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lundi 4 décembre 2017

Mélenchon dénonce France 2, média "menteur" du service public

Mélenchon étrille 'L’Emission politique' 

Jean-Luc Mélenchon accuse France 2 de lui avoir tendu un "traquenard médiatique"

"Ici les journalistes Léa Salamé [présentatrice], François Lenglet et Nathalie Saint-Cricq  [la cheffe du service politique de France 2] ont abusé de leur autorité pour truquer des chiffres et mentir délibérément", a accusé lundi le chef de file de la France insoumise (LFI) sur son blog, à la date du 4 décembre, à la suite de son passage dans cette émission, le jeudi 30 novembre.
L'ancien candidat de l'extrême gauche éliminé au 1er tour de la présidentielle 2017 raconte d'abord par le menu sa prestation télévisuelle, un récit qu'il présente comme "l’unique moyen" dont il dispose "pour achever de transformer en une déroute morale dans le grand public ce traquenard une nouvelle fois organisé contre moi par France 2". D'après lui, les "bassesses", "tromperies" et "mensonges" qu'il dit avoir subis une fois sur le plateau constituent la preuve que l'émission s'est transformée en "règlement de compte entre une équipe de gens prête à toutes les mystifications pour frapper le principal opposant politique à ses employeurs." 'L’Emission politique' a remplacé 'Des paroles et des actes' animée par David Pujadas, à l'approche de la campagne présidentielle 2017.
 
Il dit son fait à la journaliste franco-libanaise, pour commencer. 
"Quand elle m’a pris à parti sur mon patrimoine de riche, moi le fils d’un postier et d’une institutrice, j’aurais pu lui en jeter de bien bonnes à la figure en matière de patrimoine et de famille," riposte le député des Bouches-du-Rhône, qui a très peu goûté les questions de la journaliste sur le sujet et la qualifie de "personne sans foi ni loi"

François Lenglet ne sort pas indemne de ses questions mezzo vocce.
Il doit quant à lui se justifier d'avoir "proféré deux mensonges en toute connaissance de cause", sur les impôts supplémentaires prévus par la France insoumise et la TVA des voitures. "Il ment sciemment. Il joue une comédie", dénonce Mélenchon.

La seule vue de Mme Saint-Cricq fait disjoncter Mélenchon
Au départ, la patronne de l'info cumule plusieurs handicaps, selon l'anti-libéral. La famille Saint-Cricq est l'un des deux actionnaires majoritaires du groupe Nouvelle République du Centre-Ouest, qui édite le journal du même nom, quelques autres titres de presse écrite, et possède 40 % des parts de la chaîne TV Tours Val de Loire. Son frère, Olivier Saint-Cricq, est à la tête du directoire du groupe. Et elle est aujourd'hui la compagne du journaliste Patrice Duhamel.
L'échange avait donc été très tendu sur le plateau. Dans son post de blog, le leader de gauche sort carrément le bazooka : "La séquence finale PS/UMP avec Saint-Cricq et son comparse [Jean-Baptiste Marteau] a été une plongée en apnée dans l’égout de la politicaille psycho-minaudante dont cette dame est la figure de proue." Jean-Luc Mélenchon voue une rancune tenace à la journaliste qu'il a longtemps fréquentée lorsque lui était au PS et qu'elle couvrait l'actualité de la rue de Solférino. "Madame Saint-Cricq n’étant pas le moindre problème du fait qu’elle ne comprend pas la moitié des sujets dont on discute [misogynie non larvée] et qu’elle gouverne avec cette hargne caractérielle qui est la signature des faibles, une équipe de gens tétanisés par ses foucades et humeurs", flagelle-t-il.
Elle est en effet responsable d'échanges organisés avec des non-journalistes ce qui est aussi bien vrai des autres chaînes de radio [France Info] ou de télévision [BFMTV] où l'identité des intervenants est masquée derrière des étiquettes génériques et floues d'"expert" ou de "spécialiste" sans référence à leurs engagements partisans. Mélenchon qualifie ces "rencontres avec les Français" de "supercherie où des guignols viennent jouer un rôle sous une fausse identité".
Jean-Luc Mélenchon fait référence à la manie qu'a France 2 de ne pas détailler le pedigree de certains invités en les présentant comme des Français lambda.

Les questions d'une invitée, Laurence Debray, sur les difficultés rencontrées au quotidien par les Vénézuéliens, ont fait s'exclamer le député parachuté sur les Bouches-du-Rhône : "J‘en ai par-dessus la tête de ce genre de numéro. Chaque fois que je vais quelque part, je me tape 'Venezuela' ."
"Quel genre de 'dialogue' imaginer quand, sous couleur de 'Français de la société civile', on vous confronte à une illuminée comme cette madame Laurence Debray ?, interroge le sexagénaire, non sans raison, encore que l'exemple soit en l'occurrence mal choisi, si le patronyme n'évoque personne chez le "Chávez français". "J’aurais pu finir chacune de ses phrases à sa place".
Pas de questions qui fâchent pour Monsieur Mélenchon...

