Nicolas Sarkozy ne se "donnera pas le ridicule" de répliquer à François Fillon
Nicolas Sarkozy entend ne pas tomber dans la bassesse ni se tromper de camp.
Se plaçant dans la perspective du second tour et non pas d'un baroud d'honneur
lors d'une primaire sans lendemain, l’ancien chef de l’Etat a affirmé ce lundi qu’il "ne se donnera pas le ridicule" de répliquer à François Fillon. François Fillon, "a été un bon Premier ministre,"observe-t-il.
"Je ne me donnerai pas le ridicule d’attaquer celui avec qui j’ai travaillé pendant cinq ans", a rappelé sur RTL l'ancien président candidat de la reconquête du pouvoir, après l'agression verbale à laquelle François Fillon s'est livré la veille, lors de sa rentrée politique à Sablé-sur-Sarthe.
Son ancien premier ministre et challenger de la primaire de la droite et du centre, est l'auteur dimanche d’une série de coups bas assassins sur la probité en politique.
François Fillon a d'abord fait la leçon au vainqueur de la présidentielle de 2007, estimant qu' "il ne sert à rien de parler d’autorité quand on n’est pas soi-même irréprochable". L'ex-maire de Sablé-sur-Sarthe juge-t-il Sarkozy coupable, sans qu'aune décision de tribunal ne l'ait jamais condamné, en dépit des nombreuses suspicions dont l'accablent ses adversaires ? Il a bénéficié d'un non-lieu, c'est-à-dire que les soupçons n'ont encore jamais été étayés: les éléments rassemblés par l'enquête ne corroborent pas les soupçons et ne justifient pas la poursuite d'une action pénale. C'est le cas dans l'affaire Woerth-Bettencourt qui ne lui a pas inutilement nui, puisqu'elle lui colle toujours à la peau...
Plus de dix ans que Nicolas Sarkozy traîne des affaires dans lesquelles il n'est pas poursuivi...
Ainsi, l'affaire Kadhafi déclenchée par le fils du dictateur déchu.
Trois jours avant le déclenchement de l'intervention militaire française en Libye, en mars 2011, et le renversement de son père du pouvoir, Saïf al-Islam Kadhafi accuse - sans fournir de preuves - Nicolas Sarkozy du financement de sa campagne présidentielle par le régime libyen. Des accusations relayées - pendant la campagne présidentielle de 2012, par le site trotskiste Mediapart. Nicolas Sarkozy dépose plainte contre Mediapart pour "faux et usage de faux", "recel de faux" et "publication de fausses nouvelles", puis Mediapart dépose plainte à son tour contre Nicolas Sarkozy pour "dénonciation calomnieuse", mais en mai 2016, les magistrats rendent une ordonnance de non-lieu au bénéfice de Mediapart: la presse bénéficie de la protection de ses sources; elle est intouchable et peut donc porter des accusations calomnieuses. Impunément, y compris en période électorale, même présidentielle.
L'affaire des frégates de Taïwan ou d'Arabie saoudite et des sous-marins du Pakistan dure depuis janvier 2006.
Celle des sondages de l'Élysée depuis octobre 2012 et le dossier de l'arbitrage de Bercy en 2008 dans l'affaire Tapie n'est toujours pas refermé, malgré la saisine d'un tribunal arbitral arbitrage, mode alternatif de résolution des conflits, soit parfaitement légale. Au plan mondial, la Cour permanente d'arbitrage (anciennement appelée Tribunal de La Haye) est une organisation arbitrale internationale. Depuis également huit années, l'enquête sur sur la régularité des marchés conclus entre l'Élysée et neuf instituts de sondage, dite affaire des sondages, n'a toujours pas abouti... Ces difficultés de la justice à justifier les soupçons n'interpellent pas Fillon. contraire, il les relaie et les
instrumentalise.
Les affaires non jugées, poires pour la soif des juges militants
L'affaire Azibert est issue d'écoutes judiciaires effectuée sur... les téléphones mobiles personnels et les communications privées du président de la République en exercice, dans le cadre de l'affaire Sarkozy-Kadhafi, alors que l'"état d'urgence" ne les justifie évidemment pas. Elles font l'objet d'une diffusion dans la presse révélant des conversations entre Nicolas Sarkozy et son avocat Thierry Herzog; les intérêts de la défense ne sont nullement protégés...
