La nationalisation de Florange serait le signal pour d'autres
L'éventualité d'une nationalisation du site sidérurgique de Florange donne des idées aux syndicats des chantiers navals de Saint-Nazaire.
L’idée d'un retour à la nationalisation d'industrie semble faire son chemin dans la politique française. Alors que le scénario est évoqué pour les hauts fournaux de Florange, les chantiers navals STX à Saint-Nazaire en Loire-Atlantique font, eux aussi, entendre leur voix. Une reprise par l’Etat garantirait l’avenir du site en difficulté.
"L'Etat doit s'impliquer totalement pour garantir l'avenir du site de Saint-Nazaire, y compris en devenant actionnaire majoritaire", ont déclaré conjointement les syndicats CFTC, FO et Solidaires, dans un communiqué publié jeudi 29 novembre.
VOIR et ENTENDRE ce reportage de BFMTV:
Pas de commandes à l'horizon
s'était proclamé "le candidat du redressement industriel et productif",
lors d'un déplacement à l'entreprise coréenne de construction navale STX de Saint-Nazaire,
en décembre 2011.
lors d'un déplacement à l'entreprise coréenne de construction navale STX de Saint-Nazaire,
en décembre 2011.
La situation financière des Chantiers de l’Atlantique est en effet préoccupante. Environ un millier de personnes, soit 40% des effectifs, sont actuellement en chômage partiel. Depuis l’annulation d’une commande en avril, le carnet est vide.
Les syndicats accusent l’actionnaire majoritaire, le groupe sud-coréen STX, d’inaction. "Depuis quatre ans qu’il est actionnaire majoritaire, il n’a absolument rien fait pour aider le chantier à obtenir des commandes et à sortir de l’ornière dans laquelle il est", critique Jean-Marc Perez, secrétaire adjoint FO.
Nationalisation ou changement d'actionnaire ?
de Mittal Steel Company sur Arcelor
pour 18,6 milliards d'euros.
Une rencontre avec Arnaud Montebourg pour discuter de l’avenir du chantier avait déjà eu lieu mi-octobre. Mais à l’époque, une intervention de l’Etat n’était pas d’actualité, et le ministre du Redressement Productif avait déçu les syndicats.
La menace de Montebourg pose un problème à l'Union Européenne
Nationaliser les chantiers, ils l'avaient encore demandé à Arnaud Montebourg en septembre dernier mais le ministre du Redressement productif avait admis que c'était impossible en raison des règles européennes. Alors, en l'entendant évoquer cette possibilité à propos de l'aciérie de Florange, la secrétaire de section, Nathalie Durand-Prinborgne, s'est dit que les situations étaient comparables :
" Pourquoi cette nationalisation, encore plus aujourd'hui ? Parce que nous avons, de la même façon que Florange, un propriétaire qui a fait des promesses qu'il n'a pas tenues. Nous avons un actionnaire majoritaire qui ne joue pas son rôle et qui n'a aucune politique industrielle digne de ce nom, qui ne fait pas d'investissement... L'entreprise est dans une situation extrêmement catastrophique, un carnet de commandes qui est vide et près de 50% des salariés qui connaissent le chômage partiel ou total ainsi qu'une sous-traitance qui souffre énormément de cette situation ".
Si l’exemple de Florange change désormais la donne, tous ne sont pas favorables à la nationalisation à Saint-Nazaire. La CGT demande plutôt une reprise par une autre entreprise, qui deviendrait actionnaire principale à la place de STX.
La filiale française STX France emploie directement ou en sous-traitance près de 4 000 personnes aux chantiers navals de Saint-Nazaire.
Alors qu'on lui faisait remarquer qu'il marchait sur les pas de Nicolas Sarkozy qui s'était lui aussi déplacé sur les chantiers navals STX en janvier 2011, il avait polémiqué: "mieux vaut ne pas suivre le chemin des promesses de Sarkozy, ce serait rapidement arriver à une impasse."
"Je me méfie des formules faciles, des incantations, il y en a toujours dans les campagnes électorales. Je veux une stratégie dans la durée. Il n'est pas possible de dire à des travailleurs - qui sont là, qui parfois s'inquiètent - qu'il y aura, par quelques facilités verbales, un changement d'avenir. Il se construit ce changement", a-t-il souligné.