Martine Aubry tente de politiser le scrutin de mars
Aubry néglige le PS mais se mêle de l'UMP !
Devant les secrétaires de section du PS réunis dimanche à Paris, le premier secrétaire a accusé l'UMP de vouloir «zapper» les élections cantonales.
Martine Aubry colle aux dates socialistes de l'agenda électoral. 20 et 27 mars 2011 : élections cantonales. Au PS, c'est pour sa chef le premier pas de l'année pour espérer mettre le parti en ordre de bataille pour 2012. Alors, dimanche, au Palais des congrès à Paris, devant quelque 1500 secrétaires de section, elle a tenté de politiser le scrutin. Que ne ferait-elle pas pour ne pas parler du PS.
A celle qui n'entre pas dans les élections, l'UMP donne l'impression d'y aller à reculons !
«Le seul point sur lequel Fillon et Copé sont d'accord, c'est pour dire que cette élection, il ne faut pas s'en occuper», a lancé Aubry. Au contraire, mais ça la regarde, elle veut lui donner un écho national et une portée qui va bien au-delà des seuls enjeux locaux. Il n'est portant pas banal que les cantonales mettent ainsi en transes.
«Le changement en 2012 se prépare en 2011. Oui, c'est une élection politique, et c'est bien ce qui gêne l'UMP. Leur rêve serait même que cette élection n'ait pas lieu. Ils essayent de la zapper.» Mais qu'elle nous dise donc plutôt quel est le sien !
Bizarrement, bien que la participation y soit traditionnellement très faible, le PS voudrait faire un test de ce scrutin, car elle a visiblement besoin de se conforter : en confirmant le résultat des régionales de 2010, elle réaffirmerait sa place au centre de gravité de la gauche.
C'est dire qu'elle se sent en état de faiblesse !
Des cantonales dépendent par ailleurs les rapports de domination -ou de subordination- que le PS aura avec ses autres partenaires, notamment les Verts.
Martine Aubry l'a aussi rappelé, dans la perspective de 2012, l'union des forces de gauche est la « condition sine qua non » de la victoire. « Le rassemblement de la gauche et des écologistes, ce n'est pas une formule rituelle pour les discours, c'est le talisman de l'alternance », a-t-elle assuré.
La hantise d'un remake de 2002
Dans les travées du Palais des congrès, François Hollande approuve. Pour l'ancien premier secrétaire du PS, le risque d'un nouveau « 21 avril » existe bel et bien. « Cela s'est déjà produit, je n'écarte rien, a-t-il dit. Ce qu'il faut préparer, c'est un nouveau 10 mai 1981», jour de l'élection de François Mitterrand à l'Élysée.
Le PS fait ses comptes prévisionnels
Pour les cantonales, les socialistes espèrent « franchir la barre d'une soixantaine de départements », alors qu'ils en possèdent aujourd'hui 58. Ils nourrissent l'espoir de remporter les Hautes-Alpes, l'Aveyron, la Côte-d'Or, les Pyrénées-Atlantiques, la Loire, le Jura, la Vienne et la Sarthe.
Pas un mot en revanche sur les départements qu'ils redoutent de perdre.
François Hollande, président du Conseil général de Corrèze, a admis que son éventuelle candidature aux primaires est subordonnée au "verdict des électeurs" corréziens, qui décideront en mars de sa reconduction ou non à la tête du département.
Après les cantonales, le PS passera ensuite à la finalisation de son projet pour mai 2012
«Ce projet sera la colonne vertébrale du programme de notre candidat. Quand on est candidat aux élections présidentielles du Parti socialiste, on défend le projet du Parti socialiste », a prévenu Martine Aubry. Pas question donc pour les candidats aux primaires de trop s'écarter de la voie officielle du parti, comme Manuel Valls l'a fait début janvier en proposant de « déverrouiller les 35 heures ».
Viendra ensuite le temps des primaires
La journée de dimanche visait aussi à mobiliser les secrétaires de section pour l'organisation de ce scrutin imité de l'étranger.
Rue de Solférino, on se croirait en Côte-d'Ivoire...
C'est mercredi que Martine Aubry dévoilera les noms des trois membres de la « haute autorité » chargée de veiller à son bon déroulement et qui sera responsable devant le conseil politique du PS, groupe restreint qui réunit les principales personnalités du parti. «Tout le monde vient», a précisé Aubry en aparté. Sa Cynique Majesté Royal ne peut donc plus se défiler: elle devra affronter tous ceux et celles qu'elle méprise souverainement ou déteste cordialement, telle le premier secrétaire qui sera l'hôtesse et non plus sur le terrain adverse, en Poitou-Charentes.
Sur le sujet de l'absence de propositions du PS, Martine Aubry s'est dressée sur ses ergots dardant un bec acéré aussi bien sur son aile droite vers Jean-François Copé, qualifiant ses doutes de dimanche « ou de malveillance ou d'inattention », que sur son aile gauche vers la chimérique coquecigrue Royal du marais poitevin qui, la semaine dernière sur France 2, avait pareillement déploré que le PS n'ait « pas de projet »…