Hollande doit faire face au rejet de son armée
La mort de trois combattants Séléka dans un accrochage avec des soldats français déclenche la contestation
Des habitants des quartiers musulmans de Bangui (Centrafrique) ont manifesté en masse, dimanche 22 décembre, contre l'opération militaire française Sangaris, à l'occasion d'une opération de désarmement.
La Séléka est la coalition rebelle à majorité musulmane qui a pris le pouvoir en mars 2013 et porté le président Michel Djotodia au pouvoir. Ses membres font partie des miliciens que l'opération française a pour objectif de désarmer, afin de mettre fin aux violences interreligieuses.
Les forces françaises accusées de prendre parti pour les milices chrétiennes
Dans l'après-midi, les manifestants se sont rassemblés dans le centre-ville de la capitale centrafricaine et ont ensuite marché sur une grande avenue vers le quartier musulman PK5. "Non à la France", "Hollande criminel !", scandaient notamment les protestataires, qui entendaient dénoncer "la partialité" des militaires français déployés depuis début décembre en République centrafricaine (RCA).
Le président centrafricain Michel Djotodia, qui a pris le pouvoir, aidé des rebelles de la Séléka, à majorité musulmane, a renouvelé samedi 2 décembre son offre de dialogue aux milices chrétiennes, pour l'arrêt des tueries inter-religieuses.
Sans la protection des Séléka, de nombreux musulmans se disent laissés à la merci des atrocités des milices chrétiennes "anti-balaka" et la presse hexagonale relaie ce point de vue partisan.
A l'inverse, nombre de Centrafricains chrétiens accusent en effet le Tchad d’être juge et partie: les troupes de la Séléka qu’il s’agit de désarmer sont en grande partie composées de mercenaires tchadiens.
La République centrafricaine menace donc toujours de s'embraser deux semaines après le début de l’opération Sangaris
La France est seule puissance européenne en Centrafrique.
Mais ses 1.600 militaires interviennent dans le cadre de la Misca, Mission internationale de soutien à la Centrafrique. 3652 militaires et civils sous mandat de l’Union africaine proviennent d’Afrique centrale: Cameroun, Congo, Gabon, Burundi et Tchad.
Or, la participation du Tchad (850 hommes) est très problématique.
Hollande reçoit Idriss Déby |
Le Tchad et ses soldats en Centrafrique sont accusés d’interventionnisme systématique depuis qu'Idriss Déby est chef de l'Etat. Une façon pour lui de protéger son pouvoir et de sécuriser les champs de pétrole tchadiens proches de la frontière avec la Centrafrique, quitte à aider les rébellions.
Plus viscéralement, Idriss Déby est un musulman qui, durant la guerre civile libyenne de 2011, aurait envoyé des éléments de la garde tchadienne en Libye pour soutenir le colonel Mouammar Kadhafi.
Très concrètement, outre que la Minusma a annoncé l'ouverture d'une enquête préliminaire sur les allégations de mauvaise conduite de casques bleus et d’abus sexuels à Gao, le lundi 16 septembre dernier, environ 160 soldats tchadiens de la Minusma, force de l’ONU au Mali, auraient déserté à Tessalit face aux rebelles djihadistes.
Le gouvernement tchadien a "formellement"démenti lundi l'implication de soldats tchadiens de la Misca dans la mort d'un manifestant chrétien à Bangui ce lundi, veille de Noël.
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