"Pas de calendrier sur la fin des frappes", ajoute Obama
Des milliers de chrétiens poussés à l'exil par les attaques djihadistes sunnites
Un peu plus de dix ans après l'intervention des Etats-Unis, l'Irak replonge en plein chaos. L'élimination de Saddam Hussein en 2003 n'a profité à aucun démocrate et la menace djihadiste justifie maintenant des bombardements aériens américains contre les positions de l'Etat islamique. Le gouvernement chiite faible et une armée absente ne facilitent pas les opérations: le vide laissé par la destruction du régime autoritaire précédent est préjudiciable à l'ensemble des différentes communautés.
Après avoir lancé vendredi, des frappes aériennes sur les positions djihadistes de l'Etat islamique (EI) dans le nord de l'Irak, les Etats-Unis ont largué ce samedi des vivres et de l'eau à destination des populations menacées par l'avancée de ces derniers. L'armée américaine avait une première fois largué des vivres aux Irakiens dans la nuit de jeudi à vendredi.
L'aide humanitaire initiée par les Etats-Unis est notamment destinés aux dizaines de milliers de chrétiens et de Yazidis qui ont été poussés à fuir. Les Yazidis, une communauté kurdophone pré-islamique considérée par les djihadistes comme "adoratrice du diable", se sont retrouvés piégés, sans eau ni nourriture, dans les montagnes désertiques environnantes. 100 000 chrétiens de la région sont également sur la route de l'exil.
Obama : "L'avancée des djihadistes a été plus rapide que ce qu'on pensait"
Barack Obama s'est exprimé à la mi-journée, lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche, pour justifier l'intervention aérienne dans le nord de l'Irak. Le but reste «d'éviter le génocide» et «décider que les terroristes (de l'EI) s'installe sur place». Le président américain a d'ailleurs concédé que «l'avancée des djihadistes (avait) été plus rapide que ce qu'on pensait». Et de détailler : «Jusqu'à maintenant, ces frappes ont permis de détruire des armes et des équipements».
Il a également annoncé que les Etats-Unis allaient «déployer une stratégie plus large pour défendre notre personnel sur place». L'Irak «est en danger, nous devons l'aider», a plaidé le président américain. «Mais nous n'avons pas envoyer des troupes sur place», a-t-il assuré, soulignant que la dernière intervention (de 2003) avait été «coûteuse sur le plan humain». Barack Obama a toutefois précisé qu'il n'y avait «aucun calendrier pour ces frappes» tout en notant que le conflit n'allait pas se régler «en quelques semaines».
Le président a également évoqué une aide humanitaire, assurant que «Hollande et Cameron sont d'accord pour soutenir cet effort». Enfin, il a de nouveau interpellé les autorités irakiennes. "«Seuls les irakiens peuvent garantir la sécurité de leur pays, les Etats-Unis ne peuvent pas le faire à leur place mais nous pouvons les aider".
Pour le PS, devinez, la France "montre la voie" sur la question des chrétiens d'Irak !
Réuni jeudi soir à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU avait demandé à la communauté internationale de "soutenir le gouvernement irakien" face à l'avancée des djihadistes dans le nord du pays.
Hollande s'est aussitôt mis en avant pour soutenir les frappes américaines. De La Lanterne (Versailles), le brave homme s'est déclaré "prêt à prendre toute sa part" [sic] dans l'aide aux populations civiles victimes.
Ce samedi, le PS lui fait écho, se réjouissant que la France "montre la voie" en s'engageant pour sauver les chrétiens et autres minorités d'Irak. On imagine la sincérité d'un Benoît Hamon ou d'un Vincent Peillon sur le sujet...
