La gauche consternée, l'opposition exige des excuses
Une simple "petite vanne", selon l'AFP
Monsieur P'tite Blague fait du Bedos |
Le président François Hollande a révélé le fond de sa pensée devant le CRIF (Conseil représentatif des institutions juives de France), qui fêtait ses 70 ans. Il commentait l'activité de Manuel Valls, son ministre de l'Intérieur, dont il ne savait pas s'il allait ou rentrait d'Alger et annonça qu'il était rentré d'Algérie "sain et sauf... et c'est déjà beaucoup".
La gaffe révélée le 21 date du 16 décembre
Occultée par la presse et le CRIF, la provocation finalement qualifiée de "boutade" par BFMTV avait été passée sous silence.
Mais l'Algérie a fait savoir qu'elle est blessée par l'insulte du comique.
Hier samedi, Le Parisien désinformait les Français, titrant que "le quotidien El Watan se lamente de cette "blague de mauvais goût". A la vérité, le quotidien algérien el-Watan dénonce "une plaisanterie de mauvais goût, des insinuations pathétiques, et un nouveau coup de froid à l’horizon dans les relations censées être "normalisées" depuis la visite de François Hollande en Algérie, en décembre 2012."
"Le peuple est renvoyé, sans autre forme de procès, à sa condition de colonisé, de sauvage à civiliser, d’indigène de la République, dénué aussi bien de cortex cérébral que d’humour", conclut un éditorialiste.
La presse française minimise outrageusement le ressentiment de l'Algérie
Contrairement à la presse socialiste de France, on l'a vu, la presse algérienne critique vivement la déclaration de François Hollande. Elle faisait samedi la Une des journaux arabophones "El-Khabar", "Echorouk" et "Ennahar". "Hollande se moque de l'Algérie devant les juifs", pouvait-on lire en première page. Mais les Algériens de France sont très vindicatifs.
L'hypocrisie de Hollande suscite des réactions indignées d'internautes.
La plaisanterie du président Hollande a beaucoup indigné les Algériens: même s'il s'agissait d'athées anti-sionistes proches des communistes, elle était faite en effet pour faire rire son auditoire juif. "Et oui, ils viennent pour investir et prendre l'argent ensuite nous insulter pour les beaux yeux des Juifs !" réagit Mohamed sur Facebook. "Juste une question, Monsieur Hollande. Jean-Marc Ayrault est revenu d'Algérie avec des contrats de plusieurs milliards d'euros pour l'économie française ! On est d'accord ? Le Crif t'apporte quoi à l'économie ? 0%. Au contraire, ils sont venus festoyer à l’Élysée aux frais des contribuables français. Ce que vous gagnez sur le marché algérien en contrats, vous le consommez pour les beaux yeux du Crif. C'est l'équation que je vous demande de revoir", interpelle Far.
"Franchement, c'est débile. Il est clair qu'il se moque de Valls, puisque ce dernier en plus d'être raciste sur les bords, a un dévouement total pour la "légitimité d’Israël" et la communauté juive en France, et en Algérie, ce n'est pas le cas, bien au contraire", souligne Quelque Chose.
"C'est pour plaire aux sionistes qui le financent et qui paient son chèque de fin de mois", ajoute Romaissa.
Amina prend sa revanche sur Facebook : "On se sent plus en sécurité à Alger que dans les banlieues françaises". Elle ajoute, cette fois sur Twitter : "Arrêtez de véhiculer une fausse image. On est très bien chez nous et on se sent en sécurité".
Ali Ouhachi se demande sur le même réseau social : "Notre Président couve-t-il une maladie contagieuse ?"
Amrane se semande quant à lui sur Twitter si Hollande a "fait l’école du rire ou séché les cours de communication".
Solitaire et Hani demandent que l’ambassadeur français en Algérie soit convoqué.
"Lamamra doit convoquer l'ambassadeur français pour des clarifications. C'est le minimum que doit faire un pays qui se respecte", note Solitaire sur Facebook.
"L'Algérie doit convoquer immédiatement l'ambassadeur français. C'est la moindre des choses", estime également Hani sur le même réseau social.
Alger n’a pas réagi avant samedi soir.
Mais le ministre des Affaires étrangères algérien Ramtane Lamamra a finalement estimé que la provocation est un "incident regrettable".
"Il est clair qu'il s'agit d'une moins-value par rapport à l'esprit qui enveloppe nos relations et à la réalité de ce que les délégations françaises, et même autres, peuvent constater de la situation sécuritaire en Algérie", a déclaré Ramtane Lamamra lors d'une conférence de presse avec son homologue chinois, Wang Yi.
Samedi, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH, gouvernementale), Farouk Ksentini, a appelé François Hollande à présenter des excuses pour ses propos "provocateurs à l'encontre de l'Algérie".
Le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP, islamiste), Abderezzak Mokri, a appelé les autorités algériennes à réagir à ces propos qui constituent, a-t-il dit, "une atteinte flagrante à l'Algérie".
Le Rassemblement national démocratique (RND), deuxième force politique du parlement algérien, estime que les propos de François Hollande "dénotent la haine vouée par les Français aux Algériens".
