s'est libéré à l'occasion du départ de Gaspard Gantzer du Quai d'Orsay pour le ministère de l'Agriculture puis de l'Elysée. "J'ai passé trois entretiens", raconte Matthieu Lamarre qui assure ne pas avoir négocié ce poste en échange de son soutien à la candidate PS. Entre-temps, il assurait les relations avec la presse du député MoDem, Jean Lassalle. C'est le deuxième cadre du parti centriste attiré dans ses filets par Anne Hidalgo et Julliard.
Un "collaborateur direct" d'Anne Hidalgo, s'insurge son ex-patron au MoDem. "Il pourrait y avoir un lien entre ceci et cela". Mais dans quel but ? "Les élections législatives, vous avez suivi? Regardez les gens qui se présentaient et les gens qui ont été éliminés...", a-t-il répliqué.
Affaire du #MoDem : François #Bayrou met en cause "un collaborateur direct de la maire de Paris" pic.twitter.com/1zz3xy14VE— CNEWS (@CNEWS) 13 juin 2017
Le dénonciateur riposte
Contacté par la rédaction de CNews, le "jeune homme en question (AFP) s'est dit "estomaqué" par les propos du ministre de la Justice.
Il précise qu'il a appelé le parquet de Paris quand il a appris qu'une enquête ciblait 18 eurodéputés pour "contribuer à la manifestation de la vérité" en apportant son témoignage.
Que cela ait été rendu public "est complètement indépendant de ma volonté", jure le renégat qui assure que cette affaire le place dans "une situation très délicate auprès de son employeur". "Il a du mal à comprendre pourquoi le garde des Sceaux tient de tels propos", rapporte la presse.
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