L'homme de main de Daesh serait plus malin que déséquilibré
L'identité de l'homme abattu jeudi devant le commissariat de la Goutte-d'Or n'est toujours pas établie
Le procureur de Paris a confirmé vendredi que l'assaillant projetait une action terroriste au nom de l'Etat islamique en représailles aux opérations militaires occidentales en Syrie.
L'assassin, âgé de 20 ans, qui serait tunisien et non marocain, serait connu des services de renseignement français sous un autre nom que celui qu'il a donné lors de son interpellation pour des faits de petite délinquance, a précisé François Molins sur France Inter.
L'agresseur, qui était armé d'un hachoir de boucher et portait une ceinture d'explosifs factice, s'est précipité en courant - au cri de "Allah akbar" - sur le commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris, un an jour pour jour après la tuerie de Charlie Hebdo. Une revendication au nom de l'Etat islamique a été retrouvée dans ses vêtements. Sur ce document, où il prête allégeance à Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'Etat islamique, le terroriste "indique clairement que son acte est en relation avec les morts qui interviennent en ce moment en Syrie", a précisé le procureur.
Selon France 2, un homme aurait été blessé au pied et évacué au moment de l'attaque de ce commissariat de Barbès. Son identité, à savoir si c'est un membre des forces de l'ordre, un passant ou un complice, n'est pas connue.
Le quartier de la Goutte d'Or a été bouclé par les forces de l'ordre. Les policiers ont ordonné aux passants de se réfugier dans les magasins de la rue, les rideaux de fer ont été baissés. Le trafic sur la ligne 2 du métro a également été perturbé. Le funiculaire de Montmartre, qui relie la zone Anvers au Sacré Coeur sur la Butte, a été mis à l'arrêt. Des enfants ont été confinés dans une école maternelle située à proximité et dont l'accès a été fermé.
Le procureur a déclaré que cette nouvelle affaire de terrorisme présente "a priori toutes les apparences en termes de déroulement de la légitime défense". Malgré plusieurs injonctions des deux gardiens de la paix en faction devant le commissariat, il a poursuivi sa course, provoquant des tirs en "légitime défense" des deux policiers, a insisté François Molins, sans préciser qu'ils ont été portés par une fonctionnaire de police. Les policiers, a-t-il indiqué récitant les termes de la loi en la matière, ont dû faire "face à un danger grave et imminent pour les personnes et le personnel du commissariat".
VOIR et ENTENDRE le récit d'un témoin direct:
"Il franchit des barrières, les policiers lui font des injonctions de s'arrêter,
une fois, deux fois, en tout cas ils le font plusieurs fois, il a la main dans son blouson et il sort de son blouson ce qui s'avère être un hachoir", a toutefois affirmé le procureur. "Malgré les injonctions, il continue à avancer donc il y a un policier qui tire. Malgré les tirs qui l'atteignent, il continue encore à avancer jusqu'à ce que le deuxième tire aussi, qu'il soit touché mortellement et qu'il s'effondre sur le trottoir."
une fois, deux fois, en tout cas ils le font plusieurs fois, il a la main dans son blouson et il sort de son blouson ce qui s'avère être un hachoir", a toutefois affirmé le procureur. "Malgré les injonctions, il continue à avancer donc il y a un policier qui tire. Malgré les tirs qui l'atteignent, il continue encore à avancer jusqu'à ce que le deuxième tire aussi, qu'il soit touché mortellement et qu'il s'effondre sur le trottoir."
VOIR et ENTENDRE le reportage mettant en scène le petit robot démineur aux faux airs de Wall-E, Cameleon, mis en service à Barbès pour l'occasion:
"L'homme a tenté d'agresser un policier à l'accueil du commissariat, avant d'être atteint par des tirs de riposte des policiers", a précisé Pierre-Henry Brandet, déclaration rapportée par L'Express vers 13h. 
Les empreintes digitales de l'assaillant correspondraient à celle d'un ressortissant marocain.
