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mardi 31 juillet 2018

Affaire Benalla-Macron : les motions de censure de droite et de gauche rejetées par la majorité présidentielle

Le peuple a-t-il voté Macron pour soutenir son gouvernement, une police parallèle et Benalla ?

Sans aucun suspense, la motion de censure de droite à été rejetée par la majorité macronienne. 

La volaille glousse sur le banc du gouvernement
au rejet des deux motions de censure
Déposée par le groupe Les Républicains au palais Bourbon, elle devait recueillir l'approbation de 289 députés, ce mardi 31 juillet, pour pouvoir renverser le gouvernement d'Edouard Philippe, une mission impossible. Christian Jacob et 90 membres de l'opposition  - 11 non inscrits, dont Marine Le Pen - étaient sans illusion, mais souhaitaient marquer leur indignation devant l'Histoire, face à un système policier autoritaire et dévoyé.  Avec 143 votes favorables, le texte a donc été rejeté, avec près de la moitié des suffrages requis.
Premier orateur à intervenir en début d'après-midi, porteur de la motion de droite, le président du groupe Les Républicains, Christian Jacob, a notamment jugé que l'affaire "Macron-Benalla", qui "touche l'Etat et son chef au cœur" et face à laquelle le gouvernement a "abdiqué", va laisser des "traces profondes".

"Motion de blocage" contre "le pire des anciens mondes"
Dans son explication de vote au nom de LR, le co-rapporteur de la commission d'enquête, Guillaume Larrivé, a fustigé les "errements d'un gouvernement nommé par un président qui n'agit pas en chef d'Etat mais en chef de clan", la "pratique dévoyée d'un pouvoir qui se croit au dessus de tout, des règles, du droit" et "reproduit le pire des anciens mondes".

17 Insoumis et 14 communistes avaient annoncé qu'ils voteraient la motion de la droite. 
Les socialistes ont fait le choix inverse "car nous ne voulons pas préparer une alternative ensemble", avait expliqué le patron du parti, Olivier Faure.


La motion des gauches connaît la même fatalité

Bien qu'ils se soient mis à trois groupes de gauche à l'Assemblée, la motion de censure présentée par la gauche n'a pas fait mieux. Malgré les plaidoyers de l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon, du communiste André Chassaigne ou encore de la socialiste Valérie Rabault, le texte s'est heurté à la très large majorité La République en Marche, soutien aveugle et indéfectible au président de la République : 312 députés LREM et centristes du MoDem (46).

La motion des gauches a quant à elle été votée par 74 députés, socialistes, communistes, Insoumis, plus 10 non inscrits, dont les élus RN ou encore la socialiste Delphine Batho, mais aussi deux LR, Eric Diard et Arnaud Viala, y ont apporté leurs suffrages. Le groupe LR avait décidé de ne pas la voter.

"Vos motions de censure ne sont rien d'autre que des motions de blocage", avait caricaturé plus tôt le Premier ministre Edouard Philippe, épinglant des "oppositions de rencontre" nourrissant à ses yeux "l'espoir" "de ralentir le rythme de la transformation du pays".

Les godillots de la majorité présidentielle se sont à nouveau distingués en se levant à tout propos et en applaudissant frénétiquement.
Les prochaines élections feront le tri.

Jamel Debbouze assure avoir refusé d'entrer au gouvernement

Manquait-il un "Pied Nickelé" au gouvernement Philippe ?

L'humoriste affirme avoir décliné un poste au gouvernement

Le "renouvellement de la vie publique" aurait viré ! 
Selon l'humoriste, l'Elysée l'aurait approché pour lui proposer de devenir secrétaire d'Etat. Le compatriote de Benalla et Najat Vallaud-Belkacem aurait refusé l'offre. La scène reste pour lui le lieu de son engagement citoyen.
Dans un long entretien avec le JDD, l'humoriste s'est livré à plusieurs confidences révélant même avoir été approché par le gouvernement pour occuper un poste de secrétaire d'État, qu'il aurait refusé

Jamel Debbouze à l'Elysée? 
Image associéeComme Benalla, le petit gars de Trappes n'a pas manqué l'ascenseur social. 
Il ne précise pas toutefois si l'offre émane d'un François Hollande ou d'un Emmanuel Macron. "Ce n'est évidemment pas mon métier," concède-t-il, refusant d'en dire davantage. "Si je vous en dis plus, on ne retiendra que ça", élude-t-il. 