Le dominant des Insoumis déplore qu’il n’y ait "rien sauf le lourd appareil judiciaire et l’extrémité de la plainte en diffamation"

Il appelle donc à la création d’ "un tribunal professionnel" des media pour sanctionner symboliquement "les menteurs, les tricheurs, les enfumeurs”. Ce tribunal spécial pourrait être  saisi et aurait un pouvoir de sanction symbolique.
Le dominant de la gauche radicale évoque aussi le lancement d’une pétition en ce sens : ses réseaux n'ont pas assez de Twitter pour vilipender en meute déviants et  opposants. 
"Je vais donc lancer avec mes amis une pétition en ce sens. Une telle instance, m'a-t-on dit, existe en Belgique”, poursuit le député de Marseille, une référence au Conseil de déontologie journalistique créé en 2009 à Bruxelles.

Privé de la connaissance à l’avance des sujets qu’allait aborder François Lenglet, le spécialiste économique de France 2, Mélenchon s'est senti blessé par l'outrecuidance d'une invitée au nom pourtant célèbre, Laurence Debray, fille unique de l'intellectuel, ex-castriste et théoricien de la guérilla marxiste-léniniste, Régis Debray, 77 ans, et de l'historienne vénézuélienne et guérillera proche de Fidel Castro, Elizabeth Burgos, 76 ans. 
Il reproche à la filleule de l'actrice Simone Signoret de l'avoir interpellé sur la situation au Venezuelal'accusant de "réciter les éléments de langage de l’extrême droite vénézuélienne comme un piano mécanique".
L'extrémiste de gauche assassine sa contradictrice en la qualifiant de "personnage rongé de narcissisme, prenant en otage le nom et l'histoire de son père pour le salir en public". Elle se positionne en effet comme l’exact contraire de ce que sont ses parents. Cette contre-révolutionnaire qui se tenait en embuscade de Mélenchon est dans la contradiction politique et dans la controverse affective.

Le tribun de la gauche extrême s'insurge également contre sa confrontation-surprise avec des agriculteurs défendant l’usage du glyphosate.
Or, le conseil des gouvernements européens a tranché : le pesticide est encore autorisé pour cinq ans en Europe.

Venu pour "un super débat sur les deux doctrines économiques en présence”, 
l'extrémiste regrette le choix uniformément antagoniste d'autres intervenants, notamment cinq Jeunes agriculteurs (JA) favorables au glyphosate rencontrés dans une séquence reportage et des erreurs sur les chiffres du contre-budget proposé par les Insoumis.

La direction de l’information de France Télévisions s'est défendue. 
Elle "rejette fermement les accusations de 'guet apens' et de 'traquenard' et soutient pleinement l’équipe de l’Emission politique, dont certains membres ont fait l’objet d’attaques ad hominem"
La direction de l’information a en outre affirmé que Jean-Luc Mélenchon "a fait l’objet de la même préparation dans le cadre de l’émission que les autres invités qui l’ont précédé". 
Elle souligne d'ailleurs que le patron de la France insoumise "n’en est pas à sa première participation à l’Emission politique et a déjà été soumis aux mêmes séquences et au même traitement que les autres invités". 

La Société des journalistes de France 2 a jugé "indigne d‘un responsable politique" les propos du député et a défendu les journalistes de l’émission.
"La SDJ de France 2 apporte son soutien à Nathalie Saint-Cricq, Léa Salamé, et François Lenglet, cibles d'attaques odieuses et inacceptables de la part de Jean-Luc Mélenchon", a-t-elle déclaré sur Twitter.

Revenant longuement sur l’émission de jeudi soir, Mélenchon estime en revanche que les trois journalistes ont notamment "faussé l’identité de personnes convoquées sur le plateau pour incarner 'des Français moyens' " qui ont défendu les pesticides et des "voleurs du fisc". "Auprès de qui se plaindre ? Où faire redresser la situation ? Quelle sanction faire appliquer pour dissuader de recommencer ?", interroge-t-il.

De nombreux Insoumis ont saisi le CSA, dès vendredi 

Suite à l'émission pré-enregistrée mercredi, le politologue Thomas Guénolé, engagé à La France insoumise, a pris l’initiative de protester contre "la présentation malhonnête de l’information”", par France 2, "spontanément" suivi par un groupe de militants. 
Le CSA a confirmé lundi avoir reçu "plusieurs centaines" de signalements contre l’émission. 

Ils pointent deux des invités, jeudi : Pauline Laigneau annoncée comme une directrice de PME (créatrice de la bijouterie en ligne Gemmyo), 
et Laurence Debray, comme une historienne lambda de 41 ans, qui a toutefois travaillé comme trader au New York Stock Exchange, pour le Crédit lyonnais et HSBC, qui déteste Chávez et Mélenchon et s’est mariée avec un fils Servan-Schreiber, Emile, l'un des quatre garçons de Jean-Jacques (JJSS), le patron de presse  (L'Express) et ministre de Giscard, et qui est "conseil en intelligence collective".

La première proposait l'an dernier dans Le Point de "jeter aux orties le 'Code du travail', des prises de position qui n‘ont pas été explicitées, tandis que la seconde est décrite en septembre dans le JDD comme macroniste. 
 
Avec l'appui d’articles de presse, ils accusent la première d’être "ouvertement tenante d’une position ultra-libérale" et qualifient la seconde d’ "ex-banquière et macroniste"

Mélenchon n'est pas non plus un 'bleu' en matière de mensonge et de manipulation de l'opinion...


Mais, en même temps, il n'est pas responsable d'une chaîne publique d'information.

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