Valls la maintenait contre les appels à la démission de Taubira: Hollande mis devant le fait accompli
La garde des Sceaux, Christiane Taubira, a démissionné
Coup de théâtre: Hollande a enregistré le départ de la ministre à son retour d'Inde
L'Élysée a annoncé son départ vers 9h00 ce matin, par communiqué. "Madame Christiane Taubira, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, a remis ce 27 janvier 2016, sa démission au Président de la République, qui l’a acceptée. Ils ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblée nationale, aujourd’hui, en Commission des Lois", peut-on lire dans le texte.
"Le Président de la République a exprimé à Christiane Taubira, sa reconnaissance pour son action. Elle aura mené avec conviction, détermination et talent la réforme de la Justice et joué un rôle majeur dans l’adoption du mariage pour tous", poursuit le communiqué.
C'est le député socialiste du Finistère Jean-Jacques Urvoas, qui la remplace.
"Il portera, au[x] côté[s] du Premier Ministre, la révision constitutionnelle et préparera le projet de loi renforçant la lutte contre le crime organisé et la réforme de la procédure pénale". Urvoas était président de la Commission des lois de l'Assemblée. Encore un Breton, gris comme le ciel de Lorient et souple comme une algue nauséabonde...
Déchéance d'appartenance au gouvernement
Avant Noël, Christiane Taubira avait annoncé l'abandon de l'extension de la déchéance de nationalité, mais cette disposition a été réintroduite par François Hollande dans le projet de révision de la Constitution, a répliqué Manuel Valls le 23 décembre 2015.
Une cacophonie gouvernementale dont l'opposition a fait ses choux gras. Des représentants des Républicains et du FN ont appelé Hollande à mettre de l'ordre dans cette pétaudière et, pour commencer, en la limogeantant. "Je me réjouis du maintien par le gouvernement de la déchéance de nationalité. Christiane Taubira qui combat cette mesure doit quitter le gouvernement", a lancé le député LR Eric Ciotti, tandis que Gérald Darmanin ou encore Thierry Mariani faisaient mine de s'interroger sur l'avenir de la ministre.
Je me réjouis du maintien par le Gvt de la #déchéancedenationalité. @ChTaubira qui combat cette mesure doit quitter le Gvt !
— Eric Ciotti ن (@ECiotti) 23 Décembre 2015
Bon alors qui est déchu @ChTaubira ou la nationalité ? #shadoks
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) 23 Décembre 2015
#decheancedenationalite. Taubira ouvertement désavouée . Mais comment peut-elle encore rester au Gvt ????
— Thierry MARIANI ن (@ThierryMARIANI) 23 Décembre 2015
Le parti Les Républicains a par ailleurs publié un communiqué dans lequel Eric Woerth, son secrétaire général, estime que Christiane Taubira a été "humiliée publiquement" et "n’est plus en toute logique en mesure de porter cette réforme constitutionnelle"Que fait encore Mme Taubira au gouvernement ?" s'est aussi interrogé Nicolas Dupont-Aignan sur Twitter:
Que fait encore Mme @ChTaubira au gouvernement ? #decheancedenationalite
— N. Dupont-Aignan (@dupontaignan) 23 Décembre 2015
Même appel à la démission du côté du Front national.
"Déchéance de nationalité dans la réforme: tant mieux mais quel incroyable cafouillage! Taubira n'a pas d'autre choix que de démissionner," a estimé le vice-président du FN, Forian Philippot.
Déchéance de nationalité dans la réforme : tant mieux mais quel incroyable cafouillage ! #Taubira n'a pas d'autre choix que de démissionner.
— Florian Philippot (@f_philippot) 23 Décembre 2015
"Christiane Taubira désavouée par François Hollande. Elle part quand?" s'est aussi demandé Robert Ménard, maire de Béziers apparenté FN.
— Robert Ménard (@RobertMenardFR) 23 Décembre 2015
Hollande aura tergiversé pendant un mois, avant d'être pris de vitesse.Hollande n'a pas eu à trancher: Christiane Taubira claque la porte.
Les politologues estimaient que son renvoi n'était pas à l'ordre du jour: égérie de la gauche, elle pouvait nuire hors du gouvernement et Valls souhaitait la maintenir comme caution de gauche à sa politique économique de droite. Le premier ministre l'avait d'ailleurs lui-même confirmée à son poste ! "Nous défendrons ensemble ce texte devant le Parlement, assura ce pauvre Valls. Chacun a droit à ses doutes, à ses interrogations, à ses questionnements et à ses analyses", avait-il expliqué, après avoir confirmé que la déchéance de nationalité fera bien partie de la révision de la Constitution, sous une forme ou une autre.
"La parole première est celle du président de la République; elle a été prononcée au congrès à Versailles, avait de son côté opposé Christiane Taubira. La parole dernière est celle du président de la République, elle a été prononcée ce matin [de décembre] en Conseil des ministres et c'est le point final", a expliqué la garde des Sceaux lors de ce point presse organisé l'issue du Conseil des ministres.
"Ce qui est important dans la situation actuelle, ce n'est pas ma présence ou non au gouvernement, c'est la capacité pour le président de la République et le gouvernement de faire face au danger auquel nous sommes confrontés et d'apporter les réponses les plus efficaces", avait-elle ajouté en ironisant sur ces journalistes qui depuis trois ans s'interrogent sur son départ du gouvernement...
Sur l'extension de la déchéance de la nationalité aux binationaux né en France, la ministre avait également tenté de minimiser ses récentes prises de distance. "La seule fois où je me suis exprimée sur la déchéance de la nationalité, je n'ai pas hésité à dire que ceux qui retournent leurs armes contre leurs compatriotes s'excluent eux-mêmes de la communauté nationale. J'ai ajouté que ce sujet concerne le droit du sol", a louvoyé la ministre.
Taubira regagnera le logement social que lui loue -à prix bas- la Mairie de Paris, dans l'élégant 7e arrondissement de la capitale... (lien PaSiDupes)
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