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samedi 16 décembre 2017

UDI : accusations d’achats de voix, soupçons de clientélisme à la mairie de Bobigny

Le centre vertueux a-t-il des leçons à donner à Wauquiez (LR) ? 

Le maire de Bobigny, Stéphane de Paoli, UDI, fait face à des accusations d’achats de voix et des soupçons de clientélisme


Pointé à son arrivée au pouvoir pour s’être entouré de personnages troubles, "nominations discutables, promotions injustifiées, renvois d'ascenseur éhontés", l
e nouveau maire UDI, "en plus de son indemnité d'élu, perçoit une allocation chômage de 1.851 € net par mois," révèle Marianne. 
Stéphane de Paoli, un proche de Jean-Christophe Lagarde (ex-Nouveau centre, ex-président de l'UDI, ex-Les Centristes, devenu groupe UDI, Agir et indépendants (abrégé en UAI, qu'il co-dirige avec F. Riester, exclus des Républicains, pour avoir viré sa cuti avec Macron), anciennement groupe Les Constructifs : républicains, UDI, indépendant, abrégé en LC, souvent dénommé plus simplement Les Constructifs ou Les Constructifs-UDI), par ailleurs pointilleux en termes de vertu républicaine, s’est accordé une confortable indemnité de 4.500 € net, le maximum légal pour une ville de moins de 50 000 habitants.

Les accusations sont étayées par un rapport de la Chambre régionale des comptes.
"Il y avait de l’argent qu’ils donnaient aux mecs de cité pour aller voter. Je l’ai vu de mes propres yeux": tenus dans un reportage diffusé sur France 3, ces propos de Sabrina Saïdi, une ancienne élue de la majorité qui a participé à la campagne de 2014, ont fait l’effet d’une bombe. En janvier 2016, le maire adjoint UDI Christian Bartholmé, 61 ans (et son collaborateur Kianoush Moghadam, 33 ans), deux proches du numéro un de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, pour des "violences en réunion" exercées sur une autre élue de la ville, avait été condamné à un stage de citoyenneté, suite à des violences entre élus intervenues après la victoire surprise d'une alliance entre les centristes et des habitants des quartiers.
Les élus UDI avaient convoqué Sabrina Saïdi, alors maire adjointe chargée de la petite enfance. Ils l'accusaient d'avoir rédigé et distribué dans les boîtes aux lettres d'une cité de la commune un tract mettant en cause une cadre municipale, Lynda Benakouche. Le tract, anonyme, reprochait à la nouvelle municipalité l'embauche de Mme Benakouche, condamnée pour l'agression d'une femme enceinte et mariée à un membre du "gang des barbares" impliqué dans l'assassinat d'Ilan Halimi.
Des accusations "grotesques" pour le maire de Bobigny, Stéphane de Paoli, qui a annoncé avoir porté plainte en diffamation contre Sabrina Saïdi. "Si un tel système existait, on n’aurait pas perdu toutes les élections depuis les municipales !", argumente son directeur de cabinet, Abdeslam Berrouane. 

Le conflit qui oppose à Sabrina Saïdi, 36 ans, l’équipe UDI au pouvoir remonte au lendemain de la victoire de la liste "Rendez-nous Bobigny" qui a mis fin, en mars 2014, à un siècle de gestion communiste de la ville-préfecture de Seine-Saint-Denis. En juin 2014, un tract anonyme dénonce l’embauche à la mairie de l’épouse de Jean-Christophe Soumbou. Considéré comme le n°2 du "gang des Barbares", ce jeune de Bobigny a été condamné à 18 ans de prison pour l’assassinat du jeune juif Ilan Halimi en 2006.  

Soupçonnée d’être l’auteur du tract, Mme Saïdi est convoquée dans le bureau du premier adjoint, Christophe Bartholmé. "Tu crois que tu parles à qui ? Y’a personne qui me parle comme ça dans cette ville !", s'indigne Kianush Moghadam, son bras droit, présent lui aussi. L’adjointe ayant enregistré la conversation, un procès s’ensuit. 
A la barre, K. Moghadam, 35 ans, justifie le recrutement de la femme de Jean-Christophe Soumbou par ses liens d’amitié avec ce dernier. Relaxée en diffamation, Sabrina Saïdi obtient en janvier 2016 la condamnation de Christian Bartholmé et Kianush Moghadam pour violences en réunion. Ces deux proches collaborateurs de Jean-Christophe Lagarde, le député de la circonscription et patron de l’UDI, seront jugés en appel en janvier. 

Ces accusations d’achats de voix "n’étonnent personne à Bobigny, hormis le maire" 

Pour Ugo Portier, le candidat de La France insoumise, LFI, aux dernières législatives, tout commence avec la volonté du député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, élu depuis 2002, de faire basculer la ville au centre pour renforcer son assise électorale. "Certaines personnalités de Bobigny étaient prêtes à tout pour aider l’UDI dans cette entreprise", estime l’opposant d'extrême gauche.

"Et la question était : quelle cité est prête à basculer dans le camp UDI ? Par exemple, Kianush Moghadam s’est fait embaucher comme assistant parlementaire de Lagarde sur la promesse qu’il pouvait lui apporter la cité Paul-Eluard". "C’est faux et absurde, parce qu’à l’époque où M. Moghadam m’a proposé ses services, vers 2010-2011, personne – et moi le premier – n’imaginait que la ville pouvait échapper aux communistes", a raconté Jean-Christophe Lagarde.
Des "carrières fulgurantes" à la mairie UDI

Après l’élection, les soutiens les plus actifs ont été récompensés par des postes en mairie, comme le veut l'usage. Or, à en croire un rapport provisoire de la Chambre régionale des comptes (CRC), nombre de ces nominations témoignent "d’un recrutement fléché, effectué dans des conditions irrégulières". Parmi les 12 dossiers passés au crible : plusieurs trentenaires, titulaires d’un BEP d’artisan-boucher ou d’un brevet d’éducateur, mais rémunérés à des salaires normalement accessibles après 5, 10, voire 20 ans d’ancienneté dans la fonction publique. 

Six recrutements concernent également des responsables d’associations subventionnées par la commune. Des responsables, souligne la CRC, qui ont "publiquement soutenu la campagne électorale de l’actuelle majorité". 

Dans l’organigramme municipal figure aussi un homme condamné pour vol aggravé et outrage à personne dépositaire de l’autorité publique. Un profil "peu compatible avec les fonctions d’agent public", selon la CRC. Une ancienne chargée de mission, titulaire d’un diplôme d’architecte-urbaniste, a raconté être "tombée de sa chaise" en découvrant qu’on avait nommé à la direction de l’urbanisme de cette ville de 50.000 habitants "quelqu’un qui n’avait aucune expérience" dans ce domaine. Après huit ans de bons et loyaux services, cette quadragénaire a été "virée du jour au lendemain", quelques mois après les municipales. 
Ces "carrières fulgurantes", ces "salaires disproportionnés", ces "postes plus ou moins occupés", la CGT de Bobigny n’a eu de cesse de les dénoncer depuis 2014, y compris devant le tribunal administratif. 
Début décembre, la CGT a exhorté l’Etat à la fermeté pour que "des territoires entiers cessent d’être livrés à des gens qui n’ont que faire des règles et des lois de la République". Jusque-là désunie, l’opposition de gauche tente de se structurer. Avec deux militants PS et EELV, Ugo Portier (LFI) a fondé une association politique baptisée Poing commun : "C’est parce qu’il n’y a plus de projet commun qui unisse les citoyens qu’un tel système clientéliste et individualiste a pu se construire".

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