Comble du "bling-bling", Macron revendique la vie de château
Le président Macron a justifié dimanche d'avoir célébré “Noël en famille” au château du roi François 1er
Le vaniteux banquier a fait la fête au château avec une semaine d'avance, ce qui fait polémique en république, comme le ferait un signe de la Croix à l'enterrement d'un chanteur. Mais la critique ne l'intéresse "pas beaucoup," assure le bourgeois gentilhomme.
Il nie toutefois avoir fêté son anniversaire...
"On a fêté Noël avant l'heure, affirme-t-il désormais. "J'avais choisi de le faire un peu à l’écart de Paris pour passer ces deux jours en famille, donc nous étions à 15", a-t-il déclaré à RTL, ajustant sa com' à la critique. "Un week-end en famille avec des beaux sites français, dans la ruralité française, rien de plus, rien de moins." "Mon peuple", comme il dit, n'était néanmoins pas de la partie.
Une erreur psychologique du "président des riches"
Président hautain trahissant sa part de vanité, l'ex-trentenaire a admis qu'il aurait pu célébrer l’événement à l'Elysée et "profiter des lieux de la République pour le faire", mais si son raisonnement était cohérent, il aurait plaidé en faveur du Touquet, puisqu'il prétend avoir voulu fêter "Noël en famille".
Et d'insister pesamment : "J‘ai à coeur, quand je suis avec ma famille, d'aller avec les Françaises et les Français, plutôt en France, et de le payer avec mes deniers", a-t-il poursuivi pour se justifier. Combien de Françaises et de Français moyens ont-ils reçu des cartons d'invitation au château de Chambord ?
L'Elysée s'était fendu d'une déclaration publique pour un événement privé.
Le Palais avait déclaré samedi qu'Emmanuel Macron avait décidé de fêter son 40e anniversaire à Chambord, haut lieu de la Renaissance, avec son célèbre château de François Ier. Un site royal pour un anniversaire présidentiel...
Mais c'est aussi un domaine où sont données des chasses présidentielles.
Or, à son arrivée, le président Macron a rencontré des chasseurs qui avaient participé à une battue de régulation des sangliers. Porte-flingue de la Fédération nationale de chasse (FNC), ancienne plume de Nicolas Sarkozy sur les questions cynégétiques en 2007, puis celle de François Hollande sur la chasse, la pêche et la ruralité en 2012, qui avait conseillé Emmanuel Macron sur cette thématique pendant la présidentielle, le lobbyiste Thierry Coste était justement présent : "C'est la première fois depuis 40 ans qu’un président de la République vient en forêt à l’occasion de la fin de la chasse", s'est-il félicité, selon Le Monde.
En mars 2017, devant l'Assemblée générale de la Fédération nationale des chasseurs à Paris, le candidat Macron s’était déclaré favorable à la réouverture des chasses présidentielles. Une pratique longtemps utilisée par les présidents de la Ve République, dans la plus pure survivance monarchique, et largement financée par l’Etat. Macron dit être le candidat du renouveau, mais il n’est pourtant pas contre un petit retour de plus dans le passé.
Ces petites "sauteries au château", une tradition officiellement abolie par Nicolas Sarkozy en 2010, véhiculent une image de faste, de tradition, réservée à quelques initiés. Ces chasses se déroulaient dans les propriétés de Rambouillet, Marly-le-Roi, ou encore au château de Chambord. Chaque année, une quinzaine de journées de chasse étaient ainsi offertes au nom du président de la République, à ses invités, pour leur permettre de courir après le petit gibier ou le sanglier. A chaque fois, c’est une trentaine de nantis qui sont sélectionnés, savant dosage d’industriels du CAC40, de chefs d’Etat africains ou du Proche-Orient, d’hommes politiques de tout bord, de personnalités de la police ou de la justice.
Le chef de La France insoumise (LFI, parti de manants d'extrême gauche), Jean-Luc Mélenchon, avait en outre dénoncé un "symbole royaliste". En marge d’un déplacement à Barcelone, pour soutenir les indépendantistes, il a ironisé : "Pourquoi est-ce qu’il s’en va célébrer son anniversaire à Chambord ? Quelle drôle d’idée ! Je suis tellement républicain que tout ce qui touche aux symboles royalistes m’exaspère, je trouve ça ridicule. Mais il en faut pour tous les goûts. Chambord, c’est un peu traditionnel. C’est les rois de France de la Renaissance. Rien à voir avec l’obscurantisme libéral dont il est le porteur".
Nicolas Dupont-Aignan a lui aussi fait part de son agacement dans un message publié sur Twitter.
Pendant que les Francais subissent impôts, insécurité, immigration, M. Macron fête ses 40 ans à #Chambord. Les époques passent, l'oligarchie coupée du peuple reste.— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 16 décembre 2017
Le président français a estimé qu‘il ne fallait “pas tomber dans cette espèce d‘esprit chagrin qu‘ont beaucoup, qui voudraient voir toujours des symboles”.
“Chambord a une histoire, elle est glorieuse, moi j‘y suis très attaché, évidemment dans les grandes heures de la royauté française mais qui ensuite était une vraie histoire républicaine. Donc les polémiques, elles ne m‘intéressent pas beaucoup”, a-t-il dit.
“Triste polémique”, a renchéri dimanche soir sur LCI le ministre de l‘Economie Bruno Le Maire. “Le président de la République prend un week-end pour la première fois qu‘il a été élu.”
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