Né en mai 1995 à Casablanca, le terroriste est connu des services de police pour un vol en réunion commis en 2012 (où 2013, à Saint-Maxime, selon L'Express) dans le Var, selon les premiers éléments de l'enquête fournis jeudi de source judiciaire. Il avait alors déclaré s'appeler Ali Sallah et se présentait comme un sans domicile fixe.
François Molins, qui confirme un contrôle d'identité dans le Midi "il y a quelques mois", estime qu'il pourrait s'agir d'une fausse identité et laisse entendre que l'homme serait connu des services de renseignement français sous un autre nom.
"Je ne suis pas du tout certain que l'identité qu'il a donnée soit réelle. Cette identité, elle a été criblée avec les services de renseignement, il n'est pas connu sous ce nom-là par les services de renseignement", a-t-il expliqué sur France Inter.
L'identité "est contredite par un papier manuscrit (...) qu'on trouve dans ses vêtements sur lequel il y a la profession de foi musulmane, un drapeau de Daesh dessiné", a-t-il précisé. "Il y a son nom, mais dans son nom, il se dit tunisien et pas marocain comme l'identité qu'il avait déclarée dans le Midi de la France", a tenté d'expliquer François Molins.
La puce de téléphone allemande du Maghrébin
"Il va falloir déterminer l'identité, savoir quelle est cette véritable identité et puis travailler sur un téléphone qu'on a trouvé et qui est doté d'une puce allemande et sur lequel les enquêteurs sont en train de travailler", a-t-il bredouillé.
François Molins a souligné qu'il n'y avait "absolument aucune raison d'être optimiste" pour les années à venir "parce qu'on a une menace grandissante, une menace protéiforme." "On est clairement sur un phénomène qui s'inscrit dans la durée et qui risque de durer plusieurs années", a-t-il commenté, évoquant des tueries de masse comme les attentats du 13 novembre ou des actes isolés comme à la Goutte-d'Or, l'un des quartiers "cosmopolites" de Paris.
Cette zone représentée par les députés socialistes Annick Lepetit (2001-2003) et Daniel Vaillant (1995-2001 et 2003-2008), où vivent de nombreux étrangers ,est frappée par la précarité. Selon L'Humanité, 28% des foyers du quartier de la Goutte d'Or vivaient en 2012 sous le seuil de pauvreté, contre 11% à Paris. En mars, la mairie de Paris a pourtant classé la Goutte d'Or parmi 20 "quartiers prioritaires", qui font l'objet d'une aide spécifique.
Spécialiste des questions liées au terrorisme, Jean-Charles Brisard rappelle que le 18e arrondissement de la capitale était l'une des cibles des auteurs des attentats du 13 novembre.
Cet acte terroriste en rappelle un autre: en décembre 2014, un individu également âgé de 20 ans, Bertrand Nzohabonayo, avait pénétré dans le commissariat de Joué-les-Tours (Indre-et-Loire) et avait blessé à l'arme blanche trois policiers en criant "Allah Akbar". Ce converti à l'islam avait été tué par les policiers qu'il avait agressés.
"Le parquet antiterroriste s'est saisi des faits", a confirmé le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, qui a fait un saut dans le 18e arrondissement de Paris. Le ministricule a enfin tiré son chapeau au "courage" et à la "bravoure" des forces de l'ordre. 
"Je veux saluer l'acte de courage et de bravoure des policiers" @BCazeneuve pic.twitter.com/LSrNCbiKdK
— Djamel Mazi (@djamel_mazi) 7 Janvier 2016
Le vice-président du Front national, Florian Philippot, a dénoncé ce jeudi une "attaque islamiste" perpétrée contre un commissariat de la Goutte d'Or dans le 18e arrondissement de Paris. "Si la France reste inerte, des attaques comme celle-ci risquent d'être son pain quotidien", a-t-il asséné sur Twitter. De son côté, la députée du Vaucluse Marion Maréchal-Le Pen a félicité les forces de l'ordre pour avoir "réussi à neutraliser un terroriste islamiste".
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