La gauche du PS cherche plus que jamais à écarter Hollande
Figure bougonne de l’aile gauche du PS, la sénatrice de Paris défend le "plan de relance" pour l'emploi de son courant "Maintenant la gauche".
Lienemann (2e depuis la gauche), Maurel et Placé (au centre) et Guedj (debout) |
Devant le quotidien Libération, elle menace à nouveau de se porter candidate, en cas d’organisation d’une primaire à gauche.
Ce courant du PS, fondé en 2012, regroupe différents mouvements, une partie du courant Un Monde d'Avance (Emmanuel Maurel, Jérôme Guedj, Marianne Louis, Marie-Noëlle Lienemann), le mouvement Utopia (Franck Pupunat), et le mouvement de Gérard Filoche, à travers le texte de la motion 3, intitulé 'Maintenant La Gauche'. Son inspiration est issu du socialisme démocratique et du fédéralisme européen. Il rassemble 13,7 % des voix et 9 membres au bureau national du PS (Emmanuel Maurel, Marie-Noëlle Lienemann, Marianne Louis, Jérôme Guedj, Gérard Filoche, Julien Dray, Anne Ferreira, Jonathan Munoz, Jean-François Thomas).
La sénatrice de Paris juge "fumeuses" les propositions emplois de François Hollande
Pourquoi ce 'plan de relance', lui demande Libération?
Parce que nous considérons que les mesures proposées par François Hollande ne sont pas suffisantes. Sa politique de l’offre ne marche pas. Elle n’a pas créé de demande et nous disons depuis le début que la solution pour relancer l’économie française est de soutenir la demande intérieure. Nous proposons un plan qui nous permettrait d’atteindre 2% de croissance à la fin de l’année et donc de réussir à faire baisser le chômage.
Comment ?
En augmentant le pouvoir d’achat et les investissements. D’abord, nous proposons une hausse immédiate du salaire minimum. Les entreprises ont reçu 40 milliards d’euros d’aides depuis 2012; elles peuvent faire aujourd’hui un effort sur les bas salaires. Nous estimons qu’il est aujourd’hui indispensable d’augmenter le Smic de 10%. C’est de l’argent que les ménages les plus modestes dépensent et donc réinjectent dans l’économie. Plus le niveau de vie des ménages est bas, plus ils consomment français.
Ensuite, nous proposons une meilleure indemnisation des demandeurs d’emploi, un allongement d’un an de leur durée d’indemnisation pour éviter qu’ils ne tombent dans la précarité et aient plus de mal à retrouver du travail.
Nous souhaitons rendre plus facile le chômage partiel pour les petites et moyennes entreprises, revaloriser et élargir les prestations sociales, rendre la CSG plus progressive.
Côté investissements, nous proposons de financer une prime à l’achat de logements neufs pour les ménages modestes, de doubler progressivement les aides à la pierre, d’augmenter les moyens de la recherche et de l’enseignement supérieur et d’accélérer la transition énergétique. Nous avons chiffré ce plan à 12 milliards d’euros.
Le gouvernement vous dirait que vous "rasez gratis" !
Mais nous avons aussi calculé les ressources qui nous permettraient de financer ce plan ! Si on annule la suppression de la contribution exceptionnelle de l’impôt sur les sociétés pour les grandes entreprises et que le gouvernement revient sur la suppression de la C3S [contribution sociale de solidarité des sociétés], c’est 4 milliards d’euros de récupéré. Et si on se réfère aux calculs des économistes du FMI, 12 milliards d’euros de dépenses budgétaires en plus nous rapporteraient 9,5 milliards d’euros de recettes.
Que pensez-vous des propositions que s’apprête à faire François Hollande sur l’emploi ?
C’est assez fumeux. Sur l’apprentissage, cela fait deux ans que je dépose des amendements lors des examens de lois de finances. A chaque fois, on me les a retoqués… Le choix pour un chef d’entreprise de prendre un jeune en apprentissage est lié à sa confiance en l’avenir. Or, sans carnet de commandes plein, pas d’apprenti. Il faut à la fois mieux rémunérer l’apprenti, pour qu’il se sente motivé, et que son salaire couvre ses frais. Il faut aussi que ce soit très peu coûteux pour les petites entreprises et qu’on les accompagne dans la paperasse.
Par ailleurs, si on veut mener une politique de long terme, il faut réorganiser les filières d’apprentissage et mettre en place des quotas pour les entreprises. Jean-Louis Borloo avait proposé que ce soit une condition pour toucher le CICE [Crédit d’impôt compétitivité emploi], ce n’est pourtant pas un gaucho !
Et sur le plan de formation pour 500 000 chômeurs ?
Où va-t-on trouver l’argent pour ça? Si c’est pour leur faire faire des stages bidons, ça ne sert à rien. Le problème des emplois non pourvus est surtout que, souvent, ce sont des CDD hypercourts qu’on leur propose!
Pour vous ce n’est pas à la hauteur pour régler le problème du chômage…
Non. Cela va surtout permettre d’envoyer des gens en stage et - miracle ! - il y aura moins de chômeurs… Les gens ne sont pas dupes. En matière d’emploi, on ne peut plus faire de pirouettes, il faut un vrai changement d’orientation.
Que pensez-vous de l’appel lancé dans Libération pour une primaire à gauche?
Je suis très pour! Je défends cette idée-là depuis longtemps et j’ai donc signé cet appel. Nous avons besoin d’un très large rassemblement de toute la gauche avant le 1er tour de la présidentielle. François Hollande lui-même avait dit en son temps qu’il se plierait à un tel exercice et qu’il ne pourrait s’y soustraire. A moins que ce soit, encore une fois, une promesse qu’il ne tient pas. La primaire, ce n’est pas un processus de désignation conjoncturel mais bien structurel. D’autant plus que les résultats du 1er tour seront décisifs. Les appels au vote utile ne suffiront plus…
Vous seriez partante pour être candidate ?
J’ai toujours dit que si une telle primaire s’organisait, je serai candidate. Ce qui m’importe, c’est le fond, porter nos idées. Mais j’estime incarner une détermination, une expérience gouvernementale et une cohérence dans ce que je porte de très longue date au sein de la gauche. Nous devons porter la République sociale et une certaine vision de l’Europe. J’estime avoir cette légitimité.
Des propositions fumeuses pondues par un enfumeur.........
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