Dans le cadre de cette affaire, Gilbert Azibert, ancien avocat général près la Cour de cassation, est... suspecté d'avoir renseigné Nicolas Sarkozy des avancées de la procédure judiciaire concernant l'affaire Woerth-Bettencourt - dans laquelle un non-lieu sera prononcé - en échange d'un possible appui à sa candidature à un poste convoité à Monaco. Qu'il n'ait jamais obtenu ce poste ne lève pas les soupçons...
Thierry Herzog dénonce ces écoutes judiciaires illégales et reçoit le soutien de 3 000 pénalistes pour lesquels l'écoute judiciaire d'un avocat, même sur une ligne détenue sous une fausse identité, constitue une grave atteinte au secret professionnel. Nicolas Sarkozy réclame aussi que "le droit au respect de la vie privée [ne soit pas] bafoué par des écoutes téléphoniques" et met en doute l'impartialité d'une partie de la justice, relevant notamment le fait que l'une des juges soit membre du Syndicat de la magistrature, classé à gauche de l'échiquier politique: nombre d'entre eux sont même communément qualifiés de "juges rouges". Dans une tribune libre, il compare ces écoutes à celle de la Stasi.
En juillet 2014, Nicolas Sarkozy est mis en examen.
Affaire Bygmalion
En juin 2014, alors que Christiane Taubira est toujours ministre de la Justice, le Parquet requiert "l'ouverture d'une information judiciaire contre X." "Les faits présumés de faux et usage de faux concernent les factures émises" pour la campagne de Nicolas Sarkozy à l'élection présidentielle de 2012 par une filiale événementielle de Bygmalion. L' "abus de confiance" concernerait, lui, des soupçons de détournement de fonds au préjudice de l'UMP. Quant à la tentative d'escroquerie, elle se réfère au fait que ses dépenses de campagne auraient été volontairement minorées, afin de présenter des comptes susceptibles d'être validés par la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, puis par le Conseil constitutionnel". "Ces comptes n'avaient finalement pas été validés, pour d'autres raisons, ce qui explique le chef de tentative d'escroquerie et non d'escroquerie"... Des investigations complémentaires tentent de démontrer que Nicolas Sarkozy aurait eu connaissance de ces artifices comptables.
Or, le patron de Bygmalion, Bastien Millot, proche de Jean-François Copé et de Jean-Marc Morandini sur Europe 1, dans Le Grand direct des médias, est passé au service d'Anne Hidalgo, maire PS de Paris, dont il a soutenu la candidature en 2014.
Un sondage IPSOS commandé par Le Point confirmait la préférence de l'hebdomadaire pour Juppé.
Réalisé avant l'été et la déclaration de candidature de Nicolas Sarkozy, il plaçait son candidat en tête avec 48% bonnes opinions, perdant un point par rapport au mois de juin.
Dans le détail, à 10%, Fillon n'était déjà pas très apprécié:
Fallait-il qui joue son va-tout et frappe un grand coup, au risque de se disqualifier ?
Nicolas Sarkozy reste d'ailleurs le premier sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, où il atteint les 970.000 abonnés, il se distingue nettement. Fillon n'en compte que 143.000, soit dix fois moins. Sur Twitter, mentionné 650.464 fois entre la fin juillet et la fin août, Nicolas Sarkozy devance très largement ses concurrents, Bruno Le Maire arrivant deuxième avec seulement 96.959 mentions.
Que s'est-il passé le 27 août pour que Fillon disjoncte gravement le 28 ?
Les candidats Sarkozy et Juppé sont à égalité - et Fillon troisième et éliminé - dans les intentions de vote pour le premier tour de la primaire, selon une étude TNS Sofres.
Nicolas Sarkozy est-il en passe de remporter son pari? Le candidat misait sur son entrée en campagne lors de laquelle il ferait feu de tout bois pour rattraper son retard face au favori Alain Juppé. Au terme de cette semaine chargée, avec notamment la parution de son livre de propositions - Tout pour la France - et son meeting de Chateaurenard dans les Bouches-du-Rhône, avec l'appui de des hommes forts de la région, Christian Estrosi et Jean-Claude Gaudin, l'ancien chef de l'État recueille en tout cas les fruits de sa volonté de reconquête selon les résultats du Baromètre de la primaire réalisé par TNS Sofres-Onepoint pour RTL, LCI et Le Figaro.