Ce n'est pas la première fois que Jamel évoque son entrée au gouvernement.
Résultat de recherche d'images pour "debbouze Hollande"
En octobre dernier, sur les ondes de RMC, l'humoriste avait déjà fait état d'un rapprochement de l'Elysée, précisant avoir déjà repoussé l'offre. "Ce n'est évidemment pas mon métier; je m'y ennuierai à mourir. C'est là où je serai le moins efficace, le plus figé et le plus critiqué", a confié le showman et homme d'affaires. Son action politique, son rôle d'homme d'influence opère à travers son parcours d'artiste.

Résultat de recherche d'images pour "debbouze avec Royal"
Conscient de sa popularité, l'humoriste souhaite que son expérience serve d'exemple et ouvre la voie à ceux qui ne sont pas issus du sérail. "On fait le boulot des ministères de la Culture, de la Jeunesse et du Travail !", assure-t-il. L'artiste réputé proche des socialistes s'est affiché auprès de grandes figures du parti tels que Martine Aubry, Ségolène Royal, Manuel Valls ou encore François Hollande. Selon le JDD, le comédien a été vu "s'esclaffant avec Nicolas Sarkozy dans les tribunes du Parc des Princes". 
Ce Pinault-là brouille les pistes politiques : sa ligne idéologique est celle qui colle aux hommes de pouvoir. Ainsi, depuis mai 2017, il a confié à l'hebdomadaire  "adorer Macron" car il a "relancé quelque chose dans le pays". Ce "quelque chose"-là appellerait un décryptage...

Un homme d'affaires n'a pas de convictions politiques

Une scène que demande à
vivre Macron
L'âge de la maturité venu, le quadra dresse un premier bilan de carrière. L'argent appelant l'amour, lartiste devenu par "la force des choses un homme d'affaires" est aussi un père comblé. Le Trappiste, issu d'un milieu modeste, marié à la journaliste Mélissa Theuriau, a connu une ascension fulgurante. Il est à la tête du festival Le Marrakech du Rire où, chaque été, il invite une pléiade de comiques à se produire. Le clown rigolard blessé par les moqueries et les injures notamment à l'égard de son physique, utilise le rire comme revanche. Il y a une dizaine d'années en créant Le Jamel Comedy Club, le comédien a popularisé le stand-up, qui lui a permis de faire fortune en exploitant le talent des autres.


Le businessman a-t-il lancé ce boniment politique 
(on voudrait le prendre pour tel !) pour promouvoir son retour sur scène ? Il sera de retour sur scène en décembre prochain, avant d'entamer une tournée dans toute la France. Cela valait bien une blague réchauffée... 

dimanche 29 juillet 2018

Assemblée : de Rugy a-t-il acheté un vélo elliptique pour Benalla?

Et où le président de l'Assemblée trouve-t-il les crédits pour s'offrir un troisième chauffeur ?

Les petits caprices du président de l’Assemblée nationale interpellent. 

François de Rugy, qui s'ingénie par ailleurs à traquer les économies de fonctionnement du Palais Bourbon, s’est montré quelque peu laxiste pour ce qui le concerne. Il reste dans le cadre légal, mais manque un peu de cohérence : tout pour sa pomme, ça finit par faire jaser...

