Hollande et Valls auraient été au courant de tout
"Moi, président..." se serait encore mis dans de mauvais draps
La liste des ministres limogés ou démissionnaires depuis le début du quinquennat de François Hollande s'est encore allongée vendredi avec la démission forcée du secrétaire d'État aux Anciens combattants Kader Arif, soupçonné de favoritisme dans l'attribution marchés publics, pendant la primaire socialiste de 2011 en travaillant pour le micro-parti du futur président, "Répondre à gauche", et lors de la présidentielle de 2012.
Avant lui, d'autres "présumés innocents", Cahuzac, le ministre du Budget, qui niait toute fraude fiscale "les yeux dans les yeux", Thévenoud, le "phobique administratif", et aussi Aquilino Morelle, le "bling-bling" de l'Elysée aux frais de la République, ont dû abandonner leurs fonctions. Le numéro 2 de l'Elysée, Jean-Pierre Jouyet, est au centre d'une méchante affaire de diffamation, mais le bras droit du président est en revanche maintenu.
VOIR et ENTENDRE Jérôme Guedj, qui dénonce la pression" mise sur Arif, parle de "vertu républicaine" et veut voir dans la démission du secrétaire d'Etat Arif une "décision honorable et respectable":
2 millions d'euros de prestations à des entreprises dirigées par des parent du membre des gouvernements de Hollande. La veille de sa démission, une source judiciaire avait révélé qu’une perquisition avait été menée, dans le cadre de cette enquête, le 6 novembre dans un service du ministère de la Défense.
"Je crois que le mieux c'est de faire que cela se passe avec transparence, mais en même temps avec beaucoup de sérénité" disait-il le 11 septembre, "je ne suis pas concerné moi par cette affaire", ajoutait-il, les yeux dans les yeux, devant la caméra de France 2.
Le démis assure avoir démissionné "par respect pour la fonction ministérielle". Une perquisition avait en effet été menée par la police judiciaire dans les locaux de la sous-direction des achats du ministère de la Défense dans le cadre d'une enquête préliminaire sur des marchés publics attribués à deux sociétés dirigées notamment par son frère puis par ses neveux.
"Cette entreprise spécialisée dans l'image et le son (...) aurait même dû gagner davantage pendant la campagne (...) Mais à un mois du premier tour, en mars 2012, l'équipe du candidat l'a remerciée en catastrophe après une trentaine de prestations marquées par une coupure d'électricité intempestive ou l'effondrement d'un pupitre", écrit le site d'information en ligne.
Le candidat Hollande pouvait-il tout ignorer de ce conflit d'intérêts ?
Hollande aurait agi vite pour limiter la casse médiatique
Le secrétaire d'État lui a avoué dans son bureau à l’Élysée, jeudi 20 novembre, qu'il était cité dans une enquête préliminaire sur des marchés passés par le Conseil régional des Midi-Pyrénées et une société dont les associés sont des membres de sa famille.
Il a été immédiatement décidé que Kader Arif devait démissionner. Selon l'entourage du Président, il fallait rapidement couper court au déferlement médiatique et éviter de mettre le gouvernement en mauvaise posture. François Hollande n'a pas voulu voir s'installer un nouveau feuilleton, alors que l'affaire Jouyet est encore omniprésente. François Hollande a été exceptionnellement expéditif à l'encontre de son ami K. Arif.
La journaliste de France 2 Maryse Burgot donne son analyse:
La journaliste participe-t-elle au désamorçage en détournant l'attention de ce qui a pu contraindre le président à agir vite: la peur de Hollande que la presse remonte jusqu'à lui ?
AWF Music avait été initialement chargée des petits meetings du candidat Hollande.
"Mais à un mois du premier tour, en mars 2012, l'équipe du candidat l'a remerciée en catastrophe, après une trentaine de prestations [...] d'une qualité jugée insuffisante", explique Mediapart. "Cette entreprise spécialisée dans l’image et le son (...) aurait même dû gagner davantage pendant la campagne (...) Mais à un mois du premier tour, en mars 2012, l’équipe du candidat l’a remerciée en catastrophe après une trentaine de prestations marquées par une coupure d’électricité intempestive ou l’effondrement d’un pupitre", écrit le site d’information en ligne.
L'insistance pour affirmer que c'est le Parti socialiste, et non François Hollande, qui aurait alors versé un "dédommagement" à la société du frère de Kader Arif. Régis Juanico, trésorier du PS à l'époque, a concédé avoir budgété 85.000 euros à cet effet, a mis la puce à l'oreille de la presse d'investigation.
Interrogé par Mediapart, un ancien responsable de campagne charge Kader Arif : "Il ne peut pas y avoir de favoritisme au sens pénal du terme puisqu'un candidat est absolument libre de choisir ses prestataires. Mais il n'est pas impossible que Kader ait un peu forcé le passage." Kader Arif se serait donc plaint auprès du président qu'on lui fait porter seul le chapeau et Hollande l'aurait congédié comme un malpropre pour se tenir plus blanc que blanc. Mais si les parents du secrétaire d'Etat ont profité de l'entremise de Kader Arif, la famille n'est pas seule en cause.
Mais Kader Arif serait inquiété par une autre affaire, à Paris
Les affaires de favoritisme qui inquiètent l'ex-secrétaire d'État de Hollande et Ayrault, puis Valls s'étendent jusqu'à Paris, croit savoir le "Journal du Dimanche". Il rapporte que l'explication "a été houleuse" entre Kader Arif et François Hollande, qui a du quitter prématurément la remise des prix de la Fondation Chirac. Le secrétaire d'État reprochait au président de la République de ne pas le couvrir comme il le fait pour Jouyet.
Une enquête en Midi-Pyrénées, une autre à Paris ?
Mediapart, le site trotskiste d'information, a épluché les factures de la société du frère de l'ex-secrétaire d'État aux Anciens Combattants, AWF Music, visée par une enquête préliminaire. "Les sociétés d'événementiel pilotées par le frère et les neveux du secrétaire d'État démissionnaire ne se sont pas contentées de contrats juteux avec le conseil régional du Midi-Pyrénées et le ministère de la Défense", expliquent les journalistes Mathieu Magnaudeix et Mathilde Mathieu.
Le Journal du Dimanche révèle que l'enquête ne porterait pas seulement sur des contrats attribués en Midi-Pyrénées à deux sociétés successives d'organisation de spectacles, dirigées notamment par le frère de Kader Arif puis par ses neveux, ont pu bénéficier de favoritisme pour remporter deux marchés publics pluriannuels d'un montant de plusieurs millions d'euros, mais aussi sur "un contrat de conseil de 53.000 euros signé entre l'une de ces sociétés, AWF, et son secrétariat d'État".
L'ex-secrétaire d'État aux Anciens Combattants a annoncé avoir démissionné de son poste "par respect pour la politique mémorielle que j'ai conduite et pour le monde combattant que j'ai servi avec fierté et conviction, je fais le choix, en responsabilité, de quitter le poste que j'ai eu l'honneur d'occuper pendant deux ans et demi".
L’entourage de François Hollande s’est borné à déclarer que "les comptes de campagne du candidat Hollande (ont) été examinés et validés. Il n’y a donc aucun commentaire à faire".
Hollande et Valls dans la nasse
Pourquoi avoir continué à travailler avec ces sociétés si celles-ci n’avaient pas donné satisfaction lors des primaires ? "Ils travaillaient pour pas cher, le rapport qualité-prix nous a intéressés", a raconté le trésorier de la campagne présidentielle de Hollande, Jean-Jacques Augier, à Mediapart.
AWF Music et AWF ont remporté les appels d'offres de la Région pour deux contrats de quatre ans, respectivement en 2009, puis 2014. Les deux sociétés, spécialisées dans la sonorisation et l'éclairage d'événements publics, ont d'ores et déjà empoché deux millions d'euros pour leurs prestations.
Le président socialiste de Midi-Pyrénées, Martin Malvy, avait démenti vigoureusement ces mises en cause par l'opposition de droite au Conseil régional.
Le Premier ministre avait pris l'affaire de haut
Entre autres vertueux, Manuel Valls avait fait la leçon aux indignés.
Le "scandale d'Etat" se dégonfle