Dans cette étude produite après l'officialisation de son entrée en campagne pour la primaire, lundi dernier, mais avant la rentrée politique de ses principaux concurrents ce week-end, Nicolas Sarkozy progresse nettement dans les intentions de vote (quatre points gagnés depuis juin et six, selon tel autre) et fait maintenant jeu égal au premier tour avec Alain Juppé (34% chacun). Sur la même période, le maire de Bordeaux a vu les intentions de vote en sa faveur reculer de trois points dans l'hypothèse retenue par TNS Sofres: une primaire qui mobiliserait environ 2,9 millions d'électeurs.
Cette progression est particulièrement notable chez les moins de 35 ans, mais aussi parmi les catégories d'actifs, tandis qu'Alain Juppé conserve son avance chez les 35-49 ans et les retraités. L'ancien patron de LR bénéficie également d'une évolution du corps des votants. "Entre notre étude de juin et celle-ci, nous avons mesuré une progression des intentions de participation qui représente presque un demi-million d'électeurs supplémentaires, souligne Emmanuel Rivière, directeur du département Stratégies d'opinion à TNS Sofres. Nous avons également constaté une plus forte participation d'électeurs proches du Front national, tandis que ceux se réclamant du centre ont été moins nombreux."
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"Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen", a ensuite lancé dimanche celui que Sarkozy avait nommé à Matignon.
La méchanceté pure de Fillon est accablante pour le candidat
Une mise en examen par un juge d'instruction ne préjuge en rien de la culpabilité de la personne contre laquelle il existe "des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à une infraction (article 80-1 du code de procédure pénale).
La présomption d'innocence est le principe selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement prouvée. Elle protège l'honneur et la réputation du mis en examen et s'impose à tous, donc à François Fillon.
Qu’en est-il en fait de la responsabilité pénale, civile et administrative du président de la République ?
Pendant la durée de son mandat, et mise à part l’hypothèse du "manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l’exercice de son mandat", dont la définition n’a pas été précisée, le président de la République est irresponsable politiquement et pénalement.
Le président "n’est pas responsable des actes accomplis en cette qualité" (art. 67). Cette irresponsabilité est absolue et permanente : elle est valable à la fois dans les domaines politique, pénal, civil et administratif, et aucune action ne peut être engagée contre le chef de l’État pour des actes accomplis en qualité de président, même après la fin de son mandat.
Pour les actes du chef de l’État qui ne relèvent pas de l’exercice des fonctions présidentielles, le président ne peut pas faire l’objet d’une procédure judiciaire ou administrative pendant la durée de son mandat. Il bénéficie d’une "inviolabilité", dont les parlementaires étaient jusqu’alors les seuls à disposer (art. 26).
Cette inviolabilité est complète, mais temporaire, puisqu’elle prend fin un mois après le terme du mandat présidentiel. Les droits des personnes tiers sont cependant préservés par la suspension de tout délai de prescription et de forclusion.
La situation du chef de l'Etat a été ainsi clarifiée par la révision constitutionnelle du 23 février 2007 portant sur le statut du président de la République et ses responsabilités pénale, civile et administrative. Fillon était alors sénateur.
"Ridicule de se déchirer sous les yeux ébahis des Français".
"Il y a beaucoup de gens qui sont contre les primaires parce qu’ils ont peur que la droite revienne à ses démons de la division", a déclaré Nicolas Sarkozy. L’ancien président de la République trouverait d'ailleurs "parfaitement ridicule de se déchirer sous les yeux ébahis des Français qui souffrent et sont inquiets".
"Je n’attaquerai pas mon ancien Premier ministre, je n’attaquerai pas mes ministres", a-t-il insisté.
"Dans deux mois et demi, il faudra bien qu’on se rassemble", a fait valoir Nicolas Sarkozy, en lice dans cette compétition "pour proposer à la France l’alternance qu’ils attendent".
A quoi attribuer la brutalité de François Fillon, que Jean-Jacques Bourdin qualifiait ce matin de "candidat de la raison" ?... "Une liaison entre les chiffres (…) et la nervosité ambiante", analyse l’ancien président, alors que son ancien premier ministre ne décolle toujours pas dans les sondages.
Troisième, voire quatrième, dans les sondages, l'ex-premier ministre se comporte comme s'il avait fait le deuil de ses ambitions personnelles.