C'est un "ancien" trotskiste, Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire intérimaire et coopté du Parti socialiste, et le secrétaire à l'International Jean-Marc Germain, dont la carrière doit beaucoup à Martine Aubry, le Parti socialiste "se félicite que l'ONU, à l'initiative de la France (?), se soit mise en mouvement". Selon eux, François Hollande "ouvre le chemin de la défense des Chrétiens d'Orient en proposant un soutien militaire notamment aux Kurdes qui sont, depuis la présidence de François Mitterrand, des amis de la France dans cette région du monde".
La presse laisse dire, mais à la vérité, le projet de résolution de l'ONU a été rédigé par la Grande-Bretagne et désigne les dirigeants de l'Etat Islamique, djihadistes sunnites de l'EI (anciennement Etat islamique en Irak et au Levant, EIIL) à frapper de sanctions financières et d'interdictions de visas. Ils contrôlent en effet un tiers du territoire syrien et se sont emparés de larges pans de l'Irak depuis début juin.
La progression des islamistes a amené vendredi les Etats-Unis à procéder à leurs premières frappes aériennes dans la région depuis le retrait des forces américaines d'Irak en 2011.
Hollande et le PS vont devoir honorer leurs engagements
Les UMP Hervé Mariton, Philippe Cochet,
Christophe Guilloteau et Patrice Verchère
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Le projet de résolution "invite tous les Etats membres à prendre des mesures nationales pour interrompre le flot de combattants terroristes étrangers à destination de l'EIIL, de l'ANF (Front al Nosra) et d'autres individus, groupes, associations et entités associés à Al Qaïda". "Tous les deux ont exprimé leur soutien à nos actions et sont d'accord pour nous appuyer dans l'assistance humanitaire que nous offrons aux Irakiens qui souffrent le plus", a déclaré Obama lors d'une conférence de presse.
Samedi, les forces irakiennes et kurdes s'apprêtaient à lancer une contre-offensive sur des territoires perdus dans le nord de l'Irak.
Au New York Times, Barack Obama avait auparavant déclaré ne pas exclure un usage élargi des frappes militaires en Irak pour aider à combattre les djihadistes de l’Etat islamique (EI), tout en demandant d’abord aux dirigeants politiques irakiens de trouver une manière de travailler ensemble.
Selon le porte-parole du Pentagone, deux chasseurs bombardiers ont donc frappé vendredi vers 13h45 (10h45 GMT) une pièce d’artillerie mobile de l’Etat islamique (EI) qui avait visé des forces kurdes à Erbil. Quelques heures plus tard, d’autres raids ont visé " des terroristes", puis un convoi et un mortier près d’Erbil.
Génocide islamiste
Depuis dimanche, des dizaines de milliers de chrétiens ont fui face à l’avancée des djihadistes, qui ne sont désormais qu’à une quarantaine de km d’Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan, allié de Washington.
Après la prise de Qaraqosh et d’autres zones autour de Mossoul, le patriarche chaldéen Louis Sako a fait état de 100.000 chrétiens jetés sur les routes. Dimanche, la prise de Sinjar, bastion de la minorité kurdophone yazidie, avait déjà poussé à la fuite jusqu’à 200.000 civils, selon l’ONU.
Certains ont pu s'exiler au Kurdistan ou en Turquie,
mais des milliers d’autres sont piégés dans les montagnes désertiques environnantes, où ils risquent autant de mourir de faim et de soif que de se faire massacrer par les djihadistes.
L’offensive de l’EI contre les Yazidis et les chrétiens "montre tous les signaux d’un génocide", a déclaré vendredi le secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en visite à Kaboul.
Evoquant "une crise humanitaire qui prend aux tripes" et le risque de nouvelles violences meurtrières, le diplomate a expliqué que les Etats-Unis ont "pris la décision qu’il fallait sauver ces vies".
Jeudi soir, Obama avait déjà évoqué un risque de génocide en autorisant des frappes militaires ciblées "pour protéger les civils pris au piège", ainsi que les personnels américains à Erbil et à Bagdad.
La France prête à "favoriser l'accueil" des chrétiens d'Irak.
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