Tout en entravant la marche du FN et l'ancrage de LREM
Si, comme prévu, il est élu dimanche soir à la tête des Républicains,
Laurent Wauquiez s’attellera dès lundi à la composition de sa nouvelle équipe.
Laurent Wauquiez est rassembleur : il a choisi la salle parisienne du Tripot Régnier pour sa soirée électorale, là où Alain Juppé avait organisé la sienne le soir de la Bérézina du premier tour de la primaire. Comme le maire de Bordeaux à l’époque, le patron de la région Auvergne-Rhône Alpes est donné archi-favori, au poste de président des Républicains face à des seconds-couteaux, Florence Portelli et Maël de Calan.
A l’exemple du député LR Damien Abad, ses soutiens l’assument ouvertement : "L’objectif, c’est de gagner au premier tour". La seule incertitude réside, selon eux, dans le niveau de participation des 234.556 adhérents. Un proche de Wauquiez évoque une fourchette de "40.000 à 60.000" votants. C'est pourquoi une certaine presse relève la barre à 100.000, histoire de préparer son argumentaire sur un prétendu désintérêt.
Pour faire taire les critiques attendues sur le manque de légitimité du vainqueur, l’ancien ministre Brice Hortefeux rappelle "qu'Alain Juppé a été élu avec 37.000 voix en 2002" à la présidence de l’UMP. Un petit rappel qu'occultent les Juppéistes, Constructifs, Macroniens et autres intéressés au maintien du FN au premier plan du paysage politique.
La porte de Wauquiez reste ouverte à Calan et aussi Portelli
Après avoir voté au Puy-en-Velay (Haute-Loire), Laurent Wauquiez attendra les résultats du premier tour depuis son QG parisien. Le candidat juppéiste Maël de Calan a, quant à lui, prévu de voter dans la matinée au siège parisien des Républicains, et la filloniste Florence Portelli à la mairie d’Andilly (Val d’Oise).
Le vote est uniquement électronique, mais 251 bureaux ont été ouverts en métropole et outre-mer pour ceux qui n’ont pas accès à un ordinateur. Le scrutin sera piloté depuis une "war room" situé au dixième étage du siège de LR, où seront réunis les membres de la Haute autorité, l’équipe du prestataire qui assure le vote électronique et les représentants des trois candidats.
Après la proclamation des résultats par la présidente de la Haute autorité, Anne Levade, vers 20h30, Wauquiez se rendra devant ses partisans, pour un discours "rapide", selon son équipe.
C’est lundi que les choses sérieuses commencent : une passation de pouvoir symbolique avec l’actuel secrétaire général Bernard Accoyer, puis le 20 Heures de TF1, avant de s’atteler à la composition de sa nouvelle équipe.
A l’exception de la juppéiste Virginie Calmels qui sera sa vice-présidente, "je n’ai promis aucun poste. Je suis totalement libre", répète Laurent Wauquiez. De fait, il garde le secret sur ses propositions aux postes clés du parti : secrétaire général, président de la commission nationale d’investiture (CNI) ou porte-parolat.
Il devrait nommer avant Noël une garde rapprochée d’une douzaine de personnes, dont de nombreux jeunes afin de marquer l’arrivée d’une nouvelle génération à droite. Parmi les noms qui circulent : Virginie Duby-Muller et Damien Abad - cités pour le poste de secrétaire général -, mais aussi les députés Aurélien Pradié, Guillaume Peltier, Guillaume Larrivé, Olivier Marleix, ou les maires Gilles Platret et Gil Avérous.
En fonction de son score ce soir, le juppéiste Maël de Calan pourrait aussi y avoir sa place. Le sort de Florence Portelli, qui a eu la dent dure à l’égard de Wauquiez pendant sa campagne, semble en revanche scellé. "Il nous observe beaucoup. Il essaie de détecter des talents", explique Aurélien Pradié, qui juge le renouvellement à droite "capital" : "on ne peut pas être des conservateurs de musée. Il faut des idées nouvelles", plaide-t-il.
"Sa stratégie, c’est de mettre une dizaine de jeunes en garde rapprochée, mais sans qu’un dépasse plus que l’autre."
C'est ainsi qu'un député LR évoque une "méthode de management. Il dit : 'vous êtes sur sur la même ligne, maintenant faites vos preuves' ". "Il ne veut pas de contrepoids dans l’équipe", interprète plus crûment un autre cadre LR.
Ceux à qui il fait vraiment confiance se comptent sur les doigts de deux mains. Il y a d'abord Arnaud Beuron. Les deux hommes se connaissent depuis 2007 et, depuis 2012 et l'entrée dans le gouvernement Fillon, le conseiller est le chef de cabinet attitré du responsable politique. Directrice de campagne de Wauquiez pendant les régionales, Valérie Oudinot de Sutter est également au centre du système Wauquiez : elle est l'actuelle directrice de cabinet du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes.Autre membre de la petite équipe qui suit Laurent Wauquiez depuis dix ans, Bénédicte Constans gère sa communication, tandis que Bernard Figuet, un de ses amis les plus proches, est son directeur général délégué à la région. Deux anciens proches de Nicolas Sarkozy sont venus compléter ce cercle rapproché depuis 2015 : Ange Sitbon, homme de réseaux qui connaît bien les territoires et les élus, et Emmanuel Millan, 40 ans, qui est non seulement l'ancien chef de cabinet de Sarkozy au conseil général des Hauts-de-Seine, dans les années 90, et adjoint d'Eric Césari, ex-directeur général du parti, limogé par le triumvirat Juppé-Fillon-Raffarin l'UMP, mais il a surtout piloté les finances et les ressources humaines des Républicains en 2014-2015.En soutien, Aurane Reihanian pilote les "Jeunes avec Wauquiez" et a lancé unthink tankgroupe de réflexion, 'Le Lab LR'. Il est également conseiller technique au sein du cabinet de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Distribution de postes thématiques - les "secrétaires nationaux" d’hier, rebaptisés "shadow cabinet" ["gouvernement fantôme"] -, composition du bureau politique et de la CNI, attribution de "missions" à des élus… d’ici le conseil national (CN) du 27 janvier, "il a différentes cartes à abattre", observe un proche.
Après le conseil national, il procédera -en février- au renouvellement des secrétaires départementaux - sorte de préfets du parti qui sont nommés par le président de LR -, en attendant l’élection des présidents de fédération, probablement en octobre.
La main tendue à Pécresse ?
Pécresse, Ciotti, Wauquiez |
Interrogé, un proche de la présidente de la région Ile-de-France joue la surprise en rappelant que les deux responsables n’ont eu aucun contact direct depuis… juin dernier. "Valérie a toujours eu à cœur l’unité de sa famille politique. Cela ne passe pas par un poste pour elle-même mais par la place faite à tous ceux qui partagent ses idées, assure cet intermédiaire. Il n’y a pas d’unité sans une juste reconnaissance de la diversité". C'est ce que propose Wauquiez.
Les Républicains feraient-ils plus mal encore que le Parti socialiste dont les multiples courants se sont dispersés à tous les mauvais vents ?
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