Dans les couloirs de l’Assemblée, les manières hautaines de François de Rugy irritent d'autant plus qu'il ne s'applique pas l'austérité qu'il entend imposer à tout autre. En cette période de disette budgétaire et d’injonctions à se serrer la ceinture, au Parlement, élus et fonctionnaires s’avouent parfois désarçonnés par certaines dépenses effectuées par leur président. L’ancien écologiste propulsé quatrième personnage de l’Etat en juin 2017 avait-il d'ailleurs besoin d'être parvenu à ce poste de vassal pour se distinguer avec ostentation des "gens qui ne sont rien" ? De l'avis général, l'homme est infect de naissance.  Mais à l’heure où le "nouveau monde" affiche ses exigences de probité, à l’heure où le couple présidentiel s’enorgueillit de régler ses menues dépenses personnelles, les caprices de l'individu interpellent, au-delà des couloirs du Palais Bourbon : la famille Rugy fut ennoblie par Louis XVI quatre ans avant qu'il fut envoyé à l'échafaud, mais celui-ci ne sent pas venir sa fin.

Libre à de Rugy de changer de femme à chaque promotion
Pour son re-mariage à la mairie du 7e arrondissement de Paris, avec la journaliste de Gala, Séverine Serva, ce père de deux enfants a réquisitionné les lambris de Lassay, le 17 décembre 2017. "Il a tout réglé avec son propre argent. Et la réception a eu lieu dans un salon privé de son logement de fonction", se défend son entourage, en présentant les copies des factures et des chèques signés de la main de François Goullet de Rugy pour le prouver. Y compris la location de la salle ? A l’exception des bouteilles de vin "issues de sa réserve personnelle", a-t-on assuré…

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Résultat de recherche d'images pour "raclette party Rugy Assemblee"Le choix du prestigieux hôtel particulier pour abriter ces festivités a toutefois fait l’objet d’un débat interne au sein de son cabinet. "Je n’y étais pas favorable", indique ainsi un de ses collaborateurs.

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Avec une insistance qui force le soupçon, les proches, eux, maintiennent que le maître des lieux aurait eu le souci du moindre denier public, évoquant en guise d’exemple ce billet d’avion qu’il a payé de sa poche à son épouse qui l’a accompagnée au mois de juin en déplacement au Japon, au risque de faire passer la journaliste pour une femme moins libre et indépendante qu'entretenue. "A titre personnel, je m’interroge [sur l’opportunité de payer de sa poche le billet de son épouse], relève un de ses proches collaborateurs. Je ne suis pas sûre que Madame Macron ou Madame Philippe remboursent leurs frais."
Sa première femme, Emmanuelle Bouchaud, a été embauchée en qualité de collaboratrice parlementaire par une députée LREM, ce qui avait suscité une vive polémique. Alors que le père des ses enfants était candidat écologiste à la primaire citoyenne, elle l'avait taclé sur Twitter après une déclaration sur la politique familiale, singulièrement ses propositions relatives à l'égalité homme-femme dans les ménages. : le candidat écologiste avait émis l'idée d'un congé paternel avant la naissance, pour permettre aux pères de se former à la parentalité. Son objectif est, qu'à terme, "il n'y ait pas que la maman qui s'occupe des enfants". Une proposition que François de Rugy n'a visiblement pas suivi dans la vie privée...
Dans Gala, Serva assura : "Passion cordon bleu : Emmanuel Macron adore manger à la cantine"", une contre-vérité notoire.

Raclette party au cabinet. 
Quand le lieu de travail n'est pas un entrepôt, on y mène plus facilement sa vie extra-professionnelle. Et, au cabinet de François de Rugy, on décida d’organiser un dîner festif de fin d’année, qui se déroulerait en l’absence du patron, au mois de décembre. Parallèlement, on fera pourtant pleurer dans les chaumières sur la quantité de travail abattu par les députés et les innombrables heures supplémentaires non payées. Ci-contre, on voit Servat et Rugy passer du bon temps à Roland Garros...

L’un de ses collaborateurs a une idée : raclette party ! Le problème ne réside pas, bizarrement, dans la difficulté de trouver un créneau dans les agendas surchargés, mais dans la cuisine de la présidence qui ne dispose pas des ustensiles requis. Quatre appareils à raclette "multicolores" et trois jeux de huit spatules pour verser le fromage sont donc achetés par la présidence pour un montant total de 200,57 euros. Une somme passée en note de frais et remboursée par l’Assemblée nationale, au titre des frais de fonctionnement ? " C’était assez décalé dans un tel cadre, une raclette ! C’est un repas simple et populaire, ce n’est pas du foie gras", minimise un participant pour qui cet achat représente « un détail". L'essentiel est de s'encanailler sous les ors de la République.

