Islam et mariage
Le Coran comprend de nombreux versets exhortant au mariage
En se mariant, le musulman "a complété la moitié de sa religion", proclame une citation attribuée au prophète.
Pour satisfaire à cette exhortation, nombre de musulmanes en France sont prêtes à des concessions comme l'acceptation du statut de "co-épouse" ou concubines, grâce à un mariage religieux, célébré discrètement par un imam, en présence d'un tuteur de la femme et de deux témoins.
"Nous savons que la pratique existe dans la communauté", reconnaît-on à la Grande mosquée de Paris pour laquelle il est cependant "difficile d'en évaluer l'ampleur".
C'est le désir de se libérer de sa famille qui a conduit Meriem à sacrifier à cette pratique. "A plus de 30 ans, je vivais encore chez mes parents qui sont conservateurs. Il était hors de question de sortir sans leur permission", se justifie-t-elle.
Grâce à une amie, elle a fait la connaissance d'un commerçant marié disposé à lui payer un logement. "Comme croyante, je suis dans les règles et, comme femme, je peux avoir une vie intime sans craindre d'offenser mes parents", explique-t-elle.
Certaines filles de milieux socialement défavorisés et résidant en banlieue succombent à cette pratique, selon un avocat parisien qui a requis l'anonymat. "Elles veulent s'extirper du domicile familial sans se révolter contre leurs parents conservateurs", explique-t-il.
Une musulmane pratiquante ne pouvant se marier avec un non-musulman, Zohra a accepté d'épouser un sans-papiers, déjà marié en Algérie. Dans son cas, c'est le désir de maternité qui a été déterminant.
La réalité de la polygamie
Dans la réalité, nombre de pratiquants s'affranchissent de ces conditions et bien des unions virent au cauchemar. Quand l'homme décide de rompre, il a simplement à prononcer trois fois la formule : "Tu es divorcée". L'épouse ainsi répudiée a juste le droit de garder la dot versée lors du mariage.
Le réveil est encore plus brutal pour des femmes arrivées en France après avoir été mariées sous le même régime dans le pays d'origine.
"Elles arrivent avec un visa touristique et la promesse d'un regroupement familial, ignorant que le mari a déjà un foyer. Au bout de quelques temps, elles sont jetées dans la rue sans papiers et sans ressources", témoigne Ghania K. militante d'une association en Seine-Saint-Denis.
Fadela Amara interpelle les imams
Evoquant mardi 27 avril le conjoint de la femme voilée verbalisée pour niqab au volant (lien PaSiDupes), la secrétaire d'Etat à la Ville, Fadela Amara, a pressé les imams de faire en sorte que cette situation "ne se reproduise pas, parce que ce n'est pas une situation acceptable dans notre pays".
Avant de célébrer un mariage religieux, l'imam - comme le prêtre, le pasteur et le rabbin - est tenu d'exiger un certificat de mariage civil, sous peine de se mettre hors la loi avec le risque d'une peine de deux ans de prison, selon le service religieux de la mosquée de Paris.
Mais des imams autoproclamés n'hésitent pas à ignorer cette disposition d'autant que la transgression est difficile à prouver, puisque le mariage n'est pas "sacralisé" dans une mosquée, mais dans n'importe quel endroit. Et dans des conditions sommaires : une dot symbolique et un repas.
VOIR et ENTENDRE Fadela Amara, la secrétaire d'Etat à la Ville, interpelait les imams, à l'émission de France On n'est pas couché du 2 mai 2010: