Les chômeurs, sujets de trompe-l'oeil, d'intox et de "bidouille"
La presse gouvernementale n'en fait-elle pas un peu trop?
Ca y est, "La hausse du chômage est enrayée", clame Les Echos, qui estime qu'une hirondelle fait le printemps en autômne et que le chômage baisse, raillant de surcroît SFR qui, cette fois, "n’y est a priori pour rien du tout", en allusion à la précédente fausse bonne nouvelle de septembre liée à son bug informatique.
"Après un ralentissement progressif depuis plusieurs mois, le chômage a reculé en octobre : -20.500 demandeurs d’emploi inscrits à Pôle Emploi, soit -0,6%," selon Libération.
Souvent Hollande varie et entretient le doute
Le capitaine de pédalo a louvoyé toute la jounée de jeudi, créant le doute sur son propre objectif d'inversion de la courbe du chômage. Hier matin, lors d'une visite à Aubervilliers (sans crier gare, de peur d'être accueilli par des sifflés d'opposants), le président François Hollande a déclenché la confusion en affirmant que la "bataille" prendra "tout le temps qu'il faudra". Changement de stratégie dans l'après-midi: il maintient qu'il est "persuadé" que cet objectif sera atteint "d'ici fin décembre" annonçant une intensification de la bataille pour l'emploi dans les mois qui viennent. "De la bataille pour l'inversion de la courbe du chômage, il faut passer à la bataille pour une baisse continue du nombre de chômeurs et l'intensifier", a déclaré le président de la République, misant sur une relance des contrats de génération.
Le soir, les chiffres tombent. Le nombre de demandeurs d’emploi sans activité a baissé de 20.500 en métropole en octobre et s’élève désormais à 3,27 millions. Cependant si l’on inclut les demandeurs exerçant une activité réduite, la tendance reste fortement négative, avec 39.600 inscrits supplémentaires (4,88 millions au total).
La diminution des demandeurs d’emploi sans aucune activité en octobre s’accompagne d’une augmentation de ceux ayant travaillé à temps partiel. Une partie des chômeurs "à plein-temps" serait passée à temps partiel et sont 60 .000 inscrits supplémentaires)… L'aggravation de la précarité des Français n'est pas un ressenti, mais un fait.
François Hollande estime néanmoins que "c'est une bonne nouvelle", mais ne pavoise pas: "il en faudra d'autres pour que nous soyons sûrs de la victoire". "Je pense aux 3,2 millions de personnes qui sont demandeuses d'emploi, ma responsabilité c'est de faire que nous soyons dans une perspective de baisse durable du chômage", a-t-il ajouté.
Le quotidien socialiste Libération titre : "François Hollande fait trembler le chômage." On comprend donc que la crédiblité du journal soit mise en doute et que ses ventes chutent...
J.-L. Mélenchon, V. Pécresse, M. Le Pen et N. Dupont-Aignan réagissent vendredi à l'intox gouvernementale sur les chiffres du chômage publiés la veille.
S'ils se montrent sceptiques, ce n'est pas le cas de Michel Sapin. Le ministre du Travail a défendu "la traduction de la capacité à agir contre le chômage" et attaqué les observateurs qui refusent de s'extasier sur des chiffres valables pour un mois et qui ne constituent donc pas une tendance.
VOIR et ENTENDRE TF1 laisser le mot de la fin à Michel Sapin, c'est-à-dire participer à l'intox psychologique des Français:
Chômeurs radiés
Les vrais chiffres du chômage en octobre 2013, 55.900 chômeurs en plus, malgré 285.900 radiés, ne permettent pas de boire et digérer le petit lait de Sapin.
Explosion des radiations administratives (les punis) : + 25.8% en 1 mois, + 34,5% en 1 an.
Des petits kapos se sont bien lâchés, c'est pas bien grave si quelques suicides de plus au passage, ou si un jour un agent se fera probablement buter, Libération et Le Monde diront que la personne était dérangée psychologiquement ces derniers temps.
111.020 offres d'emplois -majoritairement précaires- pour environ 9.500.000 chômeurs et travailleurs précaires et intermittents, y compris les invisibles.
Toujours 1 inscrit sur 2 qui ne perçoit aucune indémnité de Pole emploi.
Seuls 2 chômeurs sur 10, sortent des listes pour "reprise d'emploi déclarée."
Radiations des listes A,B,C,(D,E) de Pôle Emploi par motifs, Octobre 2013 :
- Défauts d'actualisation : 185 500, 41,4 % des sorties des listes.
- Radiations Administratives (les punis) : 52 600, 11,7 % des sorties.
- Autres Cas ( les morts, suicidés, emprisonnés .. ) : 47 800 et 10,7 % des sorties.
soit 285 900 radiés des listes (63,8 %) pour autres motifs que :
- Stages parking : 37 300, 8,3 % des sorties.
- Arrêts maladie, maternité etc : 32 200, 7,2 % des sorties.
- Reprises d'emploi déclarées : 92 500, ne représentent que 20,7 % des sorties des listes de pôle emploi.
Demandeurs d'emploi par catégories :
A : 3 275 200 -0,6 % ( + 6 % sur 1 an )
B : 651 200 +3,7 % ( + 8,7 % sur 1 an ) travailleurs pauvres moins de 78 heures
C : 946 600 +4 % ( + 8,5 % sur 1 an ) travailleurs pauvres de + de 78 heures
D : 279 200 +3,1 % ( + 7,9 % sur 1 an ) stages parking, occupationnels etc
E : 366 700 +2,2% ( + 2,8 % sur 1 an ) contrats aidés etc
Total : 5 528 900 ( données corrigées ), hors DOM TOM, soit + 6,6 % sur 1 an, soit 55 900 chômeurs de + par rapport à Septembre.
Total, Dom-Tom compris : 5.946.600 (page 15 du rapport de la DARES: doc photo ci-dessous)
Quelques chiffres révélateurs :
Chômage Longue durée (entre 2 et 3 ans) : + 16,5 % sur 1 anChômage Très Longue Durée + de 3 ans : + 17,6 % sur 1 an Chômage des 50 ans et +, + 11,4 % sur 1 an
+ d'1 chomeur inscrit à Pôle emploi sur 2 (51,5 %) ne perçoit AUCUNE INDEMNITE, ni ARE (allocation retour à l'emploi), ni allocation de solidarité (ASS, AER ...)
Offres d'emploi dispo, dernier chiffre connu : 111.020
Le plus scandaleux, LES INVISIBLES, complètement en dehors des statistiques
Ne sont pas comptés dans ces 5.946.600 demandeurs d'emploi et travailleurs pauvres occasionnels :
1.362.800 foyers bénéficiaires du RSA, en effet sur 2.230.000 environ de foyers (dernier chiffre connu), seuls 867.200 sont inscrits à Pôle Emploi, les autres bénéficient d'autres suivis (associations, collectivités locales, etc.) en sachant qu'un foyer bénéficiaire, comporte parfois plus d'un demandeur d'emploi en son sein, donc si on parle en nombre d'individus c'est pire.
+ 1 000 000 au bas mot, sur les environs 2 millions de bénéficiaires de l'AAH ou d'une pension d'invalidité, ne sont pas inscrits à Pôle emploi, malgré une aptitude et un désir d' accès à emploi adapté.
+ d'1 million de SANS-DROITS, principalement :
- des jeunes de moins de 25 ans, primo demandeurs d'emploi, qui comme vous le savez n'ont même pas droit au RSA. (quasi unique en Europe)
- des sans droits, pour motif, dépassement des plafonds de ressources dans le foyer, exemple, votre conjoint(e) perçoit 650€ d'allocation chômage, ou 790€ d'allocation adulte handicapé, vous n'aurez même pas droit au RSA, car vous dépasserez le plafond couple qui est de 621€ par mois, si vous ètes NON SDF.
- on peut parler également de retraités qui cherchent un emploi car leur retraite ne couvre pas les charges fixes pour survivre (loyer, énergie, assurances, voiture, téléphone, eau, nourriture, santé (lunettes, dentiste ..) incalculables,
- des bénéficiaires de pensions de reversions (veufs, veuves) de 55 ans et plus, qui dépassent les plafonds du RSA, et qui n'ont pas encore l'age pour prendre la retraite ou encore percevoir le minimum vieillesse "ASPA" (67 ans) ASPA récupérable sur le patrimoine, au décès.
- des bénéficiaires de pensions alimentaires qui dépassent les plafonds du RSA (plafonds 2 fois inférieurs aux seuils de pauvreté, une véritable honte)
- on peut également évoquer, des étudiants, boursiers ou non, qui cherchent des petits jobs alimentaires, qui sont donc bien demandeurs d'emploi, en concurrence avec les autres (même si beaucoup sont aussi exploités en stages sous payés, voir gratuits)
- on peut évoquer enfin, des auto-entrepreneurs, qui ne gagnent rien ou presque, et sont demandeurs d'emploi en parallèle.
Faites le calcul vous même, on arrive au total, à + de 9 MILLIONS demandeurs d'emploi en France, et travailleurs pauvres occasionnels.
Emplois aidés
L'analyse des statistiques complètes donne une image moins brillante de la situation. Outre qu'octobre a donc été marqué par une hausse des radiations administratives (11.000 de plus sur un mois), c'est surtout le nombre de personnes en contrats aidés, en stage ou en formation qui est en hausse. Du coup, ce sont 16.000 personnes sur un mois qui ne sont plus comptabilisées en catégorie A. C'est notamment la conséquence du choix du gouvernement de recourir massivement aux emplois aidés et aux formations ( opération "30.000 formations prioritaires pour 30.000 emplois vacants") pour faire baisser les statistiques en catégorie A, via des transferts de chômeurs dans les autres catégories.
Autre dommage collatéral de ces "contrats aidés", sur le Budget de la nation, cette fois.Ils sont financés par la dette publique. Le recul du chômage des jeunes n'est pas une bonne affaire pour tout le monde, car il s'explique par la création d'emplois de formation sur trois mois de jeunes sans aucune formation. En juin 2012, Michel Sapin, à peine nommé ministre du Travail, avait décidé la création de 80.000 emplois aidés supplémentaires pour 2012 -exclusivement signés avec les organismes publics et des associations- venant s'ajouter aux 310.000 financés par le gouvernement Fillon. Le jeudi 18 octobre 2012 Sapin a annoncé que le financement de 40.000 des 80.000 nouveaux contrats aidés déjà signés coûteraient deux milliards d'euros au budget de l'Etat en 2012.
Ce sont les contribuables, soit seulement 50% des Français, qui les financent.