Un vélo pour garder la forme. 
Image associéeLe jeune marié doit assurer. Au titre de ses fonctions, François de Rugy perçoit un salaire de 5.599,80 euros ainsi qu’une indemnité spéciale de 7.267,43 euros bruts, ce qui ne permet pas de faire face aux frais de son entretien physique et de son bien-être : aïkido, barre au sol ou danse contemporaine ainsi qu'un atelier "arts et spectacles" ! 
Outre ces émoluments, le maître du Perchoir dispose d’une résidence de fonction et ses frais de bouche sont pris en charge par la présidence qui dispose de 450.000 euros pour les denrées alimentaires (privées et officielles) dans son budget. Il faut vivre avec ça !

En janvier 2018, pourtant, c’est la facture d’un vélo elliptique que l’élu s’est fait défrayer par l’Assemblée. Montant : 768,99 euros. Raison invoquée par son entourage, visiblement indigné par les questions de la presse: "Les horaires du président de l’Assemblée sont peu compatibles avec la salle de sport. Il a donc fait acheter un elliptique. Mais il rendra le vélo à son départ !" A supposer que son successeur, éventuellement une femme, n'ait pas les mêmes impératifs de ligne, sinon politique, du moins esthétique. Ce perchoir ne supporte pas l'a-peu-près : question de dignité... Située dans les sous-sols de l’Assemblée et ouverte de 8h30 à 19h30, pendant les heures de travail parlementaires, la salle était partagée avec ...Alexandre Benalla qui a expliqué avoir demandé un badge de l’Assemblée pour la fréquenter !

Jamais deux sans trois… chauffeurs. 
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Le cabinet de François de Rugy a soumis une demande pour un chauffeur supplémentaire. Ils ne sont donc plus deux, mais trois à son service. Raison invoquée ? "Les distances pour se rendre à son domicile personnel à Nantes ne sont pas les mêmes que celles de son prédécesseur, Claude Bartolone [élu en Seine-Saint-Denis]", nous indique son entourage, avant d’expliquer qu’une autre option a un temps été envisagée par le président de l’Assemblée. 
"Il a demandé s’il pouvait prendre un taxi" entre Nantes et Paris, relève un de ces proches. Une option écartée, non pas en raison de son coût (entre 655 et 890 euros, tarif de jour), mais "pour des raisons de confidentialité et de sécurité". Le train, lui, n’a pas été évoqué...

1er-Mai : 'Libération' sort une vidéo confirmant l'interventionnisme de Benalla et son acolyte

Feuilletonnage de l'affaire Benalla-Macron

Le journal Libération révèle une vidéo dans laquelle on voit la triade Benalla-Crase-Mizerski participer au service d'ordre trois heures avant les incidents de la place de la Contrescarpe. 

Alexandre Benalla et Vincent Crase, en intervention le 1er mai 2018 dans le Jardin des Plantes, à Paris.

Ce 1er-Mai, Benalla, Crase et Mizerski prennent part à une précédente interpellation, les deux premiers se comportant comme des policiers qu'ils ne sont pas, bien avant la scène désormais fatale de la place de la Contrescarpe.