"De tels propos, qui n'affectent nullement le peuple algérien (...) attentent par contre aux relations algéro-françaises qui connaissent une nette amélioration ces dernières années", a déclaré à l'agence nationale algérienne APS la porte-parole du RND, Nouara Saadia Djaafar.
La gauche
Silence radio à SOS Racisme...
Il faut aller à l'extrême gauche, pour trouver une condamnation du délire de Hollande
L'ivresse communautariste du dîner a grisé #Hollande. Mais c'est nous qui avons la nausée. #CRIF #Algérie
— Jean-Luc Mélenchon ! (@JLMelenchon) 22 Décembre 2013
L'opposition
L'"incident", selon la presse couchée, a suscité de nombreuses réactions indignées de l'UMP et de l'UDI.
Invitée à s'exprimer sur TF1, l'ancienne ministre de François Fillon, Valérie Précresse a évoqué une sortie «particulièrement maladroite et pas digne [litote pour "idigne"] d'un président de la République". "Je dis à François Hollande : soyez vraiment à la hauteur de votre fonction", a-t-elle ajouté.
Geoffroy Didier, secrétaire général adjoint de l'UMP, a qualifié la petite phrase de François Hollande de «cliché indigne d'un président de la République sur un pays et son peuple." "Cette pseudo-plaisanterie est malheureusement bien plus douteuse, elle révèle surtout un amateurisme au sommet de l'Etat préoccupant pour la France sur la scène internationale. François Hollande doit sans délai présenter ses excuses au peuple algérien qui mérite bien mieux que ce manque total de respect et cette ironie fétide", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Nadine Morano a quant à elle traité l'insulte par le mépris, préférant critiquer la couverture médiatique de la polémique par la presse française, en diffusant sur son compte Twitter le message d'une conseillère municipale UMP de Nice dénonçant "deux poids, deux mesures". "Si Sarkozy en avait dit deux fois moins, il aurait été victime des foudres médiatiques", écrit-elle.
#Hollande et l'#Algerie ; si #Sarkozy en avait dit 2 fois moins, il aurait été victime des foudres médiatiques #2poids2mesures normal...
— Marine Brenier (@marinebrenier) 22 Décembre 2013
Du côté de l'UDI, Christophe Paillé a réagi sur LCI, dénonçant une "attitude affligeante" de la part du chef de l'Etat. Lui aussi souligne la nécessité de présenter "des excuses officielles" à l'Algérie.
Même ton chez son collègue Yves Jégo, lui aussi membre de l'UDI. "Cet écart de langage est pour le moins inquiétant chez le dirigeant de la 5ème puissance du monde qui ne semble pas se rendre compte combien son humour peut être blessant", a commenté le député de Seine-et-Marne sur sa page Facebook.
Le député Jean-François Mancel (UMP) a eu simplement recours aux réseaux sociaux pour dénoncer l'irresponsailité du président socialiste.
La blague d'#Hollande est insultante pour l'Algérie et indigne d'un chef d'Etat
— Jean Francois Mancel (@JFMancel) 22 Décembre 2013
Pour le FN, Wallerand de St Just a qualifié d'"insulte" "indigne" et de "vraiment pas malin" la provocation déplacée du "sale mec" de l'Elysée.
Vraiment pas malin, la sortie de Hollande sur l'#Algérie
— Wallerand de St Just (@wdesaintjust) 22 Décembre 2013
L'indulgence de l'extrême droite laisse pantois.
L'Elysée a de son côté tenu à relativiser l'insulte, mettant cette petite phrase sur le compte de "l'humour" et du "second degré".
La gauche
Silence radio à SOS Racisme, aujourd'hui
Il faut aller à l'extrême gauche pour trouver une condamnation du délire de Hollande
L'ivresse communautariste du dîner a grisé #Hollande. Mais c'est nous qui avons la nausée. #CRIF #Algérie
— Jean-Luc Mélenchon ! (@JLMelenchon) 22 Décembre 2013
A l'Elysée relativise le scandale, mettant cette petite phrase sur le compte de "l'humour" et du "second degré", facon Nicolas Bedos, Didier Porte ou Stéphane Guillon...
Le 2 février 2012, Hollande en campagne avait participé au Dîner
Hollande était présent au Dîner des Parrains de SOS Racisme du 2 février 2012
Hollande était présent au Dîner des Parrains de SOS Racisme du 2 février 2012
VOIR et ENTENDRE l'investissement des membres de cette association socialiste avant la présidentielle. Entretiens de propagande et de soutien à François Hollande (à 15 min 16) dont celui avec Pierre Bergé qui s'en prenait à Claude Guéant:
Caroline Fourest, Najat Vallaud-Belkacem, Paul Amar, Jérôme Guedj, pour ne citer qu'eux, ont-ils réagi à la "bavure" de Hollande?
Parmi ces intervenants stigmatisaient l'extrême droite et l'un d'eux concluait finement que le "combat de SOS est loin d'être terminé": il commence à l'Elysée...
Parmi ces intervenants stigmatisaient l'extrême droite et l'un d'eux concluait finement que le "combat de SOS est loin d'être terminé": il commence à l'Elysée...
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