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mardi 24 décembre 2013

Soudan du Sud: Ban Ki-moon (ONU) met en garde les factions armées

L'ONU, ministère international de la parole

Les accusations de crimes contre l'humanité feraient l'objet d'enquêtes

Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a prévenu les factions armées au Soudan du Sud, alors que des témoins évoquent des meurtres ethniques et que les réfugiés affluent dans les bases onusiennes.
"Le monde observe toutes les parties au Soudan du Sud", a déclaré le secrétaire général de l'ONU en marge d'une réunion du Conseil de sécurité sur la crise sud-soudanaise lundi soir à New York.
L'ONU "enquêtera sur les accusations de graves violations des droits de l'homme et de crimes contre l'humanité", a-t-il ajouté, affirmant que "ceux qui sont responsables à un haut niveau devront en répondre personnellement et faire face aux conséquences, même s'ils prétendent n'avoir pas été au courant des attaques".

Le Soudan du Sud est en proie à d'intenses combats
Les hostilités ont commencé avec les accusations de tentative de coup d'Etat lancées  il y a un peu plus d'une semaine par le président Salva Kiir contre son ancien vice-président, limogé en juillet.

Riek Machar dément, accusant Salva Kiir de vouloir éliminer ses rivaux, mais ses hommes ont depuis pris deux capitales régionales stratégiques, celles de Bor, dans l'Etat chroniquement instable du Jonglei, et de Bentiu, dans celui d'Unité, riche en pétrole.

Les populations de réfugiés fuient les violences 

L'ONU, simple association humanitaire ? 
Au moins 45.000 civils sud-soudanais sont réfugiés dans des bases onusiennes débordées, dont 20.000 dans la seule capitale Juba, a indiqué l'ONU mardi. Des centaines de milliers d'autres personnes ont très probablement fui dans la brousse.
Face à l'ampleur de la crise, Ban Ki-moon a recommandé au Conseil de sécurité de renforcer de 5.500 hommes le contingent de quelque 7.000 Casques bleus déjà présent dans le pays.

Officiellement, les combats qui frappent  le Soudan du Sud ont fait 500 morts en un peu plus d'une semaine, mais là encore, ce bilan est certainement largement sous-estimé, jugent des travailleurs humanitaires.

Les combats touchent désormais la moitié des 10 Etats du jeune pays : ceux de Jonglei, d'Unité, d'Equateur central (Juba), mais aussi du Haut-Nil ou encore d'Equateur oriental.

Efforts diplomatiques

Des violences ethniques commises en série par les forces gouvernementales et les rebelles commencent à émerger de témoignages à travers le pays. Le conflit a pris une dimension ethnique: les Nuer, tribu de Machar, contre les Dinka, ethnie de Kiir, entrée en opposition avec la campagne d'islamisation des populations autochtones du Sud voulue par le pouvoir central du Soudan, état musulman totalitaire, dont le chef d'Etat, Omar al-Bashir, est sous le coup d'un mandat d'arrêt international.

Réfugiés dans une base onusienne de l'ONU, deux Nuer ont raconté avoir été arrêtés avec 250 autres hommes par des soldats sud-soudanais, qui ont ouvert le feu sur eux dans un poste de police de Juba. Simplement, disent-ils, parce qu'ils appartenaient à l'ethnie de Riek Machar.
"Pour survivre, il fallait se recouvrir des cadavres des autres, et pendant ces deux jours, les corps ont commencé à sentir vraiment mauvais. Je n'ai pas très envie d'en parler", raconte l'un d'eux, ne donnant que son prénom, Simon.

Le gouvernement nie être derrière toute violence à caractère ethnique.
Mais de nombreux autres témoignages laissent penser qu'un schéma brutal de violences à caractère ethnique est en place depuis qu'ont commencé les affrontements le 15 décembre et que des meurtres et des viols sont perpétrés.

Cependant, les témoignanges dont l'AFP fait état sont à sens unique.
Des informations similaires ont en effet filtré de régions aux mains des rebelles opposés au président, dont l'attaque d'une base de l'ONU par des jeunes nuer à Akobo, dans l'Etat de Jonglei. 
Là, deux Casques bleus indiens ont été tués et l'ONU craint que des civils dinka qui s'étaient réfugiés dans la base aient été massacrés. "Il y des informations crédibles d'exactions commises contre des civils dans différentes parties du pays, notamment des meurtres", a affirmé mardi l'ONU.

A Bor, située à 200 km au nord de Juba, la situation est particulièrement sensible : l'armée affirme préparer une offensive pour reprendre la ville aux rebelles. "A Bor, la situation des 17.000 personnes réfugiées dans la base (onusienne) est problématique, le manque de nourriture et d'abris devient aigu", a dit l'ONU, faisant état de "pillages de masse de complexes humanitaires et de maisons de civils" dans la ville.

Les rebelles au Soudan du Sud menacent les champs pétroliers essentiels à l’économie du pays, au risque de provoquer une intervention militaire du Soudan voisin, très dépendant des recettes de l’or noir.

La communauté internationale, ONU et Etats-Unis en tête, espère malgré tout stopper l'escalade de violence par la diplomatie.
Obama a été le parrain de l'indépendance du Soudan du Sud en 2011 et le principal soutien de cet Etat depuis.
Lundi, l'émissaire de Washington pour le Soudan et le Soudan du Sud était à Juba, pour des entretiens avec le gouvernement et des détenus accusés de tentative de coup d'Etat. Il a réaffirmé que le président Kiir était toujours prêt à discuter avec son rival Machar, sans condition préalable.

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