Chiffres du chômage : l'heure du mensonge a sonné pour Hollande

Hollande s'apprête à tordre le cou à la vérité des chiffres du chômage

Hollande mène les Français en pédalo depuis quinze mois

Plus que Hollande,
chômeur à la croisée des chemins

Malgré des indicateurs et les prévisions contraires de l'INSEE, du FMI (Fonds monétaire international) ou encore de l'OCDE, François Hollande a promis la lune aux Français et d'inverser la courbe du chômage avant la fin de l'année. 

Ce jeudi, le gouvernement joue gros avec la publication des chiffres des demandeurs d'emploi même si ce ne sont pas les derniers de l'année, ceux de décembre étant attendus le 27 janvier. Néanmoins, leur valeur symbolique sera forte pour un Président de la République dont la popularité est au plus bas.

En octobre, 3,27 millions de personnes étaient encore sans aucun emploi -un chiffre proche du record absolu: 3,29 millions- pour la première fois depuis avril 2011, mais Hollande avait commencé à manipuler les chiffres, mettant en avant 20.500 de jeunes demandeurs d'emploi de Catégorie A (ceux n'ayant exercé aucune activité) artificiellement sortis des listes de Pôle emploi comme par magie, tandis que la situation des seniors et des chômeurs de longue durée s'aggravait. 

Cette technique basique de maquillage pourrait resservir pour novembre en choisissant l'angle le plus favorable qui dissimulerait à nouveau les statistiques défavorables et permettrait au gouvernement d'affirmer que la politique mise en oeuvre avec les contrats aidés et les différentes mesures d'accompagnement, notamment le crédit compétitivité, est en passe de réussir.

La majorité a chaussé les lunettes roses

Plusieurs ministres ont commencé à préparer le terrain au début de la semaine, tout en faisant preuve d'une certaine prudence. "L'inversion de la courbe du chômage, c'est une balise, un point de repère, un jalon dans une période tourmentée", avait péroré Guillaume Garot, le sous-ministre de l'Agroalimentaire qui n'a pourtant brillé dans la gestion de la crise bretonne.

De son côté, Michel Sapin se laissait quelques portes de sortie entrebaillées, affichant un optimisme modéré de ministre du travail. "Il y aura certainement dans les mois qui viennent des moments avec un retour", des "mois où ça repartira un peu à la hausse", a-t-il expliqué tout en assurant que le gouvernement est "en train de gagner" la bataille du chômage "pas à pas, mois après mois".

Le ministre admet que le souci, pour 2014, c'est surtout d'inscrire ce mouvement dans la durée. "Si les chiffres sont bons jeudi soir, ce sera une bonne nouvelle mais l'effet politique sera minime."
"Et si le chômage remonte à nouveau en janvier, la parole politique sera affectée", a envisagé un conseiller de l'Elysée. 

Le Parti socialiste était encore mobilisé au lendemain de Noël, envoyant David Assouline, porte-parole, à RTL jeudi matin. "Nous allons remporter ce défi", a-t-il répété. "C'est un engagement. La tendance de cette année montre que l'action du gouvernement, par son volontarisme, a déjà porté ses fruits", a-t-il imprudemment anticipé au lever du coq.

Reste à savoir comment le gouvernement va utiliser ces chiffres...

Vendredi matin, Jean-Marc Ayrault devrait distribuer les éléments de langage au cours d'un déplacement sur le thème de l'emploi, peut-être à Lorient, dans le Morbihan où il est actuellement en congés pour quelques jours. Mais c'est l'allocution de François Hollande lors de la présentation des voeux qui sera scrutée de près sur ce sujet. A moins que le président de la République, si les chiffres sont bons, décide de rebondir plus rapidement avec la publication d'un communiqué.

VOIR et ENTENDRE Hollande flouter l'inversion de la courbe d'ici fin 2013 :

Si l'on en croit plutôt l'INSEE, le FMI et  encore l'OCDE, la situation risque fort de continuer à s'aggraver pour les seniors et les chômeurs de longue durée.

Si les majorités gouvernementale et médiatique ne font pas passer à la trappe les demandeurs d'emploi exerçant une activité réduite, la tendance reste encore fortement négative (39.600 inscrits de plus en octobre, 4,88 millions au total).

Le mois dernier, Thierry Lepaon, le numéro 1 de la CGT soulignait que "la précarité continue de flamber". 

De son côté, le MEDEF, syndicat patronal,  affirme que le recours à ces emplois aidés est un choix à court terme, un cache-misère. 

L'opposition, l'UMP, met en garde que ces dispositifs sont contre-productifs.
Pour les économistes, la faiblesse de la croissance que l'Insee prévoit à 0,2% au premier semestre 2014 ne va pas permettre d'inscrire la baisse du chômage dans la durée. Selon les prévisions, le taux de chômage devrait se stabiliser au dernier trimestre 2013 et au premier trimestre 2014, avant de repartir légèrement à la hausse mi-2014.

VOIR et ENTENDRE François Hollande préparer l'opinion à une "bataille" qui se fera "mois par mois"
 

L' "ancienneté" moyenne dans le chômage a encore grimpé en octobre, pour atteindre 505 jours.