GE ne respecte pas l'accord sur l'emploi, assure Montebourg
Nono n'a pas pris les garanties suffisantes et la France se fait berner
Le géant américain de l'industrie General Electric (GE) ne respecte pas ses engagements sur l'emploi pris lors de l'accord de rachat en avril 2014 du pôle énergie d'Alstom, a dénoncé l'ancien ministre (2012-2014) de l'Economie Arnaud Montebourg, mercredi 13 décembre 2017, lors d'une audition à l'Assemblée. Il y a trois ans, le groupe Alstom avait vendu sa branche énergie, soit 70% de ses activités, l'Etat français en conservant 20%.
Le 4 novembre 2014, le ministre de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, Emmanuel Macron (août 2014-août 2016), autorisa l’investissement de General Electric dans Alstom.
Il y a deux ans, pour obtenir l'aval du gouvernement français au rachat du pôle énergie d'Alstom, GE s'était engagé à créer 1.000 emplois nets en France d'ici à la fin 2018, sous peine d'une pénalité de 50.000 euros par emploi non créé.
En octobre dernier, l'ex-ministre du Redressement productif avait déjà exprimé sa colère devant des salariés de GE Hydro, branche du géant américain de l'énergie qui prévoit de supprimer 345 des 800 postes du site GE Hydro-Alstom de turbines hydroélectriques installé à Grenoble. Pour l'ancien patron de l'Industrie , "il reste quinze jours pour que l'État rachète les actions qu'il loue à Bouygues au sein d'Alstom". Et s'il ne le fait pas, il se prive de facto de juteux dividendes, polémiquait l'ancien ministre.
"Je ne peux pas considérer que l'accord a été respecté, puisqu'il y a déjà des pertes d'emploi qui ont été observées et donc le gouvernement doit faire respecter l'accord", a jugé Montebourg lors de son audition à l'Assemblée nationale par la commission d'enquête sur la politique industrielle.
En novembre, le solde était négatif de 590 postes, a récemment indiqué le président PS de la commission d'enquête de l'Assemblée sur la politique industrielle de l'Etat.
"Les accords qui sont déloyalement exécutés doivent être sanctionnés et l'Etat a les moyens de le faire aujourd'hui", a encore jugé l'ancien élu, ajoutant que "c'était la première fois" que le gouvernement "avait trouvé un accord avec une sanction".
Celui qui a préféré claquer la porte du gouvernement à l'arrivée de Manuel Valls,
plutôt que de poursuivre son action, juge "utile" d'imposer à l'avenir "la nullité de l'accord" par "rétroactivité, en cas de manquement aux engagements.
Théoricien du patriotisme économique ressorti de sa retraite politique pour préserver l'emploi industriel qu'il avait livré aux mains du banquier Macron, ce partisan des nationalisations a également proposé que le gouvernement rachète les co-entreprises dans l'énergie entre Alstom et General Electric.
"Alstom peut racheter jusqu'en 2019 les activités (...) de la co-entreprise Alstom General Electric Renewable, qui comprend les turbines pour les barrages et l'énergie éolienne, et "dans laquelle figure l'entreprise GE Hydro", a-t-il assuré.
Un ministre négligent devenu président
Nono Montebourg a rappelé que le portefeuille d'Alstom, outre son activité ferroviaire, comprend "trois co-entreprises qui pèsent des milliards avec des droits de veto du gouvernement français". Les actions prêtées par Bouygues, 20%.
Ces co-entreprises seront vendues, révèle l'ancien ministre socialiste, citant le PDG d'Alstom, Henri Poupart-Lafarge.
"Je propose que le gouvernement se débrouille pour faire un accord de place avec l'ensemble des investisseurs pour racheter ces entreprises qui sont très profitables", a encore déclaré Montebourg. D'autant qu'une autre co-entreprise comprend les activités de turbines liées au nucléaire.
Macron, prognathe au regard louche |
Nono Montebourg a aussi rappelé que le décret qu'il a lui-même pris le 14 mai 2014, en pleine affaire Alstom, donnait à l'Etat des moyens de s'opposer à des investissements étrangers dans des secteurs stratégiques français. "Je regrette qu'il n'ait plus servi après (...). Il faudrait revitaliser ce décret", a-t-il lancé.
Selon lui, "nous ne pouvons plus nous permettre d'accepter de vendre très facilement nos entreprises". "Pour retrouver le niveau de production industrielle dans notre pays, il faudrait mener la même politique pendant 10 à 15 ans, après les dégâts considérables de la crise de 2007-2008", a-t-il expliqué, faisant ainsi la leçon au président Macron.
La commission d'enquête de l'Assemblée sur la politique industrielle de l'Etat auditionnera jeudi la présidente de General Electric France, Corinne de Bilbao, et le PDG d'Alstom.
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