De nouveaux témoignages, ainsi qu’une vidéo, que révèle ci-dessous Libération, permettent de découvrir que trois heures avant et à un autre endroit de la manifestation, au Jardin des Plantes (Paris Ve), Alexandre Benalla, alors adjoint au chef de cabinet d’Emmanuel Macron et Vincent Crase, salarié du parti présidentiel La République en marche, LREM, sont impliqués dans l’interpellation d’un autre manifestant, sous l'oeil de Philippe Mizerski, commissaire à la direction de l'ordre public et de la circulation. 
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Ce dernier était encore présent sur la place de la Contrescarpe, à Paris : il était chargé d'accompagner Alexandre Benalla au cours de son "observation". On voit Mizerski habillé en civil sur les vidéos. Il n'intervient pas lorsque Alexandre Benalla et Vincent Crase s'en prennent aux deux manifestants. D'après les conclusions de l'IGPN,
il "ne concevait pas de faire la moindre observation à celui qui était, à ses yeux, un personnage de première importance". Benalla, caïd de la bande, est porteur du macaron de l'Elysée. Sa victime, le manifestant appelé Romain, sera finalement arrêté et placé en garde à vue pour "violences contre personnes dépositaires de l’autorité publique avec arme", puis relâché après quarante-huit heures, sans poursuite judiciaire. Quant à la présence de Vincent Crase, elle n’a pour l’instant pas été "justifiée" autrement que par sa proximité avec Benalla.

Des images de cette scène, capturée par le téléphone d’une amie de l’interpellé, ont été supprimées au moment de l’arrestation par un fonctionnaire menaçant. La vidéo a été récupérée sur la carte mémoire du téléphone grâce à un logiciel dédié. Selon nos informations, deux nouvelles plaintes ont été adressées ce jeudi au parquet de Paris, pour «violences volontaires par personnes dépositaires de l’autorité publique en réunion», «usurpation de signes réservés à l’autorité publique aggravé par le fait qu’ils facilitent la commission d’un délit», «usurpation de fonctions», «atteinte à la liberté», «dégradation de biens», et «introduction frauduleuse dans un système de traitement de données». Déposées contre X, ces plaintes ciblent néanmoins Vincent Crase, Alexandre Benalla et le major de la préfecture, Philippe Mizerski, chargé théoriquement de les encadrer.

La séquence est extraite d’une vidéo de six minutes et se termine brusquement au moment de l’interpellation. Elle commence lorsqu'un petit groupe de manifestants est assemblé près de policiers en tenue dans le Jardin des plantes où ils contrôlent et relâchent l’un des manifestants. Une jeune femme de 24 ans, fonctionnaire au ministère de la Justice et militante communiste, dit alors avoir commencé à filmer "parce qu’un policier a bousculé un manifestant". Les forces de l’ordre sont nombreuses, se mettent en ligne et repoussent les quelques militants, contraints de suivre la direction indiquée.

"Les gens essayaient de partir par tous les moyens. Il y avait beaucoup de gaz lacrymogène, on voulait traverser le parc pour partir à l’opposé de la manifestation", raconte aujourd’hui un camarade de 23 ans, étudiant en sciences politiques à l’université Paris-1. Sur la vidéo, la femme dramatise sa prise de vue en déclarant : "Ils nous suivent encore [les policiers]; je n’ose pas éteindre ma caméra". Malgré ses craintes, elle continue de filmer, tandis que la ligne de forces de l’ordre avance dans leur dos. Un policier leur indique une nouvelle fois la direction à suivre pour sortir du Jardin.

C’est alors qu'au détour d'un petit chemin, les manifestants tombent une minute plus tard nez à nez avec Alexandre Benalla, Vincent Crase et le major Mizerski. Noémie filme toujours et commente aujourd’hui : «A ce moment-là, j’ai le téléphone dans la main au niveau de mon torse.»Au premier plan, Vincent Crase, arborant un brassard «police», ordonne aux militants de quitter le Jardin des plantes par une sortie. Juste derrière lui, figurent Benalla et le major Mizerski. La vidéo ne permet pas de voir si Benalla est lui aussi porteur d’un brassard à cet instant. "On vient de nous dire qu’il fallait qu’on sorte rue Buffon", "faut se mettre d’accord", leur lancent les manifestants, pensant être face à des "policiers de la BAC".

