Laurent Gbagbo reste lié aux socialistes français
Les liens historiques du PS avec le président sortant.
Laurent Gbagbo a reçu Roland Dumas, ancien président démissionnaire du Conseil constitutionnel et ancien ministre des Affaires Etrangères du président socialiste François Mitterrand, jeudi 30 décembre, à Abidjan. Celui-ci était arrivé le jour même de Paris en compagnie d’un autre avocat octogénaire français, Jacques Vergès.
Depuis l’élection présidentielle du 28 novembre, perdue par le président sortant ivoirien, des juristes africains et français se succèdent au palais et sur la chaîne de télévision publique, pour tenter de convaincre que Laurent Gbagbo a gagné. Abandonné par les états démocratiques, le président sortant dénonce régulièrement un « complot » dont il serait victime de la part de la France et des Etats-Unis du démocrate métis Obama, encourageant les manifestations et déclarations anti-françaises, malgré l'intérêt que lui portent encore ses conseillers blancs, outre Roland Dumas (PS), Jean-François Probst (majorité) ou Marcel Ceccaldi, l'avocat de Jean-Marie Le Pen.
Roland Dumas insinue
Il instillait le doute jeudi. « J'ai quelques indications que tout le monde n’est pas d’accord dans la communauté internationale. Elle se résume à quelques personnalités qui se mêlent de tout et dont on va examiner le cas. »
L’ancien chef de la diplomatie française des années Mitterrand n’est pas le premier socialiste à faire le voyage d’Abidjan. Juste avant les élections, le député socialiste Jack Lang s’y était rendu lui aussi. Un reportage télévisé sur sa tournée des boîtes de nuit en compagnie de Laurent, son « ami président » en 2008 est un succès sur Internet.
Mais, jeudi, l’ancien ministre de la culture a exhorté Laurent Gbagbo à « partir » et à « sortir par le haut », vantant ses « grandes qualités de cœur, d’engagement social, d’attachement à son pays ». (cf. PaSiDupes) Il n'a pas hésité d'ailleurs à pousser le bouchon un peu loin. « Il a été quand même l’homme qui a restauré la paix en Côte d’Ivoire et construit avec les autres leaders la démocratie », a-t-il prétendu.
Mardi, le député socialiste Pierre Moscovici avait regretté que Roland Dumas « prête son talent à ça ». « Je le regrette profondément, comme je regrette qu’il se soit trouvé encore il y a peu de temps des socialistes pour soutenir Laurent Gbagbo », a-t-il dit, se référant notamment au député Henri Emmanuelli.
Les intérêts croisés Laurent Gbagbo-France
Après dix années à se maintenir au pouvoir sur la base d'une seule élection présidentielle (2000), après le scrutin présidentiel tant attendu du 28 novembre 2010, le battu dénonça, « une campagne de suspicion et de dénigrement à sens unique dirigée contre les autorités ivoiriennes, menée par la majorité des media français. Ils sont les champions des donneurs de leçons ». Il est vraiment des nôtres, reconnaissaient les socialistes hexagonaux !
Le communiqué, signé également par le député François Loncle, avait été lu au journal de 20 heures de la télévision ivoirienne, alors que les frontières ivoiriennes étaient fermées, les media étrangers coupés et que certains journalistes français faisaient l’objet de menaces précises.
Opposant au président Houphouët-Boigny, il reçut de Mitterrand le statut de réfugié politique en France en 1982. Il crée, dans la clandestinité, le Front populaire ivoirien (FPI), membre de l’Internationale socialiste. De cette époque naît son amitié avec Guy Labertit, ancien 'Mr Afrique' du PS, présent à « l’investiture » de Laurent Gbagbo début décembre.
Le PS assure ne pas être le seul soutien à Gbagbo
Les soutiens français de Laurent Gbagbo ne viennent pas exclusivement de la gauche. Ces derniers jours, l’avocat Marcel Ceccaldi, ancien conseil de Jean-Marie Le Pen, expliquait à la télévision ivoirienne comment, juridiquement, Laurent Gbagbo était bien le gagnant.
Le député UMP Didier Julia, ancien soutien de Saddam Hussein, estime : « Ce n’est pas gaulliste pour la France de s’identifier à la position américaine – qui est anti Gbagbo – parce qu’ils n’ont jamais pu conquérir les marchés de Côte d’Ivoire. »
Un militant ivoirien anonyme d'Abidjan -ou de nulle part- témoigne de l'heure de gloire française sous Gbagbo : « Orange, Bouygues, Bolloré et récemment Total ont remporté des contrats fructueux sous sa présidence. Ces sociétés auraient, sans doute, étaient trés contentes de la victoire de Laurent Gbagbo. Mais, cela n’a pas été le cas. »
Gbagbo a choisi l’agence de communication Euro RSCG
Cette filiale du groupe Bolloré a assuré sa campagne présidentielle. Interrogé sur les raisons de ce soutien, l’un des fondateurs de l’agence, Jacques Séguéla a expliqué : « ¨Parce que Vincent Bolloré a des intérêts en Afrique et que de longue date, il a toujours conseillé Gbagbo. »
Laurent Bagbo a nécessairement validé l'affiche de l'agence, siglée « pour la paix, je choisis Gbagbo », où l’on pouvait voir, dans les rues d’Abidjan, « une victime de guerre » avec un moignon de bras gauche dans un bandage qui témoignait : « entre sauver mon bébé ou mon bras, j’ai choisi mon bébé ».
Mais Euro RSCG est mal apprécié aujourd'hui. Jacques Séguéla précise que « dès que les premiers incidents avaient commencé, tout le monde s’était retiré. Toute collaboration s’est instantanément stoppée. »