En ces temps d'économies, La République en marche ne fait pas pitié
Plusieurs ministres du gouvernement d'Edouard Philippe se sont révélés millionnaires.
Muriel Pénicaud, Nicolas Hulot et Françoise Nyssen sont d'heureux millionnaires, selon leurs propres déclarations de patrimoine publiées vendredi 15 décembre par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP), conformément à la loi relative à la transparence de la vie publique adoptée en 2013.
La ministre du Travail a un patrimoine de plus de 7,5 millions d'euros, selon les documents mis en ligne.
Son coiffeur n'est pas millionnaire, la maquilleuse de Macron, si ! |
En juillet dernier, la HATVP avait déjà révélé que Muriel Pénicaud a perçu au total 4,74 millions d'euros net de 2012 à 2014, une plus-value réalisée sur des actions Danone, alors qu'elle était directrice des ressources humaines du groupe.
Muriel Pénicaud est notamment propriétaire d'une maison dans les Hauts-de-Seine d'une valeur estimée à 1,3 million d'euros, et d'une maison dans la Somme valant 340.000 euros. Le total de ses contrats d'assurance vie, instruments financiers, comptes courants et produits d'épargne atteint quelque 5,9 millions d'euros.
Le ministre de la Transition écologique de plus de 7,2 millions.
Nicolas Hulot a déclaré une maison de plus de 300 mètres carrés en Corse estimée à plus d'un million d'euros, ainsi que plusieurs autres biens immobiliers en Côte d'Armor et en Savoie dont il est co-propriétaire, d'une valeur totale de 1,9 million.
A cela s'ajoute sa société Eole, qui encaisse ses droits d'auteurs et les royalties des produits dérivés Ushuaïa et dont la valeur est estimée à 3,1 millions d'euros, tandis que le total de ses contrats d'assurance vie, instruments financiers, comptes courants et produits d'épargne atteint environ 1,17 million d'euros.
L'ancienne patronne des éditions Actes Sud, déclare 4 millions d'euros pour sa société arlésienne et pour plus de 600.000 euros de biens immobiliers.
Les ministres millionnaires que la presse avait tenté d'escamoter
N'en déplaise aux féministes, deux autres femmes ont fait leur pelote, malgré le sexisme ambiant que dénoncent les activistes.
La ministre de la Culture est talonnée par sa collègue de la Défense, Florence Parly, qui affiche un patrimoine brut de près de 4,6 millions d‘euros, dont 41% d‘un appartement et d‘une maison détenus par une société civile immobilière (SCI).
Début octobre, Florence Parly avait été épinglée sur son impressionnante rémunération à la SNCF, alors qu’elle était la directrice générale de SNCF Voyageurs : plus de 52.000 euros mensuels dans les six mois précédant sa nomination au gouvernement.
La ministre des Armées, Florence Parly, n’a pas non plus quitté Air France sans biscuits en 2014. L’hebdomadaire Marianne s’est penché sur sa nouvelle déclaration d’intérêt. Il en ressort que son passage à Air France a été, lui aussi, on ne peut plus que fructueux, alors que la compagnie était en crise. En 2014, au moment de son départ de la compagnie aérienne, Florence Parly a empoché la coquette somme de 675.000 euros, une somme tout à fait légale, mais qui étonne au regard de la crise traversée par Air France qui a subi, sur la période 2012–2013, des plans de départs volontaires et des pertes financières de 129 millions d’euros en 2014.
D’autant qu’avant de recevoir son parachute doré, Florence Parly a par ailleurs amassé près de 80.000 euros par mois de la part d’Air France de janvier 2013 à août 2014, soit environ 69 SMIC mensuels.
Marianne rappelle que ce parachute doré correspond en fait à une "tradition ancrée au sein de cette entreprise cotée en bourse."
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, déclare quant à elle un patrimoine brut de près de 3 millions d‘euros, mais dont il faut défalquer 500.000 euros d‘emprunts à rembourser : pas de quoi la menacer des Restos du Coeur...
A la date de janvier 2016, cette ministre - de la Santé - avait été rémunérée par trois laboratoires privés avant 2011 tout en occupant diverses positions dans des organismes publics...
Les autres ministres ne sont pas dans le besoin
Le ministre de l'Economie affiche quant à lui des parts d'une société civile (de 2 personnes) évaluées à 1,5 million d'euros, dans le secteur d'activité des Transports (60130 Cuignières). S'il en possède les deux-tiers il est également millionnaire.
Selon sa déclaration à la HATVP, il ne serait plus gérant de l'entreprise SCI Aulembra, dont l'activité activité est la location de terrains et d'autres biens immobiliers.
Bruno Le Maire déclare en outre 168.000 euros de placements financiers. Et sa conjointe, Pauline Doussau de Bazignan ?
Cachottier et grincheux |
Le premier ministre possède un patrimoine estimé à un peu plus de 1,7 million d’euros, mais certains journaux tiennent absolument à le juger "modeste" ! On trouve néanmoins un appartement parisien (1,25 million d’euros), un appartement en Seine-Maritime (400 000 euros) et des valeurs mobilières d’environ 56.000 euros.
Or, "mon poulet" de Castaner a déclaré son appartement parisien en ...copropriété (à 50%). En vérité, le couple Philippe est millionnaire.
Même procédé de l'ancien adjoint chargé de l'urbanisme dans la ville du Havre, dont il est devenu maire, avec un appartement en Seine-Maritime, dont il est également copropriétaire (à 20%) d'une valeur de 400.000 euros.
Le site Mediapart a récemment pointé une zone d’ombre dans le rapport d'Edouard Philippe à la pierre. L'ancien maire aurait tendance à se faire beaucoup plus discret lorsqu’il s’agit de son propre patrimoine. Alors qu’il ne dispose pas d’un patrimoine immobilier fantôme, comme celui d’Emmanuel Macron, il a constamment évacué l'évaluation de ses biens avec la formule "Aucune idée". Aussi bien pour son appartement à Paris que pour ses parts dans une résidence de Seine-Maritime. Une attitude désinvolte qui lui aurait valu, révéla Mediapart en 2014, un blâme de la part de la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, pour une déclaration incomplète et fantasque assortie d’annotations manuscrites ironiques. Une attitude que le grincheux explique par "une forme de mauvaise humeur" et son absence d’accès aux bases de données permettant une évaluation. Il faut que, de toute urgence républicaine, il découvre Patrim, un service mis à disposition par l’administration fiscale, notamment pour éclairer les propriétaires qui ne sauraient plus quelle est l'étendue de leur propre patrimoine.
Quant au total de ses contrats d'assurance vie, instruments financiers, comptes courants et comptes épargne, il atteint environ 56.000 euros. Il doit également rembourser un emprunt immobilier de quelque 336.000 euros. Au taux d'intérêts consenti aux députés ?
"L’enrichissement personnel" de certains parlementaires grâce à leur IRFM (5.770 euros brut mensuels) "est notoire", déplore l'association 'Pour une démocratie directe'. L'IRFM : en plus de leur "indemnité parlementaire" (soit leur salaire, d'un montant de 7 100 euros brut) et de leur "crédit affecté à la rémunération de collaborateurs" (pour payer les assistants, conseillers…) L'association souligne par ailleurs que des prêts immobiliers ont été accordés jusqu'en 2012 à certains députés sur le budget de ...l'Assemblée. Or, c'est le statu quo, malgré l'annonce de la moralisation de la vie publique et alors même que certains prêts "courent jusqu'en 2020" et que leur attribution n'est plus autorisée aujourd'hui. Le montant avancé de ces prêts en cours est "entre 80 et 90 millions d'euros". Edouard Philippe a été député de mars 2012 à juin 2017.
Les prêts immobiliers ont été aux députés accordés à des taux d'intérêt très inférieurs au marché ("1,9 point en dessous du taux auquel l’Etat empruntait" : d'où une perte pour l'Etat et surtout la collectivité des contribuables)...
En titre, Le Monde recense en revanche
"De nombreux millionnaires parmi les membres du gouvernement"...
Le "président des riches", Emmanuel Macron,en vérité compte une douzaine de millionnaires dans son équipe gouvernementale de 32. L'AFP en tête, certains journaux font donc l'impasse sur la plupart, sachant que, nommés lors du mini-remaniement du 24 novembre, les secrétaires d’Etat Olivier Dussopt et Delphine Gény-Stephann disposent d’un délai supplémentaire et leur patrimoine ne sera pas publié avant quelques semaines.