Autoritaire, Vincent Crase rétorque : "Vous allez là-bas!". Au même moment, à l’arrière-plan, on entend : "Elle filme, elle filme !" L’un des manifestants répond tout de suite : "Elle a le droit de filmer." Puis les images deviennent floues. La jeune femme hurle, la séquence se coupe. L'étudiant, qui commençait à s’éloigner, réagit : "Je vois que N. est ceinturée d’une façon très violente. Je ne sais pas quoi faire, je vais vers eux, je pose mes bras sur la personne qui ceinture N. et quelqu’un derrière moi me fait une balayette et me menotte." Sous le choc, l'étudiant ne se souvient plus qui le met au sol : "J’avais la face contre le sable, je n’ai pas vu la suite."

La vidéaste poursuit : "Je me suis fait plaquer contre l’arbre le plus proche avec le téléphone dans la main. J’ai les deux bras écartés et mon corps tape l’arbre." En état de choc à ce moment, elle n’est pas en mesure d’identifier la personne qui la plaque. Un peu en retrait, Elias, 22 ans, surveillant dans un lycée parisien et militant communiste lui aussi, assiste à la scène comme témoin. Il dit aujourd’hui se souvenir très bien que "la personne qui saute sur N. avait les cheveux rasés". Une description qui pourrait donc correspondre à Vincent Crase.

La scène se poursuit et, manifestement, l’existence de la vidéo inquiète leurs interlocuteurs. N. se souvient qu’on lui hurle alors distinctement : "Eteins [la vidéo] ! Eteins !" Quelqu’un lui demande ensuite sa carte d’identité, s’éloigne de 10 à 15 mètres, et la regarde longuement. "Je me souviens qu’à côté, un manifestant avait mal, il saignait, mais on m’a dit "regarde ailleurs", raconte N. , encore très choquée. Ce n’est d’ailleurs qu’à ce moment-là que je réalise que R. [son camarade étudiant] aussi est interpellé."

Un dialogue s'engage entre extrémistes de gauche et de droite. 

Celui qui est parti avec la carte d’identité est de retour. Un nouvel échange vif débute : "On n’a pas le droit de manifester en France le 1er mai ?" s’emporte la plaignante. Réponse de son interlocuteur, selon son récit : "Non, t’as qu’à aller au Venezuela ou à Cuba," lance le pseudo-policier. 

La jeune femme, "terrorisée", garde les mains en l’air depuis de longues minutes. Son interlocuteur la menace pour récupérer la vidéo, assure-t-elle : "Donne-moi ton téléphone, sinon on t’embarque." N., hors d’elle : "Vous n’avez pas le droit de faire ça." Selon la militante, l’homme examine alors les photos et les vidéos, et en supprime plusieurs. Puis lui rend l’appareil et ordonne aux jeunes gens de "dégager". "Est-ce que je peux savoir votre numéro de matricule", s’énerve la rebelle qui se fait passer pour craintive. Toujours selon la militante, l’homme répond "007". Le soir, la jeune femme saura comment récupérer la vidéo effacée.

Libération contacte les avocats (à moins que ce soit l'inverse) et les deux plaignants s’indignent. Nadja Diaz, conseil de l'étudiant, condamne "la garde à vue éprouvante de [son] client pour des faits particulièrement graves qu’il n’a pas commis. Il attend que la lumière soit faite sur le rôle joué par ceux, désormais bien connus, qui n’avaient manifestement pas autorité pour intervenir d’une quelconque manière dans son arrestation.

Quant à l’avocat de N.,  à la même adresse et également spécialisé en droit social, maître Grégory Saint Michel pointe la responsabilité directe des autorités : "La préfecture de police, le ministère de l’Intérieur, la présidence de la République savaient que ce jour-là, messieurs Benalla, Crase, et Mizerski avaient commis des exactions. Ont-ils poussé leurs investigations plus loin pour connaître leur folle journée ? Ont-ils préféré se cantonner aux faits dénoncés de la Contrescarpe pour se contenter d’une petite mise à pied, non appliquée au demeurant ?
A l'heure de la publication, Vincent Crase et l’avocat d’Alexandre Benalla, de leur côté, n’ont pas répondu aux sollicitations du journal.,


L'avocat de Benalla critique la nouvelle vidéo dévoilée par "Libération": "On ne voit rien" 

