"François Hollande est hanté par trois cauchemars"
Nous ne résistons pas au plaisir de vous offrir ce texte de Bongobi
A la veille des voeux aux Français, les nuits du président François Hollande seraient peuplées de cauchemars, conte Hervé Karleskind, sous la plume de Madame de Sévigné.
A la veille du Nouvel An, François Hollande aurait perdu ses illusions, commente Madame de Sévigné.
Paris, le 30 décembre,
Vous me reprochâtes de ne vous écrire que de mauvaises nouvelles: j'ai donc laissé passer un peu de temps, en espérant que les cieux se montreraient plus cléments. En vain.
Oserai-je vous donner quelques échos de la cour? Ils ne sont guère réjouissants: le comte d'Artois, toujours à écouter aux portes et à frayer au cul des bonnes, pardonnez ma mie l'extravagante licence de mes mots, raconte que le roi, après avoir peint du plus seyant rose le cours des choses, voit à présent tout en noir. Le voici hanté de cauchemars, au nombre de trois.
Le voici hanté de cauchemars, au nombre de trois [seulement?]
Le premier l'a gagné dans la nuit qui suivit la Nativité. Il rêva en effet que, contrairement à ce qu'il avait ardemment souhaité, le nombre des désoeuvrés n'avait point désenflé, tout au contraire. Il s'éveilla, baigné de mauvaises humeurs, tremblant de froid et de fièvre. Il ne se rendormit plus jusqu'au petit matin blafard de ce coeur d'hiver, quand vint l'heure tant redoutée de l'audience de Monsieur de Monbeausapin. L'infortuné ministre avait une bien mauvaise nouvelle pour son roi qui lui confessa, en guise de préambule, qu'il avait passé une nuit exécrable.
Hélas, les artifices du ministre, un homme rompu aux aphorismes de cour, ne lui furent d'aucun secours: il ne put que confirmer le sombre songe du roi. En dépit de ses efforts restés vains à juguler cette épidémie, le fidèle serviteur dut avouer, nolens volens, que le roi avait échoué, et que ses imprécations s'étaient perdues dans le vent des promesses non tenues. Le désoeuvrement grossissait encore, comme les rivières de Bretagne, ne laissant aucun répit. Le roi, pensa Monbeausapin, se trouvait beau d'avoir fait son miel de résolutions insensées, jouant les Rodomont pour terrasser cette hydre qui semblait se grossir des coups qu'il lui portait.
Que pouvait-il mander à présent qui ne fasse penser à quelque piège abscons?
La cour, toujours à sombrer dans la vanité, se gaussa de comparer le Flou à Héraclès, raillant son peu d'allant et décriant sa parole à présent ruinée. Cette calamiteuse nouvelle plaça le roi dans un embarras abyssal: n'avait-il pas prévu de prononcer son rituel discours de fin d'année tout à la gloire de son action et signifier ainsi à ses sujets qu'il était parvenu à faire reculer le monstre en lui tranchant quelques tentacules? Que pouvait-il mander à présent qui ne soit amphigourique, qui ne fasse penser à quelque piège abscons?
Il convoqua sur le champ son aréopage de mages et de maîtres à penser à des fins de les enjoindre de trouver une formule magique propre à faire passer l'infâme potion qu'il allait devoir servir à ses sujets.
Las, la nuit suivante, notre pauvre roi fit un deuxième cauchemar: vous vous souvenez, ma chère et tendre, qu'il avait promis que nos soldats ne perdraient pas de temps à mater les illuminés qui terrorisent l'un des plus pauvres pays de notre monde: la guerre serait courte et joyeuse, croyait-on innocemment. Là encore, le cauchemar du roi se vérifia. Nos armées, chichement pourvues, peinaient à défaire les rebelles au point que cette expédition prenait les allures d'un bourbier au coût exorbitant. Le Flou se montra du reste fort déçu du peu d'empressement des cours européennes à qui il avait tendu la sébile dans le dessein d'abonder les finances de cette croisade.
Là aussi, la cour dauba. Qui parla d'échec, qui d'aventure insensée, qui encore de prestige perdu, qui, pour finir, d'humiliation.
Le roi fit un troisième cauchemar
En cette fin d'année, échaudé par tant de cruels revers, le roi en venait à redouter l'Epiphanie. Hanté par ses mauvais songes, ne craignait-il pas que les Rois mages vinssent à tourmenter ses nuits pour lui offrir des présents tout aussi empoisonnés que ceux que l'année qui s'achevait lui avait réservés?
En cette période d'ordinaire apaisée par ce que l'on nomme parfois abusivement "trêve des confiseurs", je vous le donne en cent, je vous le donne en mille, le roi fit un troisième cauchemar.
Il rêva que le Bref, son rival à présent déclaré, prononçait des voeux à l'adresse de ses anciens sujets, laissant entrevoir qu'il ne tarderait plus à remonter sur le trône. Le sommeil du roi fut alors gâté par un bien vilain songe: le Bref s'était introduit en son ancien château pour lui croquer un orteil en lui susurrant qu'il allait bientôt perdre des villes à pleine charretées et que le siège du Parlement de Strasbourg signerait une défaite tout aussi cuisante.
Le roi a besoin de quiétude à des fins d'affronter la nouvelle année
Ses gens racontent sous le manteau que le Flou s'éveilla en criant si fort que la maisonnée s'en fut toute chamboulée. Madame lui fit porter une potion apaisante: mais rien n'y fit. Le roi, hors de ses esprits, jura qu'il avait vu le Bref, déguisé en Méphisto, danser et chanter au pied de son lit de douleurs.
Personne ne le crut, mais tout le monde s'accorda pour mander que le roi avait besoin de quiétude à des fins d'affronter une nouvelle année placée sous de bien mauvais augures.
Pressé de livrer ses présages lors de notre dernier souper, le comte d'Artois à qui l'on demandait de peindre l'avenir du roi, se tira d'affaire par une pirouette. "Quel chemin devrait-il donc prendre pour en finir avec la guigne?", osa mander une petite baronne un peu effrontée. "Aucun, laissa tomber d'Artois, légèrement dédaigneux. Ses chemins ne mènent ni à Rome ni à Canossa: mais à une impasse".
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