Outre Muriel Pénicaud, la ministre du Travail, ou Nicolas Hulot, ministre de la transition écologique et solidaire (qui possède six voitures polluantes, un bateau et une moto aux bilans carbone non moins négligeables, et un scooter électrique)
Le "sans dents" du gouvernement est Gérald Darmanin, le ministre de l’action et des comptes publics, qui possède moins de 50.000 euros de biens, principalement représentés par un terrain – non constructible – de deux hectares situé dans le Nord (estimé à 30.000 euros). Une "fortune" qui place l’ancien député Les Républicains parmi les Français les plus modestes.
Selon l’Insee, le patrimoine moyen est de 158.000 euros bruts par ménage en France. Les 10 % des Français les plus riches détiennent 595.700 euros d’actifs et les 1 % les plus favorisés disposent de plus de 1,95 million d’euros.
La Haute Autorité minimise les cas de tentative d'évasion
Selon la HATVP, tous les ministres se sont prêtés de bonne grâce, et dans les délais, à l’exercice de transparence. Le collège de la HATVP n’a pas relevé d’anomalies ..."graves", qui auraient nécessité une observation publique ou, pire, un signalement au parquet.
Néanmoins, un tiers des déclarations "de situation patrimoniale" des membres du gouvernement ont suscité des demandes d'éclaircissements de la HATVP aux déclarants, et des demandes de précisions ou de rectifications "techniques" portant sur des éléments manquants, incomplets voire erronés (quote-part, usufruit ou nue-propriété, etc.), ont été effectuées, selon la Haute Autorité. Il s’agit d’une proportion comparable à celle constatée pour les députés de la précédente législature (2012-2017) et qui reste donc importante, en dépit de la promesse que la moralisation de la vie publique se mettrait un jour en marche.
Trois membres du gouvernement ont été invités à réévaluer leur patrimoine, dans des déclarations rectificatives séparées
Avant |
Après (2017) |
La ministre chargée des affaires européennes. Elle veut tout (ci-contre), Nathalie Loiseau, mais a dû rehausser de 400.000 euros la valeur de son appartement de 190 m2 à Paris (à 2 millions d’euros).
La garde des Sceaux. Nicole Belloubet a dû retrouver la mémoire sur un patrimoine immobilier déjà conséquent, dont des parts dans deux appartements à Paris et une maison dans l’Aveyron, pour une valeur vénale supplémentaire de 336.000 euros (environ 1 million d’euros au total). Celles-ci ne figuraient nulle part dans sa première déclaration...
L'écologiste Nicolas Hulot avait lui aussi fait une omission : des parts dans une maison et un appartement, pour une valeur cumulée de 157.000 euros, une broutille dans sa longue liste de biens.
Toutes les déclarations publiées vendredi restent sous le contrôle de la HATVP durant toute la durée des fonctions ministérielles des déclarants, la Haute Autorité se réservant la possibilité d’en réexaminer la sincérité, si de nouvelles informations lui parvenaient… signalées par des citoyens ou par la presse. "Ces premières vérifications constituent une étape importante. Mais elles n’ont pas valeur de quitus ad vitam aeternam", souligne-t-on à la HATVP.
Quant à Emmanuel Macron, c’est la déclaration qu’il a effectuée lorsqu’il s’était porté candidat à l’élection présidentielle qui reste valable.
A la différence de ses ministres, celle-ci n’a pas été contrôlée par la HATVP, la loi alors en vigueur ne le prévoyant pas. Mais celle sur la confiance dans la vie publique du 15 septembre 2017 a changé les règles. Du coup, la Haute Autorité sera amenée à contrôler sa déclaration à la fin de son mandat… en 2022.
Près d'un ministre sur trois est millionnaire
Ils sont une douzaine. D'autres, parmi les 32 membres du gouvernement, sont à la tête d'un patrimoine brut tutoyant le million d'euros, tel Jean-Yves Le Drian (Affaires étrangères) ou Gérard Collomb (Intérieur).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Vous pouvez ENTRER un COMMENTAIRE (il sera modéré):