Maître Laurent-Franck Lienard est un avocat de flics : spécialiste du droit des armes et de la défense des forces de l'ordre, il a en effet toujours eu une "très forte vocation policière" depuis qu'il est devenu devenu avocat faute de réussir au concours de commissaire. "Ce n’est plus un avocat de flics, c’est un avocat de faux flics !", telle est la plaisanterie qui lui colle au train de Me Lienard, incontournable allié des poulets, depuis qu'il assure la défense d’Alexandre Benalla, ex-proche d’Emmanuel Macron qui conserve son estime au barbouze.
Comment l’un des meilleurs avocats de flics de France s’est-il retrouvé à représenter le "bodyguard", mis en examen notamment pour "port public et sans droit d’insignes réglementés" ? Avocat des gendarmes ayant interpellé Adama Traoré, avant qu’il ne décède, ou du brigadier-chef, dont un tir de grenade de désencerclement a touché gravement un photographe lors d’une manifestation contre la loi Travail, ce conseil de 52 ans ne voit aucune contradiction, à défendre un "faux flic", pas même un goût amer d’ironie. Et de ressortir les fondamentaux, pour sa défense : "Ce n’est pas parce qu’on défend quelqu’un qu’on endosse la responsabilité de ses actes." Ce n'est pas non plus parce que Benalla tombe, que Macron est entraîné dans sa chute.

Liénard n'est pas de ceux qui découvrent les méthodes de Benalla.
L’avocat établi à Pontoise connaît bien Alexandre Benalla, rencontré par le biais d’amis communs il y a quelques années. "Un mec bien", "un gars brillant", selon lui. La première apparition de Benalla lui avait fait forte impression : "un charisme exceptionnel" ou une "moralité" impressionnante?  : "C’était étonnant à son jeune âge d’être déjà à ce niveau-là." 
En 2016, c’est d’ailleurs Laurent-Franck Lienard qui avait assisté le jeune homme devant le tribunal correctionnel de Nanterre, alors que ce gendre idéal était accusé de violences volontaires datant du 30 août 2015. L'Express fait en effet état d'une plainte déposée à Boulogne-Billancourt, dans les Hauts-de-Seine. Or, Alexandre Benalla a été relaxé de ces poursuites, bien que sa victime ait eu droit à une incapacité totale de travail supérieure à huit jours". Ce franc-maçon conserve donc un casier vierge jusqu'à ce jour.  

Ce qui est aujourd'hui reproché à Benalla ? "Un acte vigoureux, mais pas violent. Alexandre Benalla a fait du tort aux forces de l’ordre, mais il a cru intervenir légitimement", estime le conseil. L’affaire ? "Un non-événement" prenant des proportions "délirantes", raconte Liénard sur tous les plateaux de radio et télévision.

Le positionnement de Liénard interpelle. Côté flic, on trouve "un peu déplacé et confus ce mélange des genres", chuchote un fonctionnaire en uniforme. D'ailleurs, sur sa page Facebook, Lienard a reçu des dizaines de commentaires d’agents mécontents. "Cette affaire a jeté le discrédit sur l’ensemble de la profession. Ce choix surprenant aura peut-être des conséquences sur l’image qu’il a dans nos rangs", convient David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN). Plus cash, Daniel Merchat, ex-commissaire aux RG et avocat de limiers au Barreau de Seine-Saint-Denis, dit : "Benalla est un personnage vilipendé par les forces de l’ordre. Si je prenais ce dossier, je perdrais 90% de mes clients !". D’habitude, Laurent-Franck Lienard plaide pour de vrais flics. "J’ai sauvé des centaines de carrières", se targue Lenard, annonçant fièrement '2.000 affaires' au compteur. 

Sa ligne jaune ? "Je ne défends pas de délinquants, ni de délinquants en uniforme." Pas de vols de portable, pas de passages à tabac. Il y a donc un début à tout... D'autant que, depuis plus de dix ans, Laurent-Franck Lienard est lui aussi réserviste dans la gendarmerie.